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Entretien avec M. El Mahfoud Asmhri, chercheur historien à l'IRCAM : «La place de l'Amazighe dans notre identité est prépondérante»
Publié dans Albayane le 13 - 02 - 2011

El Mahfoud Asmhri est antiquisant de formation. Après un parcours universitaire durant lequel il a obtenu une licence en histoire à l'Université Ibn Zouhr d'Agadir, puis le diplôme des études approfondies en histoire ancienne à l'Université Mohamed V
de Rabat, et enfin le Doctorat de troisième cycle dans la même université, après avoir soutenu sa thèse intitulée « l'intérêt des gravures et des peintures rupestres pour l'écriture de l'histoire ancienne de l'Afrique du Nord et du Sahara », au sein de l'unité d'études et de formation « L'Histoire Ancienne de l'Afrique du Nord : Histoire et Archéologie », il occupe, actuellement, un poste de chercheur au Centre des Etudes Historiques et Environnementales dépendant de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) depuis 2005. Ses publications et ses recherches tendent à contribuer à l'étude de l'histoire et de la civilisation des Imazighen de l'Antiquité. Entretien.
Quelle est la part de la civilisation amazighe dans l'histoire ancienne d'Afrique du Nord ?
Tout d'abord, il est évident que l'Afrique du Nord est un espace amazighe dès la fin de la préhistoire. En s'y référant, l'histoire ancienne de cette partie d'Afrique est celle des Imazighen (appelés à l'époque « les libyens ou les africains ») et de leur civilisation millénaire.
Malheureusement, sous l'époque coloniale et pour des raisons idéologiques, les études archéologiques entamées dans divers sites antiques de l'Afrique du Nord dès le début du 20 siècle, en particulier dans sa première partie, ont surtout valorisé l'histoire des minorités immigrées (Phéniciens et Grecs) et des colonisateurs (Romains et Vandales), à tel point que les autochtones (Imazighen) sont presque toujours absents de l'histoire de leur pays.
Un chercheur objectif ne peut pas nier les empreintes des phéniciens et des romains dans l'histoire de cette partie méditerranéenne de Tamzgha (la Berbèrie), à condition de ne pas en faire les éléments phares. Pour bien comprendre, je citerai les noms de villes comme Tingi (Tanger) Volubilis, Lixus et Salé, dont les origines s'arrêtent toujours aux romains et aux phéniciens, alors que leur nom même est d'origine amazighe. Cela démontre que leur édification est antérieure à l'arrivée des romains ou des phéniciens. L'urbanisme au Maroc antique et dans le reste de l'Afrique du Nord n'a, ainsi, pas pour origine l'influence extérieure. Sans minorer l'importance de l'architecture coloniale romaine, elle n'est qu'un épisode de l'histoire de ces villes.
Comment percevez-vous la relation entre l'histoire et l'identité ?
L'histoire est un élément fondamental qui détermine l'identité des peuples. Les groupes humains se différencient essentiellement par des caractéristiques qui se sont construites au long de leur histoire, car le présent n'a jamais été indépendant du passé puisque quatre vingt quinze pour cent de l'histoire de l'humanité s'intitule « histoire ancienne ». Cette dernière a une importance dans la constitution de l'identité de tous les pays et des peuples; cela explique pourquoi un état neuf comme Israël essaie de reconstituer une histoire ancienne pour en tirer sa légitimité, et pourquoi certains pays comme l'Irak qui, bien qu'étant en guerre, continue à récupérer les objets de la période antique volés dans les musées de leur capitale.
Malheureusement en Afrique du Nord cette période de l'histoire antique continue encore à souffrir d'un manque d'intérêt, sauf en Egypte et en Tunisie, sans toutefois que soit donnée toute l'importance requise au substrat amazighe tant dans le domaine historique que civilisationnel alors que la langue amazighe y est, elle-même, toujours vivace.
Au Maroc, on a mobilisé l'année dernière énormément de ressources humaines et financières pour célébrer « 12 siècles de la constitution de l'Etat marocain et la fondation de la ville de Fès », alors que le Royaume du Maroc antique existait bien des siècles avant cette date et que l'histoire de certains villes comme Tingi (Tanger) et Lixus remonte à environ trois milles ans. L'occultation de cette partie de l'histoire préislamique du Grand Maghreb – et par conséquence de son identité- explique pourquoi le mouvement amazighe réclame toujours la réécriture de l'histoire de l'Afrique du Nord.
