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Naguib Mahfouz : Le prix Nobel du monde arabe
Publié dans Albayane le 17 - 10 - 2010

Naguib Mahfouz était un écrivain égyptien contemporain de langue arabe et l'intellectuel le plus célèbre d'Egypte, lauréat du prix Nobel de littérature en 1988. Naguib Mahfouz est né le 11 décembre 1911 dans le quartier populaire de Gamaliyya à Khân al-Khalili au Caire et mort le 30 août 2006. Sa carrière littéraire se confond largement avec l'histoire du roman moderne en Egypte et dans le monde arabe. Au tournant du XXe siècle, le roman arabe fait ses premiers pas dans une société et une culture qui découvrent ce genre littéraire à travers la traduction des romans européens du XIXe siècle. Dans les années 1920, l'écrivain et homme politique Muhammad Husayn Haykal prône l'émergence d'une « littérature nationale » coulée « dans les moules occidentaux, afin que les Egyptiens y voient le signe qu'ils sont aussi avancés que l'Occident, et peut-être le devancent, dans les domaines de la civilisation ». Nul ne portera mieux que Naguib Mahfouz ce projet à son terme.
Né dans une famille de la petite bourgeoisie cairote, il fait des études de philosophie à l'université du Caire (alors université Fouad Ier). Il commence à écrire à l'âge de 17 ans et publie ses premiers essais d'écriture dans les revues littéraires des années 1930. Il publie sa première nouvelle en 1939. Sa licence en poche, il obtient un poste de fonctionnaire et décide de se consacrer à la réécriture romanesque de l'histoire de l'Egypte. Le relatif échec des premiers romans, situés dans l'Egypte pharaonique, et peut-être l'urgence du contexte (l'Egypte est durement affectée par le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale) l'amènent à renoncer à ce projet pour plonger dans l'histoire immédiate. Désormais, ses romans ont pour cadre Le Caire contemporain, dont il décrit les bouleversements sociaux dans une veine réaliste (Passage des miracles, 1947 ; Vienne la nuit, 1949).
Mais le succès public et la reconnaissance critique tardent à venir. Son œuvre la plus importante est la Trilogie du Caire, commencée en 1950. Dans cet ensemble de plus de mille cinq cents pages, chaque roman porte le nom des rues où Mahfouz a passé sa jeunesse : Impasse des deux palais, Le Palais du désir, Le Jardin du passé. Il y décrit la vie d'un patriarche et de sa famille au Caire pendant une période qui va de la Première Guerre mondiale jusqu'au renversement du roi Farouk. Par le nombre de ses personnages et la richesse de l'étude sociale, Mahfouz rappelle des prédécesseurs dans le genre romanesque : Balzac, Dickens, Tolstoï, Galsworthy. Il termine cet ouvrage juste avant le coup d'Etat de Gamal Abdel Nasser et dès 1952, il délaisse l'écriture romanesque pour le scénario – forme d'écriture moins noble mais mieux rémunérée.
La publication de la Trilogie en 1956 - 1957 lèvera ses doutes. À quarante-cinq ans, il est enfin reconnu. Avec cette saga familiale doublée d'une fresque historique de l'Egypte, de la révolution de 1919 aux dernières années de la monarchie, Mahfouz est en phase avec la nouvelle donne politique issue du changement de régime de 1952 et avec un mouvement littéraire et artistique qui privilégie le réalisme sous toutes ses formes.
Il s'en détourne pourtant avec son roman suivant, Awlâd hâratinâ (Les enfants de notre quartier 1959, trad. française Les fils de la médina), tournant dans sa carrière et dans l'histoire du roman arabe. Il y renoue en effet avec la riche tradition de la fiction allégorique pour développer une critique des dérives autoritaires du régime de Nasser et, au-delà, une réflexion pessimiste sur le pouvoir. Publié en feuilleton dans le quotidien Al-Ahram en 1959, puis à nouveau en 1967, ce roman a déclenché une polémique virulente. L'ouvrage (et l'homme) sont attaqués par les oulémas qui les jugent blasphématoires, puis le livre est frappé d'une interdiction officieuse de publication en Egypte (il sera publié à Beyrouth en 1967). Cette période agitée de la vie de l'écrivain est relatée dans Naguib Mahfouz, de Hafida Badre Hagil. En même temps, le scandale contribue à asseoir sa réputation et n'affecte pas sa carrière (il occupe alors, jusqu'à sa retraite en 1971, des fonctions de direction dans les appareils culturels étatiques). Il publie beaucoup : des nouvelles dans la presse, reprises en recueils, et près d'un roman par an, revenant au plus près d'un réalisme critique (Dérives sur le Nil, 1966 ; Miramar, 1967) ou dissimulant son message dans des textes à clés (Le Voleur et les chiens, 1961 ; La Quête, 1965). Ses grands romans réalistes sont adaptés au cinéma l'un après l'autre, ce qui lui donne accès à un public incomparablement plus vaste que celui de l'écrit.
Proche des jeunes écrivains en colère qui émergent dans les années d'effervescence qui suivent la catastrophe de 1967 – Gamal Ghitany, Sonallah Ibrahim, Baha Taher, Ibrahim Aslan, Mohammed El Bisatie, etc. – Mahfouz reprendra volontiers à son compte, dans ses romans ultérieurs, leurs innovations esthétiques. Mais c'est lorsqu'il renoue avec sa source d'inspiration favorite, le vieux Caire de son enfance (Récits de notre quartier, 1975 ; La Chanson des gueux, 1977), qu'il est au sommet de son art. Il est un des rares intellectuels égyptiens et arabes à avoir approuvé les accords de paix entre l'Egypte et Israël en 1979, tout en se déclarant totalement solidaire des Palestiniens. Une position qui lui a valu d'être boycotté dans de nombreux pays arabes. En 2001, il avait encore soutenu un dramaturge égyptien exclu de l'Union des écrivains parce que favorable, lui aussi, à la normalisation avec Israël.
Demeuré fidèle tant à ses convictions politiques libérales qu'à sa conception de la littérature, il fait figure dans les années 1980 de maître respecté pour ses qualités morales et son apport massif au roman arabe, mais souvent contesté pour ses options politiques (notamment son soutien à la paix égypto-israélienne). Le prix Nobel qui lui est décerné le 13 octobre 1988 va bousculer sa routine de retraité, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur : ce prix, le premier attribué à un écrivain arabe, lui donne accès au marché mondial (ses traductions se comptent aujourd'hui par centaines, dans plusieurs dizaines de langues). Le pire : dans un contexte d'affrontement violent entre le pouvoir et la fraction radicale de l'opposition islamiste, mais aussi de raidissement moral et religieux qui touche peu ou prou toutes les couches de la société égyptienne, la polémique autour de « Les Fils de la Médina » Awlâd hâratinâ refait surface et Naguib Mahfouz survit miraculeusement à une tentative d'assassinat à l'arme blanche (octobre 1994) perpétrée par deux jeunes fanatiques islamistes membres de al Jama'a al Islameya qui ont reconnu au procès ne pas avoir lu une seule ligne de son œuvre, à la sortie de son domicile. Depuis, il était paralysé de la main droite et avait cessé d'écrire, contraint de dicter ses textes. Croyant toujours au grand pouvoir de la littérature, il déclare au lendemain de l'agression : «L'écriture a beaucoup d'effets sur la culture et sur toutes les valeurs civilisationnelles».[]
S'il est un mot qui revient fréquemment dans son œuvre, c'est bien l'Amour, que Naguib Mahfouz dépeint par touches avec une grande délicatesse, ce qui peut dérouter les idées préconçues sur les mondes arabe et musulman.


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