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Politique vaccinale : Plaidoyer pour le remboursement à 100 % des vaccins
Publié dans Albayane le 02 - 04 - 2012

Se faire vacciner est un droit universel et la vaccination d'une population est du ressort de la santé publique pour éviter les grandes maladies infectieuses. Le Maroc est l'un des rares pays à avoir mis en place une politique cohérente, sensée et très courageuse en matière d'immunisation de sa population contre les maladies cibles depuis le début de 20ème siècle.
La sollicitude royale à cet égard a toujours été constante, ce qui a permis de mener à bien toutes les actions et de réaliser tous les objectifs que s'est assigné le programme national d'immunisation au Maroc.
Tout en reconnaissant les grands acquis de cette politique éclairée, il faut souligner que la vaccination gratuite de toute la population engendre des coûts exorbitants.
Aujourd'hui avec l'AMO , les assurances privées et autres moyens dont disposent un grand nombre de nos concitoyens pour se faire correctement soignés, est-il permis de penser que la facture que paie l'Etat en ce qui concerne les vaccins pourra être allégée ?
Eclaircissements sur la vaccination et sur les vaccins. Grâce aux différentes stratégies adaptées au contexte épidémiologique spécifique à chaque maladie, des acquis indéniables ont été enregistrés par le Maroc dans la maitrise, le contrôle et la disparition des maladies cibles. Il s'agit notamment de:
L'éradication ou l'élimination d'un certain nombre de ces maladies (Poliomyélite, Diphtérie, Tétanos néonatal, Rougeole, Trachome, Paludisme, Bilharziose. Ce constat, cette réalité n'est pas due au hasard, mais à une implication sans réserve aucune du ministère de la santé qui a consenti de très grands efforts en matière d'immunisation. Ce qui a permis la généralisation de la couverture vaccinale, 95% en 2006 (elle est de 92% pour le BCG (Vaccin contre la tuberculose), 94% pour le DTCP3 (Vaccin contre la Diphtérie, Tétanos, Coqueluche et Poliomyélite), 92% pour le VAR (Vaccin Anti-Rougeoleux), 92% pour le HB3 (vaccin contre l'Hépatite Virale B), de 89% pour les naissances protégées contre le TNN (Tétanos Néonatale)et de 88% pour la RR (Vaccin contre la Rougeole-Rubéole en milieu scolaire) . On comprend dés lors mieux l'intérêt majeur que représente la vaccination pour le bien-être de notre population, un intérêt qui ne faiblit pas et qui demeure indéniable à travers les temps et les espaces. Le Maroc compte parmi les pays qui ont mis en place, depuis l'aube du XXème siècle, une politique vaccinale renforcée ces dernières décennies par un programme national ambitieux. Les premières campagnes de vaccination remontent au début des années soixante, le Programme élargi de vaccination (PEV) à l'année 1981. Ce dernier a été restructuré en Programme national d'immunisation (PNI) six ans plus tard. Parallèlement à la mise en route de ces différents programmes, un suivi continu de la couverture vaccinale a permis de moduler le calendrier national de vaccination en introduisant de nouveaux antigènes et des rappels.
Ainsi, au fil des années, la couverture vaccinale contre les principales maladies cibles à savoir la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite a connu une amélioration appréciable. En effet, la diphtérie et le tétanos néonatal ont été éliminés, et la demande de certification de l'éradication de la poliomyélite formulée en 2001 par le Maroc a été acceptée par l'OMS.
Le calendrier vaccinal national
dans le secteur public
La vaccination est assurée gratuitement dans le secteur public pour l'ensemble des enfants indépendamment de la situation financière de leurs parents. C'est un acquis qui mérite d'être souligné et il faut rendre ici un grand hommage au ministère de la santé. En ce qui concerne les vaccins qui sont pratiqués au sein des centres de santé ou dispensaires et qui rentrent dans le cadre du Programme national d'immunisation (PNI) ils se présentent comme suit : Au 10ème jour après sa naissance, l'enfant reçoit les vaccins du BCG, le vaccin anti poliomyélite par voie orale (VPO) et le vaccin de l'hépatite B HB1
A 6 semaines, l'enfant est vacciné contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche première dose ( DTC1 ), il reçoit aussi le vaccin buvable de la poliomyélite (VPO1) et la 2ème dose de l'hépatite ( HB2 )
A 10 semaines, l'enfant reçoit le DTC 2 + VPO2
A 14 semaines, il est vacciné contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche (DTC 3) et reçoit la 3ème dose du vaccin de la polio par voie orale (VPO 3)
A 9 mois l'enfant est vacciné contre la rougeole (VAR) et reçoit en même temps la 3ème dose du vaccin de l'hépatite B (HB3)
A 18 mois l'enfant reçoit ses vaccins DTC - VPO (premier rappel)
A 6 ans c'est l'âge de la rentrée scolaire, l'enfant recevra le vaccin anti rougeoleux/anti oreillons/ anti-rubéoleux et les rappels DTCP.
