La longue rupture, ou plutôt, la rupture éternelle entre le Maroc et l'Algérie est fondamentalement imputable à notre voisin de l'Est, en raison d'une accumulation, non pas de malentendus ou de désaccords, mais de trahisons, depuis l'indépendance de ce pays et bien avant. Alger renie ses engagements sur les frontières La première des trahisons du système qui s'était installé par la force à Alger, en se substituant au gouvernement provisoire (GPRA), est le refus de renégocier les frontières avec le Maroc, convenu avec le GPRA, pour ne pas altérer la lutte de libération de l'Algérie. Au lendemain de son installation dans la capitale algérienne, Ben Bella s'est refusé à évoquer le sujet avec le Souverain marocain, qui effectuait la première visite d'un chef d'Etat étranger dans ce pays, nouvellement indépendant. En honorant l'engagement de ses prédécesseurs avec les Marocains, Ben Bella aurait certainement signé son premier acte de bon voisinage avec le Maroc, qui offrit les premières voitures officielles au gouvernement algérien ainsi que des hélicoptères, récupérées depuis Meknès par des pilotes algériens (témoignage récent de l'un de ces pilotes). Tout à fait conscient du revirement et des tergiversations et les pratiques machiavéliques du nouveau système, le Maroc continua de tabler sur le temps, pour quelque temps encore, pour pouvoir régler ce premier problème hérité de la colonisation, et qu'il aurait pu traiter avec la France, avant l'indépendance de l'Algérie, mais ses choix politiques et stratégiques étaient d'éviter de soulever des problèmes bilatéraux avec l'Algérie, pour ne pas altérer la résistance algérienne. Pour enterrer définitivement ce dossier des frontières avec le Maroc et consacrer le fait accompli, le système algérien imagina, comme aujourd'hui, de sinistres scénarios, notamment celui de provoquer des incidents à la frontière, sur des territoires jusqu'ici relevant de la souveraineté incontestée du Royaume du Maroc. Ainsi, l'armée algérienne, alors assistée de coopérants égyptiens et cubains, tua des gardes marocains, en poste aux frontières du Maroc à Hassi Beida et Tinjoub, en territoires marocains, et multiplia des agressions dans la région de Figuig et Oujda. Des émissaires marocains, envoyés à Alger pour protester contre l'assassinat de gardes marocains, ne reçurent aucun signe de regret de Ben Bella. Pire encore, les autorités algériennes poursuivirent leurs agressions contre le Maroc, dans le but évident de provoquer un conflit entre les deux pays et de là, imposer au Maroc, via l'OUA, l'intangibilité des frontières. La trahison est même antérieure à l'indépendance de ce pays qui a croupi pendant un demi-millénaire sous l'occupation étrangère, quand il ne fut pas tout simplement Terra Nullius . L'ancien dirigeant du FLN, Abdelhamid Mehri, une fois à la retraite, avait indiqué que l'engagement de l'Algérie à renégocier les frontières avec le Maroc n'était «qu'une tactique» pour ne pas altérer le soutien du Maroc à la cause de l'Algérie. En 1972, le Maroc et l'Algérie signèrent un accord frontalier et un traité de coopération, en présence du prétendu Zaim Algérien, Houari Boumediene et des chefs d'état africains, réunis à Rabat, pour un sommet de L'OUA. Là, le Zaim s'engagea officiellement et solennellement devant les chefs d'état africains, à soutenir le Maroc et la Mauritanie, pour la libération du Sahara. Les Algériens sont instamment priés aujourd'hui de réécouter les enregistrements vidéo des engagements du Zaim pour mesurer la gravité et l'ampleur de la trahison contre le voisin marocain. Alger s'oppose à la récupération du Sahara maroacin Alors que les deux pays devaient amorcer le bornage des frontières, une bande d'opposants marocains, qui reçurent, sur instruction du pseudo Zaim, leurs entrainements militaires en Algérie, sous le patronage de Chadli Bendjdid, alors commandant de la région militaire d'Oran, et s'infiltrèrent en territoire du Royaume, semant des troubles dans certaines villes du pays (1973). Quelques mois plus tard, le Maroc lance la Marche verte pour la récupération de son Sahara. L'Algérie s'y oppose d'abord, en désignant un avocat algérien à la Cour de la Haye, pour contester les droits historiques du Maroc sur son Sahara et, ensuite, créer un soi disant mouvement de libération du Sahara, dit polisario, installé dans un grand hôtel à Alger, pour contrer les revendications marocaines. Alger créa ensuite une république à Tindouf, et puise dans ses réserves en devises, pour le simple plaisir de faire échec au Maroc, au détriment des intérêts suprêmes du peuple algérien. Nous savons pertinemment que le peuple algérien n'a jamais dit son avis sur ce dossier et que seule une petite minorité de militaires, de diplomates et de plumes asservies, s'abreuvent à la caisse des réserves de devises du pays, issues des hydrocarbures. Expulsion de marocains d'Algérie Les Marocains n'ont pas oublié que 350 000 de leurs compatriotes avaient été refoulés d'Algérie, le jour de l'Aid Al Adha, manu militari, au lendemain de la marche verte, par le prétendu Zaim, «fervent partisan» du slogan du «Maghreb des peuples», pour venger notre pays. Ils n'oublieront également jamais le complotisme algérien contre notre pays, lorsque, en 1994, les services de renseignements algériens commanditaient un attentat à Marrakech, dans l'espoir de pouvoir infléchir la position des pays occidentaux en faveur de l'Algérie, qui menait seule le combat contre la violence qui avait éclaté dans le pays. L'attentat a été revendiqué par un ancien agent des renseignements algériens, aujourd'hui exilé à Londres. Cet attentat criminel, conçu et exécuté par les services de renseignements algériens, accorde à notre pays carte blanche pour instaurer le visa pour tous les visiteurs algériens, en mettant en veilleuse tous ses engagements dans le cadre maghrébin, parce qu'il y va de sa sécurité de prime abord. Si l'Algérie lève l'étendard de l'intangibilité des frontières, c'est toujours par crainte que le Maroc, et probablement la Tunisie et la Libye, ne soulèvent les problèmes des frontières, car ces deux pays, estiment, de leur côté, que leurs territoires avaient été amputés, en faveur de l'Algérie. Dans tous les cas, pour ce qui est du Maroc, il n'y a pas de doute que les dirigeants algériens redoutent, à ce jour, que le Maroc soulève le problème de ses frontières Est avec ce pays voisin. Le conflit du Sahara aurait-il été justement crée pour repousser éternellement et à jamais d'éventuelles revendications territoriales marocaines à l'Est, en faisant de Tindouf, restée marocaine jusqu'en 1952, un prétendu bastion de la lutte de libération «sahraouie», et pour «algérianiser» des populations anciennement marocaines, dont certaines conservent encore leurs cartes d'identité marocaines ! Les problèmes entre les deux pays ne se réduisent pas au défaut de confiance, mais plutôt à une accumulation de trahisons de l'Algérie contre le Maroc. *Journaliste et écrivain