Le ton monte de Djakarta à Gaza en passant par Le Caire pour dénoncer «une ignorance de l'islam» et réclamer des excuses de la part de Benoît XVI. « Indignation » : tel est le sentiment exprimé par une partie du monde musulman, cinq jours après les propos de Benoît XVI sur la « septième controverse » et le lien implicite établi entre islam et violence en évoquant le djihad (la guerre sainte). Dernières protestations en date, celles de Téhéran. « L'expression du pape contredit sa propre gouvernance d'une religion divine. La promotion de croyances incorrectes (sur l'Islam) est considérée comme une grave erreur », a souligné le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Ali Hosseini. A l'unisson, la plus haute autorité de l'islam sunnite, le cheikh d'al-Azahr, cheikh Mohammed Sayyed Tantaoui n'a pas caché sa désapprobation. Ces propos «traduisent une ignorance claire de l'islam» et lui attribuent «des choses qui n'ont rien à voir avec cette religion», a-t-il dénoncé, convoquant « une réunion urgente des membres du Conseil des recherches islamiques, pour rédiger un communiqué réfutant les mensonges (que contiennent les propos du pape)». Le Parlement égyptien a également appelé pour sa part Benoît XVI à «présenter des excuses». Se démarquant du pape, l'église copte égyptienne a dénoncé «toute atteinte aux symboles musulmans». A Naplouse, en Cisjordanie, des cocktails Molotov ont été lancés contre deux églises, l'une catholique, l'autre orthodoxe, sans faire ni victime ni dégât. Merkel à la rescousse Même colère exprimée par la Malaisie, pays à majorité musulmane. «Le pape ne doit pas prendre à la légère le scandale qu'il a provoqué», a mis en garde le premier ministre Abdullah Ahmad Badawi, par ailleurs président de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), plus grand regroupement de pays musulmans. En Afghanistan, les talibans ont fait savoir qu'ils voulaient «aussi que le pape s'excuse auprès de la nation musulmane», imputant les propos de Benoît XVI à «la croisade que l'Occident, principalement l'Amérique et (le président George W.) Bush, mène contre l'islam et les musulmans». Un des cadres de la Muhammadiyah, la deuxième plus importante organisation islamique d'Indonésie, a toutefois appelé les musulmans à garder leur calme. «Gardons la tête froide et d'abord étudions de près ce qu'il a dit et le contexte complet dans lequel il l'a dit», a-t-il insisté. «Il est inapproprié qu'une telle déclaration vienne du pape», a pour sa part affirmé Ma'ruf Amin, qui préside le Conseil des oulémas, la plus haute autorité musulmane du pays, qui a l'intention d'adresser une lettre de protestation au Vatican. Jusque dans la presse américaine, les propos du pape ont été critiqués : le New York Times les a qualifié de «tragiques et dangereux». Dans un effort pour contrer la vague, le nouveau ministre des Affaires étrangères du Vatican, Mgr Dominique Mamberti, a assuré que le dialogue entre les religions est «une question cruciale». La chancelière allemande et compatriote du pape, Angela Merkel, a également pris la défense de Benoît XVI. «Celui qui critique le pape méconnaît l'intention de son discours qui était d'inviter au dialogue entre les religions», a affirmé la chancelière, pourtant protestante, au quotidien Bild.
