L'affaire opposant le Fonds d'investissement libyens (LIA) et la banque américaine Goldman Sachs revient sur le devant de la scène. Le fonds souverain libyen réclame 1 milliard de dollars à GS, qu'il a accusée lundi, lors d'une audience préliminaire devant un tribunal londonien, d'avoir abusé de ses responsables inexpérimentés. Ces derniers ont bénéficié d'un séjour de luxe et des semaines de joie au Maroc aux frais de GS afin de conclure, en retour, des contrats sur des produits dérivés avec la banque américaine et ce, à travers un ex-responsable marocain de GS. Le Maroc est l'une des destinations préférées du fonds d'investissements libyens (Libyan Investment Authority). En 2009 et 2010, le royaume a été le terrain de jeu du Fonds d'investissement libyen dans une transaction sur plusieurs produits dérivés. Plusieurs responsables libyens de LIA ont en effet bénéficié de séjours de luxe au Maroc, durant lesquels ils ont participé à des soirées arrosées avec des filles de joie aux frais de la banque américaine Goldman Sachs et ce, à travers un ancien responsable marocain de GS, Youssef Kabbaj. Lundi, rapporte la presse britannique, ces responsables se sont présentés devant un tribunal londonien. Ils accusent GS d'avoir abusé à l'époque de l'inexpérience des responsables de LIA pour conclure un marché d'1,2 milliard de dollars et empocher 350 millions de dollars sur leur dos. Youssef Kabbaj aurait payé, aux frais de GS, des soirées de luxe aux émissaires du LIA afin de conclure des contrats sur l'achat de produits dérivés complexes, dont les acquéreurs n'avaient aucune connaissance. De l'alcool, des filles de joie au Maroc aux frais de Goldman Sachs Seulement, cet investissement des libyens n'a pas produit l'effet escompté. Les produits dérivés ont perdu par la suite plus de 98% de leur valeur avec la crise boursière de 2008. Pourtant, contrairement à LIA, Goldman Sachs s'en est tirée avec un bénéfice de 350 millions de dollars. Dans une déclaration à l'issue de la première audience dans un Tribunal londonien lundi, Catherine McDougall, ancien avocat du Cabinet Allen de Londres, a déclaré qu'elle avait été «choquée» par la proximité entre les employés de Goldman Sachs et les responsables de Libyan Investment Authority. Plusieurs responsables de LIA, témoins de l'affaire, ont en effet précisé, au cours de cette audience, que la transaction avait été tout sauf normale. McDougall a aussi évoqué les détails des rendez-vous mondains dans le royaume. «Ils m'ont parlé de leur voyage somptueux au Maroc et qu'il y avait de l'alcool et filles de joie et que le séjour a été payé par Youssef Kabbaj (ancien employé marocain de Goldman Sachs), la plupart du temps avec sa carte de crédit d'entreprise de Goldman», a expliqué McDougall citée par TheTelegraph. «Ils m'ont aussi dit comment M. Kabbaj leur faisait sortir à Londres pour passer des nuits chères, encore une fois payées sur sa carte de crédit de Goldman Sachs. Je pensais que le niveau de proximité que M. Kabbaj avait construit avec l'équipe (de LIA) semblait inapproprié et que la limite entre l'amitié et la durée des relations commerciales avait été clairement floue». L'examen de l'affaire attendu pour 2015 Cependant, le superviseur de la procédure, Justice Rose, n'a pas jugé l'hospitalité offerte aux fonctionnaires de LIA comme «une preuve d'une relation inapproprié». Elle pense que cette action n'est qu'«une illustration de la proximité de la relation» entre le Marocain Kabbaj et les responsables libyens. Néanmoins, l'épilogue de cette affaire n'est pas pour tout de suite, l'examen au Tribunal de Londres étant attendu en 2015. Pour le moment, Youssef Kabbaj, ne s'est pas encore prononcé. Mais cet ancien responsable de la banque GS au Moyen Orient et en Afrique du Nord ainsi que le maroco-autrichien Driss Ben-Brahim, chef de la division marché émergents, avaient été dans le collimateur des responsables libyens, qui les accusaient d'avoir été les pions centraux de Goldman Sachs dans cette affaire. La banque elle, avait nié toutes ces accusations.