Que peuvent apporter les sciences anthropologiques et archéologiques à l'étude de l'histoire nord africaine ?
L'anthropologie et l'archéologie sont parmi les sciences auxiliaires qui ont beaucoup contribué à l'écriture de l'histoire des civilisations anciennes.
Pour l'Afrique du Nord, l'archéologie a une importance d'autant plus grande que les sources historiques anciennes qui nous sont parvenues sont rares et souvent écrites par les conquérants égyptiens, grecs et romains à l'issue de conflits. La majorité des textes écrits par les autochtones sont soit perdus (comme ceux de la bibliothèque de Carthage et ceux des bibliothèques des Rois Amazighes), soit indéchiffrables comme les inscriptions amazighes.
La recherche archéologique revêt ainsi toute son importance et l'étude de l'histoire antique de l'Afrique du Nord ne peut se faire sans son développement. Malgré les problèmes dont souffre cette recherche, elle contribue toujours à la progression de nos connaissances : histoire des villes, de la poterie, de la monnaie, de l'art, des croyances … etc.
L'anthropologie humaine, quant à elle, permet de mettre en évidence, en Afrique du Nord, les différentes étapes de l'histoire de l'évolution de l'homme qui remonte, d'après les données actuelles, aux environs d'un million d'années.
Peut-on parler d'une spécificité par rapport à l'histoire du Maroc antique ?
Je pense que oui. Mais puisque on ne peut pas détailler ce sujet dans un entretien, je me limiterai à donner quelques exemples de cette spécificité.
C'est au Maroc que l'on trouve, en Afrique du Nord, la plus grande richesse de sites témoignant de l'ancienneté de l'occupation humaine et de son évolution.
Les restes humains découverts sur plusieurs sites, à savoir ceux de Casablanca, Temara, Rabat, Tafouralet, Jebl Ighoud, du Rif Oriental et de bien d'autres lieux, sont des références incontournables tant sur le plan régional qu'international.
Le pays a été aussi le moins touché par les différentes vagues de l'émigration venant de l'Orient comme celle des phéniciens, et de l'Occident comme celle des grecs. Le Maroc a été également le pays le moins touché par la colonisation : il a été le dernier à être colonisé par les romains et le premier à être décolonisé. De plus il n'a pas subi la colonisation des Vandales et très peu celle des Byzantins.
Sa position géographique stratégique a joué, par ailleurs, dès la préhistoire, le rôle de liaison entre les deux rives de la Méditerranée via le détroit des Colonnes d'Hercule.
Quel avenir pour l'archéologie marocaine ?
Malgré le rôle important que joue l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine (INSAP) dans le développement de l'archéologie marocaine, de nombreux efforts sont encore à déployer. Je pense que l'un des grands problèmes est le manque de moyens financiers. L'engagement du secteur privé dans ce domaine demeure incontournable.
Le ministère chargé de l'enseignement supérieure est appelé d'urgence à élaborer un programme pour intégrer l'archéologie dans nos universités, et pourquoi pas la création d'une faculté de l'archéologie et des beaux arts.L'INSAP, lui seul, avec ses moyens, ne peut assurer la couverture de tout le territoire national, preuve en est que les programmes des fouilles archéologiques au sud de Casablanca sont presque absents alors que celles-ci devraient être à l'origine d'une nouvelle ère pour l'archéologie marocaine.
Quelle est la part réservée à l'histoire amazighe ancienne dans les établissements publics de notre pays?
Elle est encore très médiocre que ce soit au niveau de l'enseignement fondamental, secondaire ou même universitaire. Pour ce dernier, l'IRCAM vient de publier les actes d'une journée d'études intitulée « l'enseignement de l'histoire de l'Afrique du Nord Antique et les Royaumes Amazighes dans l'université marocaine ».
Les spécialistes sont tous d'accord pour dire que la situation actuelle est critique et ils tirent le signal d'alarme pour l'avenir de cet enseignement.
