Derrière les discours amicaux, le Forum d'investissement et de commerce égypto-marocain, ouvert au Caire par Hassan El-Khatib, ministre égyptien de l'investissement et du commerce extérieur, a laissé transparaître les lenteurs, les asymétries et les non-dits qui freinent, depuis des années, l'essor d'un véritable échange équitable entre les deux rives. Aux côtés de M. El-Khatib figuraient Omar Hejira, ministre marocain du commerce extérieur et Mohamed Aït Ouali, ambassadeur du royaume du Maroc en Egypte. L'intitulé du forum, «Partenariat économique prometteur», semblait vouloir conjurer l'inertie plus que traduire une trajectoire déjà à l'œuvre. Une rhétorique rodée, des obstacles persistants Dans une allocution ciselée, M. El-Khatib a mis en avant les accords multilatéraux censés ouvrir la voie à une coopération fluide : l'accord d'Agadir, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), et la grande zone arabe de libre-échange (GZALE). Ces textes, a-t-il affirmé, «permettent d'élargir l'accès aux marchés extérieurs et d'enraciner une complémentarité industrielle durable». Mais dans les couloirs du forum, les acteurs économiques, eux, pointaient les lenteurs douanières, les écarts de réglementation et les entraves techniques encore trop nombreuses. Les mécanismes censés favoriser la circulation des biens pâtissent d'un manque de mise en œuvre concrète. L'Egypte promet d'abréger les délais de dédouanement et de simplifier les procédures mais peu de détails ont été avancés quant à la temporalité de ces annonces. Volonté politique marocaine, attentes mesurées M. Hejira s'est voulu plus affirmatif, évoquant «une volonté ferme de hisser les exportations marocaines en facilitant l'enregistrement des produits et en instaurant un couloir rapide au profit des marchandises nationales». Ce discours se veut rassurant, mais n'éclipse pas les réserves exprimées par certains industriels marocains, confrontés à des contraintes d'accès au marché égyptien depuis plusieurs années. Mohamed Aït Ouali, quant à lui, a salué la tenue du forum, sans toutefois masquer les attentes du royaume en matière de réciprocité, appelant à «des engagements tangibles de part et d'autre pour bâtir une architecture commerciale équilibrée». La voix d'Ahmed El-Wakil, président de la fédération des chambres de commerce égyptiennes, a introduit une tonalité plus stratégique : utiliser les positions géographiques des deux pays comme leviers logistiques vers l'Afrique et l'Europe. Mais là encore, les annonces restent théoriques, faute de projets concrets ou de calendrier opérationnel.