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Le drame du cuir
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 09 - 09 - 2003

La filière du cuir se débat depuis quelques années dans une crise profonde à cause des agissements de la Nouvelle Somatam. Explications.
La Nouvelle Somatam persiste et signe. Cette société opérant dans le secteur du cuir appartient à un ressortissant yéménite installé au Maroc du nom de Hassan Motahar Al Turkey. L'intéressé et son entreprise, qu'il a rachetée à la BNDE, ont réussi à plonger en quelques années le secteur de la tannerie dans une crise profonde avec des manques à gagner colossaux pour l'économie nationale. Une crise qui dure et perdure. Origine de ce marasme : les exportations massives des peaux effectuées par la Nouvelle Somatam dont le patron use et abuse de tous les moyens pour arriver à ses fins.
D'ailleurs, M. Motahar a été pris récemment en flagrant délit d'exportation frauduleuse au port de Casablanca de 5 containers ( 144 tonnes) de peaux semi-finies (Wet blue) dont l'export est soumis à une licence préalable instaurée en avril 2001 par l'ex-ministre du Commerce et de l'Industrie Mustapha Mansouri. Ce sont les contrôleurs de l'administration des douanes qui ont découvert en juin dernier le pot aux roses. L‘affaire qui a fait grand bruit est tellement grave que le directeur général de l'administration des douanes a dû se déplacer sur les lieux pour constater de visu l'ampleur de l'infraction. Déchargement immédiat de la marchandise sous l'œil ébahi de Abderazzak Mossaddek, par ailleurs membre du gouvernement Jettou, et du représentant de l'entreprise pris la main dans le sac. Certes, les premières palettes contiennent des peaux en croûte, une variété dont la Nouvelle Somatam possède l'autorisation d'exporter. Mais ce n'est qu'un leurre. Les produits de façade cachent des quantités importantes de Wet Blue. Pour tromper la vigilance des douaniers, La Nouvelle Somatam a fait une fausse déclaration : la valeur des 11 tonnes de peaux en croûte tourne autour de 75.000 Dhs alors que la valeur réelle des produits qu'elle voulait faire sortir de manière frauduleuse du pays est estimée à plus de 7 millions de Dhs. Faites la différence. Cette opération de fraude de grande ampleur est doublée d'une entorse à la réglementation de l'Office des changes. La douane a soumis la marchandise à une saisie-conservatoire et engagé parallèlement à un arrangement à l'amiable des poursuites judiciaires contre la société. En attendant l'aboutissement de la procédure, M. Motahar s'est vu retiré son passeport. La nouvelle Somatam est nue et son patron dans de mauvais draps. Ce scandale vient éclairer d'un jour nouveau les méthodes de la Nouvelle Somatam qui n'en est pas du reste à sa première opération de fraude. Mais cette fois-ci, elle a été prise en flagrant délit…Des documents en notre possession montrent d'autres pratiques de la même eau. Il s'agit de trois factures (datées toutes du 2 mai 2003) non déclarées à la douane et envoyées directement par la direction de l'entreprise à trois clients différents en Espagne. Ces transactions totalisent plus de 4 millions d'Euros. Les responsables marocains, y compris le ministre de l'Économie et des Finances sont au courant des agissements de La Nouvelle Somatam. Déjà en juillet 2001, Fathallah Oualalou a dépêché des inspecteurs de l'office des Changes auprès de cette dernière. Le rapport d'enquête est accablant. Les violations à la réglementation des changes sont légion : entre 1993 et 1998, le manque à rapatrier au titre des exportations de peaux s'élève à plus de 58 millions de Dhs. Au cours de la même période, la Nouvelle Somatam a rapatrié hors les délais réglementaires des produits d'exportations atteignant près de 33 millions de Dirhams. Last but not least, l'augmentation du capital opérée en 1997 à hauteur de 2 millions de Dhs n'a pas été faite en devises mais compensé en 2000 par le biais du compte courant d'associé de M. Motahar lui-même sans autorisation préalable de l'Office des changes. La liste des infractions est longue. En un mot, la Nouvelle Somatam foule aux pieds les lois du Maroc, joue des réglementations en vigueur, et malgré cela, continue à sévir en toute impunité. Pire, les comptes comptables affichés par cette entreprise sont ceux d'une entreprise bonne à la liquidation judiciaire. Le passif au titre des impayés et autres ardoises sont de quelque 560 millions de Dhs. Jugez-en : les arrièrés CNSS et impôts accumulés sont respectivement de 60 et 40 millions de Dhs, tandis que les provisions sur jugement plus les amendes de la douane et l'Office des changes totalisent la bagatelle de 69 millions de Dhs. Et puis, la Nouvelle Somatam s'est permise par-dessus le marché de ne pas s'acquitter de la contribution libératoire pour laquelle elle a opté dans le cadre de la dernière amnistie fiscale. Quant à la somme des admissions temporaires (AT) échues, elles sont de l'ordre de 11 millions de Dhs dont un encours de 70 millions. En quoi il faut ajouter les 5 millions de la caisse de retraite (CIMR), les 200 millions de Dhs d'impayés pour les fournisseurs de peaux et autres produits chimiques. Sans oublier les créances auprès des banques d'un montant de 140 millions de Dhs et les chèques de garantie (signés par un des collaborateurs de M. Motahar )avoisinant les 40 millions de Dhs et échelonnés jusqu'à fin 2004.
À côté, la colonne actifs est extrêmement maigre. Selon les opérateurs du secteur, ils ne dépassent guère les 100 millions de Dhs. Une rapide opération de soustraction révèle un trou de plus de 500 millions de Dhs. L'État n'a rien gagné avec cette entreprise. Au contraire, il a tout perdu. Est-ce le modèle d'investisseurs que recherche le pays ? La situation est telle que nombre de tanneries ont mis la clé sous le paillasson et de grands groupes étrangers tels que André et Eram ont quitté le Maroc. D'autres seraient sur le départ comme l'Espagnol Compère. Responsable de la pénurie et du renchérissement du prix des peaux, la Nouvelle Somatam a fait beaucoup de mal à la filière et retardé sa mise à niveau où sont impliqués le fonds de dépollution (Fodep) et le fonds Hassan II pour la mise en place d'une zone industrielle et d'une station d'épuration comme en Tunisie et ailleurs. L'Association marocaine des tanneurs (AMT) a mis du temps pour le comprendre. Il a fallu le scandale du port de Casablanca pour que cette Association révise sa position à l'encontre de cette société et de son dirigeant. Le gouvernement est plus que jamais interpellé. Pour être lui-même opérateur dans l'industrie du cuir, Driss Jettou connaît parfaitement le problème. Il doit se pencher sérieusement sur le sinistre qui frappe un pan important de l'économie nationale.


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