Si le Ramadan risque une nouvelle fois d'en coûter cher aux inconditionnels de l'identité nationale française, il risque aussi et surtout de rapporter gros aux chaines de distribution de l'hexagone. 350 millions d'euros pour être précis. Ce chiffre, révélé par le cabinet de marketing Solis dans le cadre de sa dernière étude prospective, fait évidemment saliver les hypermarchés qui n'ont pas attendu le début du mois sacré pour passer à l'offensive. Un sacré business ! Le Ramadan, qui débutera vendredi ou samedi prochain, devrait rapporter quelques 350 millions d'euros de chiffres d'affaires aux hypermarchés et marques alimentaires françaises. C'est ce que rapporte une étude prospective du cabinet Solis portant sur les dépenses des ménages musulmans durant le mois sacré en France. «Ces dépenses concerneront pour l'essentiel les achats de viande, produits d'épicerie, produits laitiers, produits frais et les boissons» renseigne l'étude. Ainsi, en plus des achats de viande qui pèsent fortement dans leur budget, les ménages musulmans devraient voir leur ticket de caisse rallongé de quelques centimètres par l'ajout de produits inédits à leur panier de consommation. A commencer par les produits saisonniers «typique» du Ramadan tels que les feuilles de brick, les dattes, le lait fermenté ou encore les soupes traditionnelles du Maghreb (harira et chorba). Plus usuels, les produits frais (type sodas, colas, boissons fruitées), le couscous en graines et la charcuterie halal, devraient eux-aussi venir alourdir la facture des ménages à leur passage en caisse. Enfin, bien que moins typique mais plus dans l'air du temps, les plats cuisinés, chocolats en barres et autres céréales devraient également connaitre un pic de consommation sensible durant le mois sacré. Campagne télé d'une marque halal : une première ! Face à cette frénésie consumériste, les chaines d'hypermarché, qui flairent l'aubaine, ne restent évidemment pas de marbre et mettent le paquet pour séduire leur clientèle. Ainsi, le leader français de la charcuterie halal, Isla Délice, s'apprête à lancer dès la semaine prochaine une grande campagne de publicité sur les chaînes nationales à l'heure des journaux télévisés – une première ! L'objectif de la démarche est de «souhaiter un bon ramadan à nos clients», commente Jean-Daniel Hertzog, P-DG de la marque à la croissance galopante (+ 8 à 10% en moyenne par an). «Il est important pour nous, en termes d'image, d'être présent à cette période» rajoute-t-il. M. Hertzog parle en connaissance de cause. Il sait que le halal est un marché à très fort potentiel – en particulier au cours de ce mois sacré (82 % des 6 millions de musulmans que compte la France déclare jeûner tout ou partie du Ramadan) – mais qu'il faut désormais se le disputer avec une concurrence féroce. En témoigne le cas de la chaine d'hypermarchés Casino qui, pour diversifier sa gamme de produits, a lancé sa propre marque de distributeurs halal : Wassila. Avec 22 supermarchés ouverts depuis janvier dernier, le groupe a mené une campagne très offensive qui lui a permis d'inaugurer 23 nouvelles références de produits certifiés halal. «Nous nous adaptons à la demande de nos clients, qui privilégient de plus en plus le 'snacking'», explique l'enseigne. Cette modification du mode de consommation est en partie liée au fait que les clients qui fréquente la chaine sont «plus jeunes» plus «actifs et urbains» «et qu'ils s'approvisionnent de plus en plus dans les hypers, qui sont proches de leur habitat» commente Abbas Bendali, directeur de Solis. Ces derniers sont par essence davantage séduits par les plats cuisinés, les croque-monsieur, les Pasta Box et les pizzas halal, que par les produits élaborés à la maison. Comme le souligne l'étude du cabinet, pour les 18-34 ans, «plaisir de consommer» et «respect des traditions» doivent nécessairement s'allier à la «praticité».
