Des sources bien informées ont révélé à Hespress que des commissions relevant des Cours régionales des comptes dans les régions de Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Marrakech-Safi ont intensifié de vastes opérations d'audit visant les dossiers de « fonctionnaires fantômes ». Ces inspections, engagées depuis plusieurs mois, se poursuivent sans interruption durant la période estivale actuelle. Elles concernent l'ensemble des conseils communaux, provinciaux, régionaux et municipaux, dans un contexte marqué par des informations récurrentes sur la ponction importante que représente la masse salariale dans les budgets annuels de nombreuses instances élues. Selon les mêmes sources, les magistrats des juridictions financières se sont déplacés sur le terrain pour examiner les conditions d'utilisation de fonds publics destinés à des « fonctionnaires fantômes » au sein de conseils communaux et d'arrondissements, ainsi que de conseils provinciaux. Ces missions d'audit ont été précédées de correspondances adressées par les présidents des Cours régionales des comptes aux responsables des conseils élus, conformément aux dispositions de la loi n° 62-99 relative au Code des juridictions financières, et en application du programme annuel du Conseil supérieur des comptes. Dans ce cadre, une commission de contrôle, composée de conseillers, a été désignée afin de faciliter les opérations, notamment par la mise à disposition des informations et documents exigés. Les investigations se concentrent sur les recrutements effectués au cours des mandats communal actuel et précédent, avec pour objectif de vérifier des informations liant une partie de ces embauches à des pratiques de favoritisme, de clientélisme partisan et d'échanges de services à visée électorale. Des pratiques, notent les sources, encore largement répandues dans de nombreuses collectivités locales et territoriales. Les magistrats disposent pour cela de données précises issues de rapports établis par les autorités provinciales, faisant état d'un recours excessif à ce type de personnel dans certaines administrations communales, souvent mobilisé pour consolider des fidélités politiques ou partisanes. En parallèle, plusieurs conseils communaux subissent une véritable hémorragie de ressources humaines. De nombreux cadres, toutes catégories confondues, quittent leurs fonctions dans le cadre du départ anticipé à la retraite. Ingénieurs, médecins, administrateurs ou techniciens figurent en tête de liste de ces départs, dont le nombre ne cesse d'augmenter. Parmi les raisons évoquées figurent la dégradation du climat de travail, l'ingérence d'élus dans les décisions et procédures administratives, ainsi que des problèmes de santé ou une incapacité physique à exercer certaines missions. Toujours selon les sources de Hespress, les missions d'audit se sont élargies à l'examen des dossiers de mise à disposition de fonctionnaires, des procédures de promotion, des documents relatifs à la formation, des registres de présence, des procès-verbaux et décisions des conseils de discipline, ainsi que des litiges impliquant des employés et de l'organigramme administratif. Les commissions se sont également penchées sur les rapports et procès-verbaux retraçant les initiatives menées par certaines communes pour endiguer le phénomène des « fonctionnaires fantômes », lesquelles incluent le licenciement d'agents ayant émigré à l'étranger ou la réaffectation d'autres, jugés qualifiés, vers des services vitaux afin de combler le manque de personnel. Les magistrats financiers s'intéressent aussi aux conditions dans lesquelles certains présidents de conseils communaux ont massivement recruté des « ouvriers occasionnels » dans des services municipaux à des fins électorales explicites. Ces derniers se sont vu confier des missions sensibles, en lieu et place d'une régularisation des dossiers de « fonctionnaires fantômes », ce qui a nui à la gestion des services concernés. Les contrôleurs ont constaté que ces ouvriers avaient parfois été employés pendant de longues périodes – pouvant atteindre près d'une année – sans respecter les interruptions nécessaires entre les « lettres d'engagement » pour éviter toute situation de continuité. Une pratique contraire à la législation en vigueur et aux directives édictées par le ministre de l'Intérieur sur ce sujet.