Président de l'Association marocaine des professionnels de la finance participative Portée par l'essor de sa composante immobilière, la finance participative poursuit sa progression au Maroc. Mais sa dépendance à un unique produit freine encore son ancrage dans l'économie réelle, en l'absence d'outils d'épargne et de financement plus diversifiés. Fintech, IA... Ces innovations ont-elles leur place dans le modèle participatif ? Tout ce que la finance conventionnelle a pu développer grâce à la fintech et à l'intelligence artificielle est transposable à la finance participative. Personnalisation des services, automatisation, gestion du risque : ce sont des outils qui peuvent enrichir le modèle. Il ne faut pas oublier que nos ancêtres travaillaient déjà avec des outils participatifs bien avant le protectorat. Aujourd'hui, c'est l'heure du renouveau. Existe-t-il des cryptomonnaies compatibles avec la charia ? Oui, c'est envisageable. À condition que ces actifs soient adossés à l'économie réelle. Une crypto ne peut pas être déconnectée. Elle doit refléter un secteur tangible. On a vu des actifs monter en flèche sans justification économique, et c'est problématique. Une réglementation s'impose pour garantir la transparence et sécuriser les épargnants. Car il s'agit de toucher à l'épargne nationale. Peut-on imaginer une bourse islamique au Maroc ? Nous n'irons pas vers une bourse parallèle. Ce sera la Bourse de Casablanca, avec un compartiment participatif structuré autour d'un indice. Cet indice reposera sur des filtres sectoriels et financiers. Seront exclus les secteurs comme l'alcool, l'assurance conventionnelle ou les produits de taux. Sur le plan financier, l'endettement devra rester sous les 33 %, et les revenus d'intérêt sous les 5 %. Le but est d'indexer des sociétés ancrées dans l'économie réelle. Le Maroc peut-il devenir un hub pour la finance participative en Afrique ? C'est notre ambition. Nous travaillons déjà avec des partenaires ivoiriens, sénégalais, camerounais. Ils viennent en voyages d'études, nous échangeons avec leurs associations, nous les accompagnons dans la structuration de leurs écosystèmes. L'idée est que demain, un investisseur sénégalais puisse placer ses fonds au Maroc, et inversement. Cela prendra du temps, mais l'élan est là. Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ECO