Il faut souligner l'introduction par le ministère de la santé d'autres vaccins contre le rotavirus et le pneumocoque Hib (contre l'hémophilus influenzae) responsable tous les ans de milliers d'infections graves (méningites, épiglottites etc). La mortalité due au rotavirus et au pneumocoque ainsi que des séquelles importantes (débilité mentale, hydrocéphalie, surdité, cécité, paralysies...) ont largement justifié ce choix.
Dans le secteur privé
Après sa naissance l'enfant reçoit les vaccins du BCG
A 2 mois une seule injection qui regroupe tous les vaccins (Infanrix Hib ou Pentaxim) et le vaccin rotavirus, plus le vaccin contre le pneumocoque
A 3 mois, l'enfant reçoit les mêmes vaccins de 2 mois
Au 4ème mois, c'est l'injection d'Infanrix
Au 5ème mois vaccination contre l'hépatite B
Au 6ème mois une autre vaccination contre l'hépatite B.
Au 9ème mois c'est le vaccin anti rougeoleux /anti oreillons/ anti-rubéoleux (Priorix).
A 1 an l'enfant reçoit la 2ème dose de Priorix et un rappel du pneumocoq. A 13 mois c'est le vaccin contre la Varicelle
A 18 mois c'est le rappel Infanrix
A 2 ans vaccination contre l'hépatite A, avec une 2ème dose six mois après
A 5 ans c'est le rappel du vaccin contre la polio
A 11 ans vaccin contre le cancer du col de l'utérus pour les jeunes filles, avec deux autres doses à un mois d'intervalle, plus un rappel 6 mois après
La vaccination : un acte civique
Pour le docteur Moulay Saïd afif, pédiatre à Casablanca, faire aujourd'hui correctement vacciner son enfant comporte un bénéfice pour lui-même, pour sa famille, ses camarades de classe, de lycée, mais aussi pour l'ensemble de la population et pour les générations futures. Parfois le seul intérêt de la vaccination est de protéger son voisin. La rubéole par exemple est une maladie tout à fait bénigne pour les petits garçons. Les vacciner est cependant important pour éviter des épidémies qui risqueraient d'atteindre des femmes enceintes et d'entraîner des malformations fœtales très graves. Vu sous cet angle, il n'est pas exagéré pour ce praticien qui consacre sa vie aux enfants de dire que la vaccination est un acte civique qui dénote un haut degré de civilisation.
Il faut savoir que chaque année ce sont 600.000 nouveaux enfants qui sont concernés par la vaccination au Maroc.
Le ministère de la santé achète les vaccins et dans un esprit d'équité vaccine tous les enfants, ceux des pauvres comme ceux des riches.
Des coûts qu'il faut connaître
La vaccination a de tout temps été du ressort du ministère de la santé. Tous les enfants se font vacciner gratuitement, que leurs parents soient riches, ou pauvres. Avec le temps, la liste des vaccins augmente, leur nombre a tendance à connaître une courbe exponentielle.
Ces mêmes vaccins ont un coût, celui-ci est de plus en plus élevé. Si l'Etat entreprend des actions louables pour vacciner toute notre population, il faut aujourd'hui se rendre à l'évidence, regarder les choses bien en face et se dire que cette situation ne pourra pas éternellement durer.
L'Etat consacre près de 500 millions de DH / an pour l'achat des vaccins, c'est énorme, cela représente le 1/3 du budget réservé à l'achat des médicaments par le ministère de la santé.
Ce sont les deux derniers vaccins (rotavirus et pneumocoque) qui ont lourdement pesé sur la balance. En soit, cette politique n'est pas mauvaise, mais il y a des priorités.
Je m'explique, jusque-là, les vaccins du calendrier vaccinal coûtaient à l'Etat entre 120 à 130 millions de DH, mais avec l'introduction d'autres vaccins dans le calendrier vaccinal tels le rotavirus et le pneumocoque Hib (contre l'hémophilus influenzae) la facture a grimpé car ces deux vaccins sont très chers… Revenons à nos moutons, chaque année ce sont 600.000 nouveaux enfants qui sont concernés par la vaccination au Maroc, auxquels il faut ajouter tous les autres enfants qui continuent et parachèvent leurs vaccinations conformément au calendrier vaccinal en vigueur au Maroc.
Grâce à la généralisation du régime d'assistance médicale (RAMED) qui bénéficiera à environ 8,5 millions de personnes économiquement faibles, un régime d'assistance dont l'importance n'est plus à démontrer et qui au passage a mobilisé des investissements de l'ordre de 3 milliards de dirhams au titre de l'année 2012, a vu le jour pour venir à bout des besoins de toute la population.
