En Suisse, le prix de l'Entreprenariat social, créé par le fondateur du Forum économique de Davos, a été décerné cette année à Yasmina Filali. A travers elle, c'est toute la Fondation Orient-Occident, qu'elle avait lancé discrètement à Rabat il y a plus de 20 ans, qui a été récompensé jeudi 31 mars, pour la qualité de son action sur le terrain, orientée vers l'accompagnement social des migrants. La majorité des bénéficiaires sont en provenance de pays d'Afrique subsaharienne. En bref, la fondation les aide à s'insérer au Maroc, souvent vu au départ comme un pays de transit. Elle offre en effet un soutien, sur le plan matériel et psychologique, aux étrangers qui peuvent fréquenter le local de Rabat (ou celui d'Oujda) pour suivre des cours, s'informer sur leurs droits ou encore être conseillés dans leurs recherche d'emploi ou de logement. Dans la capitale, les bénéficiaires, originaires d'Afrique mais aussi de Syrie ou encore du Yémen, sont accueillis à El Akkari par une équipe très chaleureuse, ouverte et polyglotte. C'est dans ce quartier populaire, situé en bordure de l'océan, que se trouve le très grand local de la fondation. L'espace est ouvert à tous ceux qui vivent dans le quartier, étrangers et marocains, qui peuvent ainsi bénéficier d'une grande bibliothèque et de cours de langue gratuits, sans compter la riche programmation culturelle de la fondation, vu que c'est là que se tient tous les ans au mois de mai le festival Rabat Africa, dédié aux musiques du continent. Le centre pour réfugiés de la Fondation Orient-Occident acceuille plus de 1 400 personnes par an. « La RDC, Guinée-Conakry et Côte d'Ivoire, pour les deux tiers et un tiers, je dirais, ce sont des migrants en provenance de Syrie. Les premiers Africains subsahariens qui sont arrivés au Maroc, nous décrivaient une aventure terrible, un parcours interminable qui durait parfois des années pour s'en sortir… C'est vrai que nous avons été extrêmement touchés par cette détresse, par la violence de leur parcours », précise Yasmina Filali à la radio RFI. Parmi les grands chantiers lancés, des expériences peu courantes dans le pays : la fondation est l'une des premières à avoir mis en place un programme pour scolariser les enfants étrangers et leur permettre aux d'entrer plus facilement à l'école, après avoir avoir notamment appris à parler l'arabe. L'association propose aussi des logements d'urgence pour empêcher les mineurs de tomber dans la prostitution.