Pour voter, il faut tout d'abord s'inscrire dans les listes électorales. Et pour barrer la route aux dépravants et aux marchands de voix, qui exploitent l'ignorance des uns et la pauvreté des autres, il faut impérativement voter… et massivement, quitte à mettre un bulletin nul dans l'urne. Ce sont donc deux conditions sine qua none pour contribuer au changement et concrétiser le contenu de la nouvelle Constitution, validée par l'écrasante majorité du peuple marocain le 1er juillet 2011. L'enjeu est donc de taille. Lors des deux dernières échéances électorales, pour ne citer que les rendez-vous électoraux du nouveau règne, seul le tiers des électeurs faisait le déplacement aux urnes. Les deux autres tiers s'abstenaient. Chose qu'exploitaient les fraudeurs des élections en manipulant les fichiers comme bon leur semblait. Par exemple, dans une circonscription de 120.000 inscrits, seuls 40.000 électeurs décidaient du sort des sièges impartis à cette circonscription. Au fil des années, des scrutins, ce fichier a fini par suivre le fil des manœuvres, des manipulations et des agissements frauduleux des «faux-monnayeurs» et des marchands de voix. A tel point que des circonscriptions sont taillées sur mesure de certains candidats qui excellent dans cet art de la dépravation. Des circonscriptions figées où passaient haut la main ces candidats sans scrupules. A qui incombe la faute ? Une part de responsabilité est à mettre, certes, à l'actif de toutes les parties ayant été, d'une manière ou d'une autre, à l'origine de la prolifération de ce fléau qui a fini par dénaturer le processus électoral et ternir l'image des institutions du pays. Mais, l'autre partie de responsabilité, la plus grande peut être, est assumée par ces deux tiers d'électeurs qui ne partent pas aux urnes pour voter. Car, selon plusieurs observateurs, leur vote fera pencher la balance en faveur de la démocratie, de la transparence et des principes de l'Etat de droit, quelles que soient les pratiques des dépravants. Les clés du changement et de la bonne santé de l'édifice démocratique du pays sont entre les mains de cette majorité silencieuse. Il faut alors qu'elle se réveille avant qu'il ne soit trop tard.