Nous sommes le jeudi 30 octobre et c'est une avant journée décisive au Conseil de sécurité des Nations unies, saisi par le dossier du Sahara. Et sur lequel les 15 membres qui le composent doivent voter demain vendredi pour décider de son statut. Un bras de fer est engagé depuis des décennies entre le Maroc et l'Algérie, il prend aujourd'hui une dimension particulière où deux grandes puissances comme on dit, sont également engagées. Il s'agit des Etats-Unis et la Russie. Pour commencer, précisons que le sort de la MINURSO, cette force d'interposition internationale créée en 1991, pour surveiller et préserver le cessez-le feu sera tranché le vendredi par une Résolution pertinente qui mettra fin aussi dans quelques mois à sa mission au Sahara. De l'autre côté, le Conseil est saisi par une proposition de paix américaine que l'Algérie rejette catégoriquement. Elle n'en démord pas et sa propagande contre le Maroc n'arrête pas. Mobilisant ses relais médiatiques à tout va, l'Algérie s'attaque aussi aux Emirats arabes unis et à Israël qu'elle accuse de complicité. Il reste que lassée de voir ce conflit s'éterniser, Washington veut imposer un accord de paix global, soulignant sa volonté de dépasser le cadre du Sahara pour favoriser une négociation directe et déterminée entre les deux antagonistes principaux que sont le Maroc et l'Algérie. Cette position est d'autant plus significative qu'elle écarte d'emblée le polisario sur lequel le gouvernement algérien et sa propagande ne cessent de jouer. Aux yeux de Washington, il n'y a donc que deux protagonistes. L'Algérie et le Maroc, et le conflit doit se résoudre entre ces deux acteurs. Lire aussi : A Tindouf, séquestrés et non « réfugiés », venus de partout sauf du Sahara, Alger refuse leur recensement et les utilise comme un chantage On nous dit, dans le flot des informations foisonnantes et contradictoires, que finalement le gouvernement algérien, je veux dire le Président Abdelmajid Tebboune s'est déclaré prêt à accepter le projet d'autonomie élargie au Sahara proposé par le Maroc en avril 2007. Cette information, lancée hier mercredi 29 octobre dans les couloirs des Nations unies sonne comme un tonnerre. A vrai dire, in extremis, jouant le chaud et le froid, l'Algérie a demandé et obtenu hier une réunion du Conseil de sécurité pour , d'abord exiger quelques modifications au texte de la Résolution , ensuite pour confirmer qu'elle ne prendra pas part au vote des membres du Conseil de sécurité dont elle fait également partie encore pour quelques jours. Or, ce qu'on appelle la feuille bleue , qui comporte la dernière mouture , définitive, du texte de la Résolution et rédigée par les Etats Unis, est donc restée conservée et n'a subi aucune modification, nous donnant à croire que la proposition américaine, favorable à bien des égards, est demeurée intacte. Son texte est clair et sans détour. Les Etats Unis défendent un statut d'autonomie au Sahara sous la souveraineté marocaine, ni plus ni moins. Cette position est combattue par l'Algérie et son rejeton le polisario, sa créature aussi qui restent fermement attachée au principe de l'autodétermination et du référendum, et qui répond selon eux au droit international. En face ou en parallèle, on a dit, il y a la Russie dont la position est déterminante. Et qui pèse de tout son poids. On saura demain le 31 octobre comment se comportera son délégué au Conseil de sécurité. Comme on l'a signalé, la Russie est capable de bloquer ou de faciliter l'adoption la Résolution proposée par les Etats Unis, dans le sillage des autres membres permanents du Conseil de sécurité que sont la France, la Grande Bretagne favorables au projet américain. On reste attaché à cette déclaration officielle de la Russie selon laquelle elle soutiendrait, je cite toute « option acceptable pour et par toutes les parties » à condition qu'elle figure dans le texte de la Résolution de l'ONU. Une formule diplomatique aussi claire qu'ambiguë... La réserve de la Russie n'est donc pas un rejet du projet américain, elle n'est pas non plus une adhésion entière. Mais on espère cependant que la Russie ne bloquera pas le vote avec son droit de véto qu'elle détient en sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité. Au mieux, ce qui arrangera d'ailleurs le Maroc, elle s'abstiendra si le texte de la Résolution lui semblera , trop favorable – je dis trop favorable au Maroc... » Dans ce cas, même ce choix d'abstention de la Russie pourrait indiquer pour nous qu'elle soutient indirectement la Résolution américaine. On précise aussi que la Russie espère, par cette position neutre, obtenir des concessions ailleurs. On imagine dans ce cas que le Maroc lui en a déjà promises, lors des rencontres récentes de Nasser Bourita avec son homologue russe, Serguei Lavrov. N'oublions pas que le Maroc lui a apporté un soutien clair et net dans le conflit de l'Ukraine, position que Moscou a louée grandement et qu'elle n'oublie pas. En définitive, l'issue du vote du vendredi 31 octobre dépend de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, puissance influente aussi. Saurait-elle raison garder et s'inscrire dans une nouvelle dynamique , et écrire une nouvelle page de l'Histoire ?