La Confédération démocratique du travail (CDT) a exprimé un refus catégorique de toute réforme des retraites transférant aux salariés le poids des déficits des caisses, avertissant que de telles mesures mettraient en péril le pouvoir d'achat et les acquis sociaux dans un climat déjà marqué par des tensions sociales. La réforme des retraites continue de susciter une vive opposition syndicale au Maroc. À l'issue de sa réunion des 8 et 9 septembre, la Confédération démocratique du travail (CDT) a dénoncé les propositions de l'exécutif visant à relever l'âge de départ à la retraite et à accroître les cotisations, estimant que ces mesures « feraient supporter aux travailleurs le fardeau des déséquilibres financiers ». « Tout projet tendant à faire supporter aux salariés le poids des déficits des caisses de retraite constitue une ligne rouge », a averti le bureau exécutif, soulignant que de telles révisions compromettraient le pouvoir d'achat et les acquis historiques des travailleurs. Le syndicat s'oppose également à toute modification du Code du travail entraînant, selon lui, un recul des droits sociaux. La CDT appelle le gouvernement à respecter ses engagements issus des accords de dialogue social central et sectoriel, et à appliquer sans délai la Charte de l'institutionnalisation du dialogue. Elle exige en outre l'ouverture de discussions sur le projet de loi de finances 2026. Le climat social, déjà tendu, alimente les inquiétudes. La centrale syndicale dénonce « l'expansion de la corruption, l'exacerbation des inégalités et l'élargissement de la pauvreté, de la précarité et du chômage ». Elle déplore en particulier « la répression méthodique des libertés syndicales et publiques », accusant les autorités de chercher à affaiblir le mouvement ouvrier. Dans ce contexte, la CDT a réaffirmé son soutien aux grèves menées dans l'enseignement supérieur, les cités universitaires et divers secteurs affiliés, appelant à une mobilisation générale pour « contrer les politiques régressives ». Du côté du gouvernement, la réforme apparaît pourtant urgente. Selon un document du ministère des Finances, les réserves de la Caisse marocaine des retraites (CMR), actuellement évaluées à 68 milliards de dirhams, pourraient s'épuiser à l'horizon 2028 – voire 2031 selon les estimations révisées du chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Les réserves du régime privé, de 61 milliards de dirhams, seraient quant à elles vidées d'ici 2038. Une commission nationale pilotée par la ministre de l'Economie Nadia Fettah a récemment arrêté une méthodologie et un calendrier de travail. Les partenaires sociaux et patronaux doivent entamer en octobre un cycle de discussions pour élaborer un schéma global d'unification des régimes et lancer la mise en œuvre de la réforme dès 2026.