Un scandale de corruption présumée secoue l'Argentine depuis une dizaine de jours et menace de fragiliser le gouvernement de Javier Milei, à l'approche des élections législatives d'octobre prochain. Des enregistrements audio compromettants, attribués à l'ancien directeur de l'Agence nationale pour les personnes handicapées (Andis), ont fait les choux gras de la presse et envahi les débats publics. Ils mettent en cause le président Javier Milei, sa sœur Karina et des proches collaborateurs, suscitant indignation et inquiétude. Voici dix points clés pour comprendre cette affaire aux implications politiques majeures : 1- Diffusés le 19 août, les audios attribués à Diego Spagnuolo, ancien directeur d'Andis et ex-avocat de Milei, décrivent un système de pots-de-vin organisé pour surfacturer l'achat de médicaments destinés à des personnes vulnérables. Ces révélations ont immédiatement déclenché une tempête politique et judiciaire. 2- Secrétaire générale de la présidence et bras droit du chef de l'Etat, Karina Milei est accusée d'avoir perçu jusqu'à 3 % des contrats conclus avec la société pharmaceutique Suizo Argentina. Selon les enregistrements, cela représenterait près de 800.000 dollars par mois en pots-de-vin, un chiffre qui choque l'opinion publique. Lire aussi : Scandale de la cryptomonnaie en Argentine : le président Milei reconnait avoir pris « une gifle » 3- Outre Karina, le scandale implique Eduardo « Lule » Menem, conseiller politique et cousin de Martin Menem, président de la Chambre des députés, ainsi que les frères Jonathan et Emmanuel Kovalivker, dirigeants de Suizo Argentina. Ces derniers sont soupçonnés d'avoir été les intermédiaires financiers du système. 4- La justice a ordonné une série de perquisitions dans les bureaux d'Andis et de la société pharmaceutique, dont les dernières ont été réalisées vendredi dernier. Les téléphones des principaux accusés ont été saisis afin de comparer les enregistrements aux communications réelles. 5- L'affaire a pris un tournant spectaculaire lorsqu'Emmanuel Kovalivker a été arrêté avec 266.000 dollars en liquide, répartis dans des enveloppes, alors qu'il tentait de s'échapper. Cette saisie alimente les soupçons d'un vaste réseau de pots-de-vin lié aux marchés publics. 6- Après plusieurs jours de silence, le président Milei a rompu sa réserve en accusant Spagnuolo de mensonge et en annonçant des poursuites contre lui. Milei dénonce une opération politique montée par ses adversaires pour affaiblir son gouvernement à l'approche des scrutins. 7- Le scandale survient à un moment sensible : la province de Buenos Aires, bastion de l'opposition péroniste qui concentre environ 40 % du corps électoral, vote le 7 septembre, et les élections législatives nationales sont prévues le 26 octobre. L'affaire menace de réduire l'avance électorale du parti au pouvoir et d'entamer la crédibilité de son discours anticorruption. 8- Les sondages montrent une forte défiance : 58 % des Argentins tiennent Milei pour responsable et près de 60 % blâment directement sa sœur. Pour 62,5 % des sondés, il s'agit de graves actes de corruption au sommet de l'Etat. Le scandale a déjà commencé à peser sur la popularité du président Milei. 9- C'est la première fois depuis son arrivée au pouvoir que Milei est devancé dans les enquêtes d'opinion par des figures de l'opposition. Cette perte de confiance est d'autant plus préoccupante qu'elle s'ajoute à une conjoncture économique tendue, marquée par une dépréciation de la monnaie nationale et une flambée des taux d'intêret. 10- Au-delà de l'enquête judiciaire, ce scandale met en lumière les contradictions du gouvernement Milei, élu sur la promesse d'assainir l'Etat et de réduire les dépenses publiques. Le fait que l'affaire touche directement des fonds destinés aux personnes handicapées lui confère une dimension symbolique, susceptible d'éroder durablement la légitimité du président Javier Milei.