Quand aux autres niveaux, l'IRCAM a aussi publié les actes d'un colloque sur « l'enseignement de l'Histoire du Maroc : bilan et perspectives », plusieurs articles de cet ouvrage ont mis l'accent sur des erreurs historiques à l'intérieur de nos manuels scolaires quant aux leçons consacrées à notre histoire ancienne. J'aimerais bien faire remarquer qu'à ma connaissance, et ce, peut- être dès l'indépendance du Maroc, aucune équipe chargée de l'élaboration des manuels d'histoire n'a jamais compté parmi elle un spécialiste de l'histoire ancienne. Cela montre toute l'importance qui lui a été accordée !!
Parmi vos centres d'intérêt figure l'étude des gravures rupestres: Quels témoignages nous apportent l'art rupestre sur la civilisation amazighe antique ?
A mon sens, l'art rupestre nord africain et saharien qui est l'œuvre des Imazighen de l'antiquité et de leurs ancêtres de la préhistoire est une source importante pour connaitre la civilisation amazighe antique. Grâce à ses gravures et peintures, on a une bonne connaissance du mode d'habillement des Imazighen, de leurs croyances, de leurs moyens de transport (surtout les chars), de leurs symboles décoratifs, de leurs armes … et enfin de l'écriture Amazighe. Les images gravées ou peintes de cet art découvertes dans le grand désert africain, dans les montagnes de l'Atlas et dans les îles Canaries témoignent de l'ampleur de l'espace de la civilisation amazighe ancienne.
Vu l'importance de l'art rupestre pour l'histoire de cette civilisation, la dernière réforme universitaire l'a intégré en 1997 comme matière indépendante pour les étudiants de la filière « Histoire et Civilisation », mais jusqu'à maintenant cette matière n'est pratiquement pas enseignée dans l'ensemble des facultés du royaume.
Quel rôle pourrait jouer le patrimoine historique dans le développement local ?
Le patrimoine historique marocain est loin d'être exploitée quant à l'intérêt économique qu'il pourrait revêtir localement dans sa diversité et son originalité.
Plusieurs études ont traité de ce sujet ; pour être pratique, je prendrai un cas que je connais particulièrement bien : le patrimoine de l'art rupestre.
Le patrimoine rupestre marocain a un potentiel qu'il faut exploiter rationnellement tout d'abord au niveau touristique national puis international
Je pense que très peu de marocains connaissent cette richesse artistique : on peut voir de très belles images reproduisant la vie de nos ancêtres, gravées il y a plus de 5000 ans, sur des dalles rocheuses dans les montagnes du Grand Atlas et celles du sud, surtout l'Anti- Atlas et Bani.
Ce patrimoine a beaucoup souffert du vandalisme qu'il soit national ou international à cause de différents réseaux mafieux s'adonnant au trafic d'art.
Plusieurs pays du bassin méditerranéen protègent leur art rupestre et l'exploitent dans le domaine du tourisme culturel, surtout l'Italie et la France dont les grottes de Lascaux sont un bon exemple.
Le Ministère de la Culture a fait des efforts pour intégrer ce patrimoine dans le marché touristique, mais on remarque l'absence d'autres intervenants surtout l'administration chargée du tourisme. La Société Civile, quant à elle, commence à s'y intéresser depuis quelques années, comme l'Association Marocaine de l'Art Rupestre (AMAR), créée en 2003, et qui participe activement à la protection des sites mais manque cruellement de moyens pour satisfaire ses ambitions.
L'intégration de notre patrimoine historique préislamique dans le marché du tourisme national ne pourra que renforcer la prise de conscience du substrat de notre amazighité dans la conscience collective marocaine.
Votre dernier mot.
La place de l'Amazighe dans notre culture et dans notre identité marocaine est prépondérante. J'espère qu'une prise de conscience de cette réalité va aller grandissant, car elle participera, sans doute, à la grandeur du Maroc.
