El Hayani, de son vrai nom Si Mohamed Lahyani est né à Casablanca en 1943 et décédé le 23 Octobre 1996 à Rabat. Feu Si Mohamed El Hayani était le produit d'un couple ordinaire et modeste où rien ne lui permettait de recevoir ce qu'il avait donné, sa vie durant. Dans ce milieu naturel, nulle chose ne laissait présager qu'on pouvait y acquérir ce qui conduisait à devenir un homme public. Il n'est pas aisé de retracer le parcours de feu Si Mohamed El Hayani, tellement son oeuvre artistique était abondamment diversifiée et progressivement dispersée, de sorte qu'il s'était distingué, dans le domaine de la chanson, par un accomplissement persévérant, mais sans précipitation, aucune ; la description par étapes de sa carrière semble mieux convenir pour présenter son itinéraire. Ainsi, il a débuté dans le métier, après un bref passage au conservatoire municipal de Casablanca, par l'interprétation de sa première chanson en compagnie de l'orchestre de la Radio de cette agglomération, métropole d'où il était natif. Auparavant, et depuis sa petite enfance, il avait découvert sa vocation, en chantant passionnément Mohamed Abdelwahab et Abdelhalim Hafed ; il s'était avéré que sa voix était un don divin ; un professeur avait indiqué d'ailleurs qu'elle n'avait nullement besoin d'être travaillée. C'était un atout formidable pour son avenir Le déclenchement de sa carrière s'était produit lorsque, en 1961, l' avènement de la boite magique, qu'est la télévision. Son départ à l'improviste pour le Caire, une fois lancé son cri d'alarme, avait pris une tournure dans sa vie d'artiste montant et prometteur. Il était parti rencontrer les grands et en côtoyer les meilleurs, voulant entrer par la grande porte dans la profession. Grâce à sa collaboration avec les grands compositeurs et chefs d'orchestre, en l'occurrence, feu Si Abdeslam Amer et Si Abdelkader Rachdi, ainsi que sa coopération avec Si Abdelati Amenna, Si Abdelkader Ouhbi ou Si Abdellah Issami, le point de départ de sa carrière était définitivement marqué. En un laps de temps, il devint à la fois confirmé et renommé, sa célébrité ayant pris des coups d'accélérateur. Il décida alors d'entreprendre sa première tournée à l'étranger, portant son choix sur le pays voisin où il avait émerveillé le public algérien, par ses passages à la télévision et les nombreuses soirées publiques organisées ici et là. C'était pour l'examen de passage pour démontrer sa maîtrise dans le domaine de la chanson, en tant qu ‘interprète artistement apprécié et hautement valorosé. Entamant l'étape suivante, au retour, il forma un trio avec le parolier Si Ali Haddani et le compositeur Si Hassan Kadmiri ; il en résulta des succès répétitifs qui se suivaient et ne s'arrêtaient pas : un travail bien sélectionné et raffiné. Ce fut le disque platine, puis le disque d'or, la décoration par le Président Bourgiba, et un début au cinéma, suivi de sa consécration meilleur chanteur de l'année : un événement capital pour sa vie. Il en devint une star parmi les quelques noms qui occupaient une bonne place dans le milieu professionnel, sans un statut défini, certes. Vint ensuite une période sombre où il s'était complètement retiré du champ pour donner libre cours aux autres, à la grande surprise de ses nombreux admirateurs qui jugeaient incompréhensive cette absence totale de la scène. Il s'était isolé pour procéder à un examen de conscience, en analysant son bilan et en en évaluant les côtés positifs et négatifs ; durant plusieurs mois, il ne faisait que méditer, allant jusqu'à intriguer ses concurrents ; il en était heureusement sorti en se ressaisissant lui-même pour se lancer à nouveau. Le dernier épisode de sa vie artistique, en reprenant son travail, avait révélé son couronnement, puisque il devint le chanteur le plus populaire par son style ; l'encouragement de son public qu'il charmait à tous les coups, était tellement remarquable que son lien avec l'art devenait irréversiblement solide. C'était le moment fort où il avait atteint sa gloire, de sorte qu'il ne vivait plus que pour la chanson, surtout en luthiste. Il acquit la qualité de superstar bien aimée. Sa notoriété l'incitait à entamer de grandes tournées dans le monde arabe, en Europe et en Amérique. L'honneur d'être apprécié à sa juste valeur dans les soirées mondaines de la haute sphère concrétisa son succès. Toutefois, cette grande période a été entrecoupée par sa maladie, accompagnée d'un talonnement qui lui causait énormément de problèmes. Il en avait grandement souffert. Toujours est-il qu'il était parti en laissant un répertoire de 34 chansons de meilleurs choix et de bon goût, presque toutes très agréables à écouter. A Dieu l'Artiste.