Il y a presqu'une année lunaire; El Hossein El Ouardi, ministre de la santé et membre du Bureau Politique du Parti du Progrès et du Socialisme, avait animé des rencontres populaires sur la problématique de la santé au Maroc. Le jour, il vaquait à sa fonction de ministre et le soir, après la rupture du jeûne, il animait un débat avec un langage franc, clair et direct. Entre les deux, il rendait visite aux établissements sanitaires et faisait part, dans son intervention, des dysfonctionnements et des insuffisances observés. Cela dura un mois pendant lequel s'ajoutaient au diagnostic du secteur de la santé et aux propositions de réformes envisagées par le ministre, les doléances de compatriotes venant exposer des situations médicales alarmantes. Cette activité n'apporta pas au ministre que des félicitations, elle fût aussi l'occasion de moments parfois très difficiles qui furent dépassés sans remous. Depuis lors, il n'y a pas eu un jour où les problèmes de la santé dans notre pays ne soient pas abordés par les médias, les parlementaires, les professionnels, les syndicats, les jeunes en formation, les moins jeunes qui s'approchent de la retraite; enfin par tout le monde avec une tendance manifeste à rendre El Ouardi responsable, aussi bien de la panne d'un appareil en pays amazighe que de la morsure d'un scorpion à Sidi Mokhtar ou de l'accouchement, dans des conditions particulières, d'une parturiente. Menacé par des lâches, il fut traité de menteur et d'hypocrite dans des meetings politiques où pourtant la couleur des banderoles tire son origine de son nom. Et quand El Ouardi propose, les opposants, toutes catégories confondues et sans aucune vergogne, ne cessent de vouloir démontrer les défaillances d'un système de santé que le ministre lui-même expose. Il reste l'important, c'est que l'action réformatrice a été initiée et entamée pour qu'elle soit consolidée par la tenue de la deuxième conférence nationale sur la santé. Dans un livre blanc explicitant la nécessité d'une nouvelle gouvernance du secteur de la santé; il est rappelé, par le Ministère de la Santé, que « les appels à la réforme dérivent de changements profonds dans le profil des besoins en santé et dans celui des attentes vis-à-vis du système de santé, ainsi que des insuffisances manifestes du modèle du système en place.». Le droit à la santé inscrit dans la constitution de 2011 induit le dépassement « des inégalités dans l'accès aux soins et des ressources limitées à y consacrer. Cela se traduit partout (au Maroc et ailleurs) d'une façon ou d'une autre en pénurie de personnels ; en files d'attente pour l'accès aux soins et aux technologies de pointe ; en sous-valorisation des soins de santé primaires. Les débats sont récurrents sur la privatisation, la qualité des soins, le coût et l'accès aux médicaments et aux technologies, les soins donnés aux personnes vulnérables et de façon générale, sur la viabilité économique du secteur santé.». La méthode de l'urgentiste devenu ministre est claire: «Pour cela il faut que l'Etat opère d'une façon différente que dans le passé: ni laissez-faire, ni vouloir tout-faire.». Au cours des travaux de la deuxième conférence nationale sur la santé, cinq thématiques devaient être discutées pour établir la nouvelle gouvernance du secteur. Il s'agit de la généralisation de la couverture médicale (AMO, RAMED), de l'efficience des systèmes de financement et de la gouvernance dans le secteur de la santé, de l'égalité d'accès aux soins médicaux, de la qualification des professionnels de la santé, des nouveaux défis de la santé publique face aux nouvelles causes de morbidité ainsi que de la sécurité médicale. A l'issue de ces assises, un projet de charte nationale sur la santé devrait être présenté. Sa finalisation par les instances gouvernementales le fera aboutir au Parlement où le débat montrera alors la contribution de chaque parti pour améliorer la santé des Marocaines et des Marocains ainsi que la diligence qu'il sera apporté pour dépasser les dysfonctionnements du système actuel. D'ici là, et quelque soient les variations du temps politique, il est certain que le Professeur El Ouardi, patriote, responsable et militant sera toujours au service de ses compatriotes d'une manière ou d'une autre.