Où est la vérité? D'où vient l'information? Où en sommes-nous de la déontologie, de l'éthique dans un contexte où la précipitation et la désinformation gagnent de plus en plus du terrain? «La désinformation et son impact sur l'opinion publique et les médias» est le thème d'une conférence organisée, jeudi soir à Rabat, par le centre Hespress pour les études et les médias. Les intervenants ont mis, tour à tour, la lumière sur les enjeux auxquels fait face le champ médiatique à l'ère d'internet et des réseaux sociaux, notamment la prolifération de la désinformation en ligne. «Nous sommes face à un problème dont profitent plusieurs pour contrôler la liberté d'expression, et en même temps, un fléau qui constitue un danger lors des élections, un défi pour la vie politique et économique ainsi que la vie privée des citoyens», a indiqué Mustapha El Khalfi, ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des Relations avec le Parlement et la société civile, porte-parole du gouvernement. Ainsi, concernant la constitution du nouveau gouvernement et les rumeurs et fausses informations qui l'ont accompagnée, le ministre a souligné que le journaliste n'assume pas toute la responsabilité, car il n'est finalement qu'un intermédiaire. Il est obligé de couvrir l'évènement et aller chercher l'information. Il devient une victime des acteurs qui travaillent pour cibler et viser des gens. En outre, le ministre a précisé que la vitesse, la précipitation et la non vérification des informations diffusées et la publication de fausses informations sont des facteurs qui poussent les institutions médiatiques à perdre leur crédibilité chez le lecteur. Pour lui, la liberté d'expression et la vie privée des citoyens sont sacrées. «On ne peut tolérer de cohabiter et de vivre avec les fausses informations sous le prétexte de la liberté d'expression», a-t-il affirmé. Et d'ajouter que «la loi ne pourrait résoudre tous les problèmes». Il faut que toutes les associations professionnelles travaillent dans le domaine des médias et mettent la main à la pâte à l'image des autres pays du monde», a-t-il indiqué. Le directeur de la programmation de la chaine AL–Arabiya, Antoine Aoun, a indiqué qu'aujourd'hui, le problème réside dans l'internet et les moyens de communication. Selon lui, certains facteurs contribuent à la désinformation en ligne. En effet, la précipitation qui n'existait pas avec les moyens de communication classique, existe aujourd'hui. La vitesse est plus importante. «L'enjeu actuellement est de savoir d'où vient l'information et chercher la vérité», a-t-il ajouté. Le chercheur Rachid Jenkari quant à lui, a estimé que dans les pays «non démocratiques», internet est une fenêtre pour les citoyens parce l'Etat détient tous les moyens de communication, de la propagande. Pour Peter Limbourg, directeur général de la Deutsche Welle, la désinformation est un phénomène qui ne date pas d'aujourd'hui. L'intervenant a souligné l'importance de distinguer entre les réseaux sociaux comme source d'information et comme un univers de diffusion et de circulation des informations. «Facebook n'est pas une source fiable et pourtant, un bon nombre de gens croient aux informations qu'ils y lisent».