Conclu en juillet 2005, l'accord de pêche entre l'Europe et le Maroc était supposé entrer en vigueur le 1er mars 2006. Il a traversé, au début de cette année, une zone de turbulence. De rebondissements en reports, il pourrait enfin démarrer le 1er juin, avec le retour dans les eaux marocaines de 119 navires européens, majoritairement espagnols, mais aussi portugais et français. L'accord prévoit également un quota annuel de 60 000 tonnes pour la pêche industrielle, réparti principalement entre des navires d'Europe du Nord, notamment des Pays-Bas, de Lituanie, de Lettonie et d'Allemagne. La compensation financière à verser par les Européens est légèrement revue à la hausse et passe de 144 à 163 millions d'euros pour la période 2006-2010. Reste encore à connaître l'avis du Parlement européen qui se prononcera en séance plénière le 16 mai. Si le vote est positif, les ministres européens de la Pêche pourront alors définitivement adopter le texte de l'accord. Les derniers obstacles semblent avoir été levés depuis que la commission de la Pêche du Parlement européen a désamorcé la polémique politique qui avait surgi ces derniers mois. Certains eurodéputés se sont inquiétés, en effet, de l'inclusion des eaux côtières du Sahara occidental dans la zone couverte par l'accord. Estimant que l'Europe risquait ainsi de se mettre en infraction avec le droit international et les Nations unies. Pour leur part, les services juridiques compétents des institutions européennes ont jugé l'accord tout à fait légal, à condition qu'une partie de la contribution financière versée par l'Europe soit destinée au bien-être des populations locales du Sahara. Bruxelles devra veiller à ce que Rabat respecte cette obligation. Des eurodéputés, notamment du parti des Verts, n'en avaient pas moins déposé des amendements visant à interdire aux navires européens de pêcher au large du Sahara. Ces amendements ont été rejetés la semaine dernière. Pour une majorité de parlementaires et pour la Commission de Bruxelles, un accord de pêche n'est pas le cadre indiqué pour résoudre le problème politique du Sahara occidental, qui n'a toujours pas trouvé de solution depuis trente ans.