Les exportateurs russes de céréales, en particulier de blé, se préparent à affronter une concurrence accrue sur les marchés internationaux, a rapporté mercredi l'agence Interfax, citant Alena Chatkova, responsable du département analytique du centre fédéral Agroexport. Lors d'une séance spécialisée organisée dans le cadre du salon Agro 2025 à Tcheliabinsk, Mme Chatkova a averti que «les risques de concurrence accrue dans les pays africains sont très élevés, en particulier en Afrique subsaharienne. En Afrique du Nord, le Maroc et l'Algérie se trouvent en zone de vulnérabilité. La concurrence progresse également au Moyen-Orient.» Elle a attribué cette pression au rétablissement des récoltes de blé dans l'Union européenne, susceptible d'accroître ses expéditions vers ses marchés traditionnels, «dont le Maroc», et au redéploiement attendu du blé ukrainien, désormais privé d'accès préférentiel à l'UE. Prévisions de production en forte hausse Selon son exposé, la production mondiale de blé, d'orge et de maïs devrait croître cette saison, entraînant une pression sur les prix. «Pour les principaux exportateurs de l'hémisphère Nord – Russie, Union européenne, Canada, Etats-Unis et Ukraine – on s'attend soit à un redressement des volumes, soit à un maintien autour des moyennes, avec la plus forte progression en Europe communautaire», a-t-elle précisé. Dans l'hémisphère Sud, l'Australie et l'Argentine devraient elles aussi enregistrer de bons rendements et proposer «des volumes substantiels sur le marché mondial». Les prévisions indiquent que l'Union européenne pourrait exporter 32,5 millions de tonnes de blé en 2025-2026 (contre 26,5 millions l'an dernier), les Etats-Unis 23,1 millions de tonnes (contre 22,5), l'Australie 28 millions (contre 23) et l'Argentine 13 millions (contre 11). Demande soutenue en Afrique du Nord et en Asie Mme Chatkova a observé que la demande d'importation de blé en Afrique du Nord et en Afrique subsaharienne resterait stable par rapport à la campagne précédente. En Asie, la reprise serait portée par l'Indonésie et la Chine, cette dernière ayant subi «une chute brutale de ses achats l'an passé». Concernant le Moyen-Orient, elle a relevé un potentiel accru, «la Turquie jouant un rôle moteur». Après avoir interdit les importations de blé l'an dernier, Ankara devrait réduire sa production cette année et rétablir ses achats à environ 7,5 millions de tonnes. Le Maroc, marché en progression pour le blé russe Interfax précise que les exportations russes de blé représentent depuis plusieurs années jusqu'à un quart du marché mondial, avec une prééminence en Egypte, au Bangladesh, en Turquie et en Arabie saoudite. Le Maroc, pour sa part, a enregistré une hausse notable de ses approvisionnements. «La géographie a quelque peu évolué. En fin de saison dernière, une attention accrue a été portée aux pays africains. L'Afrique du Nord signifie traditionnellement l'Egypte, importateur clé, mais l'Algérie a acquis des volumes appréciables et les livraisons au Maroc ont connu une progression significative», a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que le Nigeria, le Kenya et la Tanzanie figuraient également parmi les acheteurs africains tandis qu'en Asie, la Russie maintenait des positions solides au Bangladesh, en Iran et en Indonésie, malgré un recul vers certaines destinations au profit de l'Argentine et de l'Australie.