Si nous agissons dans un esprit de solidarité et si nous nous comportons en parents responsables, il y a lieu de revoir nos comportements et agissements concernant l'utilisation des structures de soins. Si l'AMO ouvre la possibilité d'une prise en charge à plus de 34 % de notre population et si plus de 500.000 Marocains ont une assurance maladie et si des millions d'autres ont des moyens de payer leurs soins et partant les vaccinations de leurs enfants, pourquoi ils ne le font pas ?
Le secteur privé vaccine à peu près 30.000 enfants, c'est insignifiant. Ne faudrait-il pas mettre en place des outils et moyens légaux qui puissent permettre aux systèmes ambulatoires (centres de santé) de valoriser les prestations dont bénéficient les enfants et les femmes qui ont une assurance maladie de type AMO ou autres, en d'autre terme, il s'agit pour ces catégories de payer leur vaccination , c'est normal puisqu'ils seront remboursés.
Il reste bien entendu les enfants issus de la population démunie qui est constituée par les personnes économiquement faibles et qui ne sont pas éligibles au régime de l'assurance maladie obligatoire (AMO). Pour ces enfants, le RAMED leur ouvre les portes des structures de santé et des établissements hospitaliers et de ce fait ils pourront continuer à être vaccinés gratuitement. C'est cela la solidarité, c'est cela l'équité, en plus on permet aux citoyens d'aller là ou ils veulent, on respecte le libre choix du médecin, c'est public ou privé.
La place du secteur privé
Il est évident que la réalisation d'un tel scénario va demander quelques temps, c'est une question de comportement. En attendant, on peut concevoir et surtout permettre au secteur privé de jouer pleinement son rôle au côté du secteur public.
Si on considère que le nombre des enfants concernés par la vaccination est de 600.000 chaque année et que celui des enfants qui sont concernés par vaccination gratuite à près de 400.000, le secteur privé pourra lui prendre en charge 200.000 enfants, ceux dont les parents ont une couverture médicale de type AMO soit 34 % de la population et ceux qui ont une assurance privée. Grâce à cette approche tout a fait réaliste, réalisable, honnête, juste et équitable, le ministère de la Santé pourra réaliser une épargne de prés de 15 milliards de centimes.
Mais pour encourager notre population à adhérer pleinement à ce projet qui vise à permettre à ceux qui ont les moyens de payer leurs soins de le faire, il faut que ces mêmes vaccins soient remboursés à 100 %.
Actuellement, la CNOPS et la CNSS ne remboursent ces vaccins qui figurent dans le programme national de vaccination (PNI) qu'à 70 %.
Les assurances privées remboursent les vaccins entre 85 et 100 % et la CMIM à 85 %
La banque du Maroc rembourse les vaccins à 100 %.
L'appel aux décideurs et aux responsables pour qu'ils puissent participer au remodelage et à la révision des remboursements des vaccins n'est pas nouveau, d'autres pays ont emprunté cette voie et les résultats sont excellents.
D'ailleurs, les pédiatres sont unanimes pour reconnaître que cette option donnera des résultats positifs et encouragera les citoyens qui ont des couvertures médicales à faire vacciner leurs enfants dans le privé. Le même souci est perceptible en ce qui concerne l'équilibre financier des caisses de remboursement (CNOPS-CNSS- Assurances …) grâce à un effort de la part de l'industrie pharmaceutique, aux différents laboratoires qui fabriquent les vaccins et qui sont appelés à baisser leurs prix.
Les grossisteries sont aussi sollicitées pour participer à cet élan.
Les pharmaciens d'officines ont aussi leur part dans ce projet qui vise à réduire les coûts des vaccins.
Toutes ces actions ne peuvent réussir, et être pérennes que si elles sont structurées autour d'un projet porteur d'espoir pour notre pays, ce travail doit être réalisé sous la houlette du ministère de la Santé dont il faut saluer les efforts qui sont aujourd'hui entrepris pour assurer à tous nos enfants et aux femmes en âge de procréer une vaccination complète, gratuite, efficace et efficiente. Saluons aussi les efforts qu'entreprennent les équipes mobiles qui vont vacciner les citoyens qui se trouvent dans des zones enclavées, très difficiles d'accès.
Notre souhait, c'est de voir les laboratoires qui fabriquent ces vaccins, pratiquer des prix qui soient à la portée de toutes les bourses, en d'autre terme, il s'agit de revoir à la baisse des prix des vaccins. Pour les organismes gestionnaires de l'Assurance maladie obligatoire, il est grand temps de procéder aux remboursements à 100 % des vaccins, si nous voulons réellement lutter efficacement contre les maladies infectieuses transmissibles et comme dit l'adage mieux vaut prévenir que guérir.


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