Propos recueillis par Moha Moukhlis
Publications
Poésies berbères de l'époque héroïque
Arabisant et berbérisant distingué, premier directeur du Collège berbère d'Azrou, A. Roux a consacré sa vie à la collecte d'échantillons de littérature orale berbère. Les poésies éditées et traduites ici par M. Peyron sont de purs joyaux : issus d'une tradition millénaire, alliant élégance, fraîcheur, sagesse et recherche langagière, ces textes se situent aussi dans un contexte événementiel précis, celui de la résistance des Berbères face à la conquête militaire française. Une contribution exemplaire des Imazighen à la littérature orale et à l'histoire marocaine.
Auteur
Arsène Roux - Edition établie par Michael Peyron
Parution : 2002
Isbn : 2-7449-0305-1
Façonnage : Broché
Collection : Bilingues : français-berbère
Nombre de pages : 208 p
Format : 14,5 x 21 cm
La caricature de Mallal
Moha med Mallal, née en 1965 à tamlalte, petit village situé sur la vallée du dadès au sud Est du Maroc.
il a fait ses études universitaires à Agadir. Il est ctuellement professeur des arts plastiques à ouarzazate.
Diverses préoccupations:poésie, chants, caricatures peintures....
5 album de musiques en vente, un recueil de poésie « anzwum».
Depuis 1983, il traduit tout évènement touchant en caricature, ses études d'histoire, ont donné un champ fertile pour la caricature et son amour pour la bande dessinée a fait naître en lui une grande habileté de dessin.
Ses premiers caricature apparaissent en 1983, au collège de Boumalne du Dadès dans une revue locale» ANBD».
La question Amazigh sera traduite avec une grande force depuis 86 à travers la révolte contre quelques leçons d'histoire orientale qui touchent a la dignité de tamazgha. Sa première exposition de caricature a été refusé en 86 par le doyen de la faculté des lettres, mais sera organisée après une année à la fac des sciences.
Mallal développe des styles très diffèrents dans la caricature et dans le dialogue. Les commentaires sont secondaires Il ne traduit jamais la réalité sans intervention, il critique mais donne son opinion à travers le personnage qu'il a créer lui même sous forme d'AZA.
Mallal a formé des disciples. C'est une école de caricatures dont il a fait des milliers pour les revues Amazighes au Maroc et à l'étranger.
Le judaïsme berbère
L'arrivée des juifs en Afrique du Nord, sans doute en compagnie ou dans le sillage des navigateurs-commerçants phéniciens, remonte très loin dans le temps, sans qu'il soit possible de situer exactement la date à laquelle cette migration a commencé. Certains la font remonter à l'époque de Salomon (1er millénaire av. J.-C.), d'autres à la période qui a suivi la destruction du Premier Temple (587 av. J.-C.), d'autres encore à une date plus récente, après la destruction du Second Temple (70 de l'ère chrétienne).
Une première remarque s'impose : de tous les peuples qui, très tôt, ont commencé à se déplacer en Méditerranée d'Est en Ouest, seuls les Juifs n'avaient aucune visée conquérante ou colonisatrice et tout à fait paradoxalement, de tous les peuples qui se sont succédés, seuls ont survécu jusqu'à nos jours, s'infiltrant dès le début et s'intégrant dans la trame de la société et de la culture locales. Très tôt, ils essaimèrent depuis les comptoirs phéniciens côtiers vers l'intérieur des terres, s'insérant de manière organique dans chaque tribu, chaque village, s'imprégnant de l'environnement et l'influençant en retour.
Ironie du sort : ceux qui ont su et pu survivre à tous les bouleversements qui ont secoué la région, se sont trouvés, au milieu de ce siècle, impliqués, imbriqués dans un autre phénomène historico-politique non moins étonnant que leur survie.
C'est celui du retour en masse des juifs du Maghreb et d'Orient, sous l'impulsion de la vague messianico-sioniste des années 50 et 60, vers la même terre qui a vu certains de leurs lointains ancêtres, plusieurs siècles auparavant, partir à l'aventure en compagnie des intrépides marins de Tyr et Sidon. Ici semble se clore un chapitre passionnant de l'histoire des migrations en Méditerranée. Fin d'une coexistence qu'évoquent avec nostalgie ceux qui sont restés sur place, beaucoup moins ceux qui sont partis vers leur nouveau-antique destin.
