Le gouvernement colombien a diffusé des images vidéo récentes montrant Ingrid Betancourt en vie, une preuve saluée par Nicolas Sarkozy comme un encouragement à redoubler d'efforts pour obtenir la libération de l'otage franco-colombienne aux mains des guérilleros des Farc depuis février 2002. Cinq vidéos, dont certaines datent de fin octobre, ont été saisies lors de la capture à Bogota de trois membres présumés des milices urbaines des Forces armées révolutionnaires de Colombie, a déclaré à la presse Luis Carlos Restrepo, haut commissaire colombien pour la paix. C'est la première preuve de vie d'Ingrid Betancourt depuis quatre ans et demi. Dans cette vidéo datée du 24 octobre, la jeune femme apparaît affaiblie et amaigrie. Elle est assise sur un siège en bois, dans la jungle, tête baissée, une main enchaînée. Elle ne parle pas. Dans les autres vidéos apparaissent notamment trois Américains capturés en février 2003 par la guérilla, Thomas Howes, Marc Gonsalves et Keith Stansell, alors qu'ils menaient une opération anti-drogue. Elles montreraient également des militaires colombiens détenus par les Farc. Selon Luis Carlos Restrepo, des lettres et des photos des otages ont également été retrouvées. Ingrid Betancourt, candidate à l'élection présidentielle colombienne sous la bannière écologiste, avait été enlevée en février 2002 par la guérilla avec sa directrice de campagne, Clara Rojas. "C'est une image triste de ma soeur, mais elle est vivante", a déclaré sur LCI la soeur d'Ingrid Betancourt, Astrid. "Ce qui prouve bien que les Farc étaient en train de réunir ces preuves et de les acheminer pour les donner au président (vénézuélien Hugo) Chavez", a-t-elle dit. "IL Y A URGENCE" Alvaro Uribe a mis fin brutalement le 22 novembre à la médiation d'Hugo Chavez, l'accusant d'avoir outrepassé son mandat. Le Venezuela a depuis lors rompu ses relations diplomatiques avec la Colombie. "On la voit fatiguée, fatiguée, et il y a urgence. Je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il y a vraiment urgence", a déclaré sur i-Télé l'ex-époux d'Ingrid Betancourt, Fabrice Delloye. "Je compte sur le président Sarkozy pour vraiment remuer ciel et terre, pour que l'on puisse arriver à faire comprendre à la Colombie qu'il y a plus qu'urgence et que tout le monde sortira grandi par une solution humanitaire qui pourra permettre que les otages reviennent à la vie, à la vraie vie", a-t-il dit. Nicolas Sarkozy a souligné que ces preuves de vie encourageaient la France à "redoubler d'efforts" pour obtenir la libération d'Ingrid Betancourt. "On ne laissera jamais tomber Ingrid Betancourt. Maintenant, on sait qu'elle est vivante, maintenant il faut se battre avec acharnement pour obtenir sa libération et la fin de ce calvaire dans les plus brefs délais", a déclaré le président français à son arrivée à Nice pour le 26e sommet franco-italien. Le chef de l'Etat devait s'entretenir "dans les heures qui viennent" avec Alvaro Uribe. Le Premier ministre, François Fillon, évoquera le sort de l'otage lors de son déplacement en Argentine en fin de semaine prochaine, à l'occasion de l'investiture de Cristina Kirchner. De nombreux chefs d'Etat de la région seront présents à la cérémonie, dont les présidents colombien et vénézuélien. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a indiqué que la France allait examiner "avec attention" les preuves de vie d'Ingrid Betancourt. "Cette preuve de vie est la preuve de l'efficacité de la médiation d'Hugo Chavez et de (la sénatrice colombienne) Piedad Cordoba. Indéniablement, leurs efforts ont été payants et couronnés de succès. Nous espérons donc que leur travail pourra reprendre", déclare dans un communiqué le comité de soutien à Ingrid Betancourt, qui rappelle que la jeune femme est détenue depuis 2106 jours ce vendredi.