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Au-delà de l'humiliation de Belmokhtar par Benkirane, par Taoufiq Bouachrine
Publié dans PanoraPost le 05 - 12 - 2015

Abdelilah Benkirane a sérieusement bousculé son ministre de l'éducation nationale… Benkirane a humilié Belmokhtar… Benkirane a pris de haut son ministre et lui a vertement reproché, publiquement, sa décision de franciser quelques matières du secondaire… Benkirane fait peu de cas de la fameuse solidarité gouvernementale, et a accablé un de ses ministres devant (tout) le monde… Benkirane a dévoilé ce qui était jusque-là un non-dit et a ainsi exprimé son désaccord avec l'un des principaux ministres technocrates de son cabinet…
C'étaient là quelques-uns des titres qui ont barré des Unes de journaux et des pages d'accueil de sites électroniques cette semaine, en plus de très nombreux commentaires sur les réseaux sociaux. Chacun a eu sa façon de lire et d'analyser ce qui s'est passé ce mardi à la Chambre des conseillers lors de la séance mensuelle de questions posées au chef du gouvernement.
La plupart des intervenants ont relevé la très forte gêne du vénérable Belmokhtar face à l'invective de Benkirane, mais ils n'ont pas remarqué une phrase de ce dernier, encore plus importante que tout ce qu'il a dit. Rembobinons donc cette adresse du chef du gouvernement et analysons chaque phrase prononcée par lui en ce moment politique si sensible et encore plus délicat.
« Tu as allumé le feu en francisant certaines matières enseignées. Or, c'est le chef du gouvernement qui en décide et qui évalue ces choses et c'est pour cela que sa Majesté le roi, le jour où il a décidé de désigner un chef du gouvernement, n'a pas choisi Belmokhtar mais Benkirane »…, puis il ajouté cette précision : « Tu ne m'as pas consulté en émettant cette circulaire, et c'est pour cette raison que je t'ai adressé un courrier t'y demandant de reporter ta décision une année encore pour qu'on prenne le temps d'y réfléchir ».
Ce que n'ont pas remarqué les commentateurs, qui se sont arrêtés à la rudesse du propos du chef du gouvernement, est ce passage : « Tu ne m'as pas consulté en décidant de passer à la langue française pour certaines disciplines ». Benkirane a tenu cela comme un dépassement de son autorité car il aurait appartenu au ministre qui gère le budget gouvernemental le plus important de venir en conseil de gouvernement et d'y soumettre son idée controversée devant tout le monde, chef du gouvernement et ministres réunis. La mesure comporte en effet deux aspects, l'un technique et l'autre politique.
Aussi, pour que le gouvernement, avec ses quatre partis, prenne position, il aurait fallu qu'il soit associé à la décision sur cette question. C'est pour cela que Benkirane a lancé à Belmokhtar : « Tu as failli mettre le feu »… ce feu que le technocrate ne voit pas car il s'attelle uniquement à ses décisions techniques sans mesurer leur impact sur la rue qui, même si elle est conciliante et calme, aime qu'on aille petit à petit, qu'on lui explique et qu'on la convainque de certains choses, et non qu'on marche à contresens de ce qu'elle souhaite, ou souhaiterait.
Ce passage de l'adresse de Benkirane est un point important, un cas d'école qui doit être enseigné aux étudiants en science politique quant à la relation entre le technocrate et le politique, quant aussi au mode de prise de décision dans la politique marocaine et aussi concernant la façon dont doit se comporter un technocrate au sein d'un gouvernement politique. En effet, les ministres technocratiques considèrent leurs départements comme des « îlots » maintenus à l'écart de l'ensemble, estimant leur légitimité à l'aune de ceux qui les ont nommés et qui sont les seuls à pouvoir leur demander des comptes.
Pour ces ministres technocrates, la coalition gouvernementale n'a pour seule tâche que de leur procurer la majorité dans les deux Chambres du parlement, de leur assurer les moyens de mener leur politique sans leur demander ensuite des comptes. Ils se voient comme des missi dominici, désignés à leurs fonctions pour « sauver » des secteurs déterminés stratégiques des calculs politiques et politiciens, des équilibres électoraux et électoralistes de personnels politiques qui agissent plutôt dans l'improvisation. Ces ministres estiment qu'ils sont là pour garantir la bonne marche de secteurs sensibles comme les affaires islamiques, l'intérieur, l'agriculture, le secrétariat général du gouvernement…
C'est ainsi que pense le technocrate, convaincu que l'expérience domine la politique et la prédomine et que sa posture le libère de l'onction et de la légitimité populaires si nécessaires à l'exercice du pouvoir en systèmes démocratiques. Le technocrate emprunte un raccourci pour arriver – et atterrir – en politique, et le pouvoir le tient pour un choix à faible coût et comme un instrument, et alors naît entre les deux un mariage de raison.
Et ainsi donc, ceux qui reprochent au chef du gouvernement son propos rugueux à l'égard du ministre de l'éducation, qui ont dit qu'il y a deux gouvernements au Maroc, ne font pas tellement fausse route… Il n'existe en effet pas un gouvernement au Maroc mais plusieurs, en dépit du fait que la constitution n'en reconnaît qu'un seul et que le parlement ne demande des comptes qu'à un seul…
L'équipe gouvernementale ne joue pas sur une partition unique et Benkirane a toutes les peines du monde à jouer au maestro qui raccorde tous les instruments. C'est pour cela qu'il se départit de son calme quand la symphonie d'ensemble grince et qu'il s'énerve quand les autres ne le suivent pas comme il le voudrait.
Mais est-il responsable de ce qui arrive ? Oui, en partie, car il a choisi, dès le premier jour de son mandat, de conduire son équipe une fois dans le cadre de la constitution et une autre fois en dehors… une fois selon la méthodologie démocratique et une autre fois en fonction d'une logique traditionnelle et coutumière.
Benkirane assume la responsabilité d'avoir l'obsession de normaliser ses relations avec l'Etat au lieu de mener ce même Etat à normaliser les siennes avec la démocratie…
Mais d'autres ont aussi la responsabilité de défendre l'option démocratique qui est devenue un des fondements irréversibles de l'Etat marocain. Rappelons à cet effet l'article 1, alinéa 2, de la constitution du Maroc : « La nation s'appuie dans sa vie collective sur des constantes fédératrices, en l'occurrence la religion musulmane modérée, l'unité nationale aux affluents multiples, la monarchie constitutionnelle et le choix démocratique »… et voici ce que dit l'article 2, qui explique les sources de pouvoir et la légitimité du gouvernement : « La souveraineté appartient à la nation qui l'exerce directement par voie de référendum et indirectement par l'intermédiaire de ses représentants. La nation choisit ses représentants au sein des institutions élues par voie de suffrages libres, sincères et réguliers ».
Et donc, le cas Belmokhtar et, avant, celui de l'article 30 d'Akhannouch, et d'autres encore, nous indiquent ce mode de gestion du pouvoir au Maroc en dehors et en parallèle de la constitution. Cela ne crée pas uniquement des altercations verbales et des dissensions politiques entre ministres, ce qui serait acceptable. Non, de tels modes de fonctionnement font rater au Maroc de grandes occasions de corriger les dysfonctionnements que connaît la scène politique, écornant la confiance dans le processus démocratique et nous faisant faire du surplace, avec un pas en avant et un autre en arrière.
Nous restons donc à notre place, et cela n'honore pas les Marocains car nous sommes classés au 129ème rang en matière de développement humain, un critère que les Nations-Unies tiennent pour très important pour déterminer les degrés de développement et de progrès des pays dans le monde.


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