Le processus démocratique est irréversible. Le Maroc vient de le montrer lors des législatives de 2007. Crédibles et transparentes, ces législatives ont marqué, à plus d'un titre, une rupture avec le passé. Une véritable rupture avec le passé. De l'avis des observateurs de la scène politique nationale, le Maroc n'a jamais connu d'élections législatives aussi libres et transparentes que celles du 7 septembre 2007. Avec ces élections législatives, «le Maroc a fait un pas positif en avant», note le président de l'organisation américaine National Democratic Institue (NDI), Kenneth Wollack. Constat que partagent les quelque 3.000 observateurs nationaux et internationaux qui ont suivi de près les différentes étapes du déroulement de ce scrutin législatif qui marque désormais un tournant dans l'évolution du processus démocratique dans notre pays. Les membres de la commission de supervision des élections ont visité le jour de l'élection 375 bureaux de vote situés dans 12 régions. Ils ont rencontré le jour du scrutin et les jours précédents des citoyens, des candidats, des observateurs nationaux, des représentants d'organisations de la société civile, des journalistes des médias nationaux et internationaux ainsi que les académiciens. Le constat est sans appel. Les élections législatives du 7 septembre se sont caractérisées par un esprit de transparence et de professionnalisme et se sont déroulées dans l'ordre, a souligné la mission d'observation internationale des élections. «Durant toute la campagne électorale, le gouvernement du Maroc a donné aux Marocains une opportunité significative de faire connaître leurs opinions politiques», souligne cette commission chapeautée par le NDI. Cette étape a été de loin décisive dans l'évolution démocratique du pays, si ce n'est le faible taux de participation qui demeure une légère tâche sombre dans ce rendez-vous électoral. Pourtant ni le gouvernement, à travers le ministère de l'Intérieur, ni les partis politiques encore moins les associations de la société civile n'ont lésiné sur les moyens pour faire de cette date l'étape la plus importante de ce Maroc du début du 21ème siècle. «Le taux de participation nous interpelle tous», a notamment déclaré le ministre de l'Intérieur Chakib Benmoussa, lors d'une conférence de presse tenue à l'issue des élections. «Le défi aujourd'hui consiste à réfléchir à la meilleure manière de mobiliser les électeurs afin de soutenir l'action politique», avait-il affirmé. Interpellés par cette abstention sans précédent, plusieurs partis politiques ont reconnu, de leur part, qu'il fallait revoir la manière dont ils avaient mené leur action politique. Outre cette faible participation au scrutin, les élections législatives du 7 septembre ont été marquées par un fait important. Le raz-de-marée islamiste, prédit par des analystes politiques de tout bord, n'a finalement pas eu lieu. Les Marocains ont choisi la voie de la modération et c'est le parti nationaliste de l'Istiqlal qui a gagné les élections avec 52 sièges. Les socialistes de l'USFP, classés premiers lors des précédentes législatives, se sont contentés d'un cinquième rang. Ce qui n'a pas manqué de provoquer une véritable crise politique au sein de cette formation. Autre fait marquant de ces élections, la confiance renouvelée en la majorité qui conduit les affaires pendant les cinq dernières années. Les Marocains ont opté pour la continuité, pour la réalisation des chantiers lancés partout dans le pays. Les partis de la coalition gouvernementale sortante ont enlevé ensemble 186 sièges, soit plus que la majorité absolue de la Chambre des représentants. Et c'est sans surprise que cette même coalition, le Mouvement Populaire (MP) en moins, a été reconduite aux affaires sous la direction de Abbas El Fassi. Aujourd'hui, le Maroc ayant démontré son rattachement aux valeurs démocratiques et à la transparence du jeu électoral, il est appelé à renforcer cette pratique lors des communales de 2009. Un nouveau tournant que le pays saura négocier avec autant de tact et de savoir-faire.