D'autres voix se sont élevées pour la poursuite de ces exportations en dépit de la sécheresse qui a touché cette année des régions en Russie, justifiant cela par la suffisance des stocks des céréales tout en soulignant que le plus important est de renforcer la place de la Russie sur le marché mondial, d'autant plus que Moscou entamera prochainement des négociations difficiles pour son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La Russie a enregistré durant les deux dernières années des productions record avoisinant les 100 millions de tonnes, soit une hausse de 50 pc par rapport aux récoltes de 2000, dont 80 millions de tonnes sont destinées à la consommation locale. Elle a ainsi tiré profit des difficultés du marché mondial pour augmenter ses parts d'exportation à 22,5 millions de tonnes, ce qu'elle ne peut atteindre en 2010 devant la conjoncture actuelle. Moscou comptait ainsi consolider sa position sur ce marché en raison de la baisse des exportations céréalières des Etats-Unis et l'augmentation des récoltes du maïs, utilisé dans la production du biocarburant (Ethanol). Une opportunité qu'elle voulait saisir pour renforcer sa position sur les marchés asiatiques à l'exception de la Chine qui importe annuellement 26 millions de tonnes de céréales. La Russie avait prévu des recettes de 9 milliards de dollars l'année en cours grâce à l'exportation de 50 millions de tonnes, particulièrement à destination des pays du sud-est asiatique, tout en ciblant d'autres marchés dans l'avenir pour écouler ses excédents de production. Selon ses prévisions pour les prochaines sept à huit années, Moscou escompte produire et exporter, un volume annuel variant entre 140 et 150 millions de tonnes, mais les aléas climatiques l'ont poussé à reporter ses projections et l'ont obligé à donner la priorité aux équilibres intérieurs. Le pays n'a de choix que de revoir sa position et de sacrifier ses réserves pour conserver sa compétitivité dans les marchés internationaux en alimentant ses marchés traditionnels (Afrique du Nord, des pays d'Asie et d'Europe) ou de les abandonner et d'assurer les besoins de la consommation locale pour préserver la stabilité des prix et protéger le pouvoir d'achat des citoyens. Selon le groupement des producteurs céréaliers, cette dernière option entraînera une baisse accrue des prix sur le marché local, ce qui se traduira par des pertes considérables pour les agriculteurs russes. Ce gel temporaire des exportations ne servira pas les intérêts extérieurs de la Russie, qui ambitionne d'imposer sa présence économique au niveaux régional et international.(MAP).