Le « printemps berbère », comme a été baptisé l'éveil ethno-culturel amazigh, constitue une motivation supplémentaire pour tenter d'élucider ce phénomène d'osmose entre le Maghreb pré-islamique et les premiers représentants du monothéisme que les Berbères ont rencontrés, ce qui les a probablement préparés à adopter plus facilement l'autre version du monothéisme, celle de l'islam.
Cette rencontre judéo-berbère que certains auraient tendance à décrire comme un coup de foudre, présente des aspects énigmatiques que l'absence de preuves historiques irréfutables rend encore plus obscurs. L'intérêt très marqué de la part de certains militants pour le judaïsme, qu'ils considèrent comme une composante de leur identité, est à la fois un adjuvant et un danger.
Une recherche plus poussée s'impose pour en savoir plus sur les affinités, les apports mutuels et les relations réelles entre la communauté juive minoritaire qui a conservé sa pleine et entière autonomie religieuse et culturelle, et la communauté berbère majoritaire qui, malgré son islamisation totale, a cependant conservé dans son patrimoine quelques traces indélébiles de son contact avec le judaïsme bien avant l'arrivée de l'islam.
Mais qui sont les Berbères ? Ont-ils toujours vécu en Afrique du Nord et aux abords du Sahara ? L'incertitude des historiens et des archéologues, l'insuffisance de preuves épigraphiques, laissent la place libre à l'imagination qui, de toute façon et traditionnellement, s'est donné libre cours, renforcée en cela par certains écrits juifs et arabes du Moyen Age.
Ces écrits font état de légendes sur l'origine « cananéenne » des Berbères, dont l'ancêtre ne serait autre que le célèbre chef militaire Goliath (en berbère Jalout). Le légendaire s'imbrique ici dans l'histoire, l'interprète, la pervertit, l'idéalise, favorisant l'exploitation idéologique, culturaliste. Il faut dire qu'il y a là une sorte de revanche de la part d'une civilisation dénigrée cherchant à se réhabiliter, en minimisant ce qu'elle doit à l'environnement culturel dominant et en amplifiant la dette qu'elle pense avoir contractée vis-à-vis d'une autre, dénuée, celle-là, de toute prétention à l'hégémonie. Mais il y a davantage : outre le mythe de l'origine juive (ou cananéenne), a cours une autre thèse reconnue plus ou moins comme historique, bien qu'encore insuffisamment attestée, selon laquelle les Berbères auraient été en partie judaïsés. Les divergences à ce sujet entre historiens vont bon train, principalement quand il s'agit de la figure historico-légendaire de la Kahina.
La société berbère semble avoir été l'une des rares à n'avoir pas connu l'antisémitisme. Le droit berbère, azref, dit «coutumier», contrairement au droit musulman (et au droit juif, soit dit en passant), est tout à fait indépendant de la sphère religieuse. Il serait, par essence, «laïque» et égalitaire, et n'impose aucun statut particulier au juif, alors que la législation musulmane fixe le statut du juif (et du chrétien) en tant que dhimmi, «protégé», soumis à certaines obligations et interdictions. Le juif occupait une place bien définie dans le système socio-économique du village berbère : il remplissait généralement la fonction soit d'artisan (orfèvre, cordonnier, ferblantier), soit de commerçant, l'une et l'autre occupation pouvant être ambulantes.
Aujourd'hui encore, après trente ou quarante ans, les villageois de l'Atlas et des vallées sahariennes se souviennent avec nostalgie du temps où les juifs faisaient partie du paysage, allant jusqu'à imputer à leur absence la raison de leurs misères actuelles.
Peut-on en dire autant de l'image du Berbère musulman auprès de son ex-compatriote juif ? Rien n'est moins sûr. Il y a eu là comme un refoulement chez les juifs berbères immigrés en Israël quant à leur passé, dû sans doute à plusieurs raisons : leur nouvelle identité israélienne acquise «aux dépens» de leur précédente identité, les préjugés et quolibets qui frappaient et frappent encore les «chleuhs» (même en Israël). Leurs enfants et petits-enfants, nés en Israël, sont dans l'ignorance totale du patrimoine berbère de leurs parents.


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