Le groupe britannique Sound Energy PLC, engagé dans l'exploration gazière en Afrique du Nord, a dévoilé des résultats annuels 2024 fortement dégradés, plombés par une dépréciation massive de ses actifs résiduels au Maroc, en dépit d'une opération de cession majeure conclue avec Managem, selon des documents consultés par Barlamane.com, vendredi 16 mai. Des flux de trésorerie restaurés, mais une structure affaiblie La vente à Managem, conglomérat minier marocain, de la filiale Sound Energy Morocco East Ltd (SEME), opérateur de la concession de Tendrara ainsi que des permis d'Anoual et du Grand Tendrara, a permis à Sound Energy de recouvrer une partie de ses investissements passés. Le groupe a obtenu des liquidités substantielles couvrant les dépenses engagées depuis janvier 2022, et conserve des intérêts minoritaires assortis d'une participation gratuite aux forages exploratoires prévus. Pourtant, cette opération n'a pas empêché Sound Energy d'enregistrer une perte nette de 122 millions de livres sterling, conséquence d'un ajustement comptable imposé par la comparaison entre la valeur comptable des actifs non cédés — notamment à Sidi Moktar — et leur valeur recouvrable. Cette charge de dépréciation constitue le poste dominant du résultat consolidé négatif. La trésorerie consolidée a été momentanément soutenue par un crédit-pont consenti par 2i Partners, lequel a été remboursé en décembre 2024, intérêts compris. Le groupe continue toutefois de porter un endettement significatif, assorti d'intérêts courus s'élevant à 568 800 £. Retards logistiques sur le projet de GNL à Tendrara L'activité de liquéfaction de gaz naturel sur le site de Tendrara, élément central du redéploiement industriel de Sound Energy, n'a pas connu l'essor escompté. En raison de retards dans la livraison des équipements et de dépassements dans les travaux de génie civil, la mise en service du complexe a été différée à l'année 2025. Seule l'installation de la cuve de stockage a progressé de manière tangible. Les composantes critiques étaient, à fin décembre, en cours d'acheminement ou déjà réceptionnées sur site. Depuis la cession, Managem exerce la pleine responsabilité opérationnelle de la concession. L'entreprise s'appuie sur son personnel ainsi que sur d'anciens salariés de SEME pour maintenir la continuité des travaux. Sound Energy conserve un rôle d'appui technique et de transfert d'expertise. Parallèlement, le développement de la phase 2 — pipeline à destination du réseau national marocain — dépend encore d'une actualisation de l'étude d'ingénierie initiale en vue de refléter les coûts 2025. Un accord contraignant a été conclu avec Managem pour financer ce développement par portage. La société dispose par ailleurs d'un contrat de vente avec l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE), ainsi que d'un financement bancaire principal auprès d'Attijariwafa bank, encore conditionné à la réalisation de clauses suspensives. Exploration en attente, gouvernance remaniée Sur le plan exploratoire, les permis d'Anoual et du Grand Tendrara font l'objet d'une demande de prorogation auprès des autorités marocaines. Aucun forage ne pourra être engagé sans approbation ministérielle définitive. Managem pilotera les opérations, et prendra à sa charge les coûts de deux forages, auxquels Sound Energy restera associé. À Sidi Moktar, toujours sous la houlette de la filiale Sound Energy Morocco South Ltd (SEMS), une campagne sismique est envisagée en 2025 ou au plus tard en 2026. Toutefois, les contraintes administratives et logistiques ralentissent tout déploiement sur le terrain. Sur le plan social, l'entreprise revendique un engagement de proximité : une conduite d'eau a été installée pour alimenter une école rurale et l'entreprise affirme employer une main-d'œuvre locale chaque fois que les conditions le permettent. Le conseil d'administration a connu plusieurs mouvements. Simon Ashby-Rudd a quitté le groupe à l'annonce de la cession à Managem. Mohammed Seghiri, directeur exécutif de longue date, a pour sa part rejoint Managem, permettant une transition sans rupture. Le conseil est désormais réduit à trois membres, dont un seul exécutif. Priorité à la gestion des ressources et des engagements La société affirme accorder une attention accrue à la sûreté de ses installations et à la réduction de son empreinte carbone. Un accident corporel et un incident routier ont été recensés en 2024. Les émissions de CO2 (essentiellement liées aux travaux lourds à Tendrara) ont été contenues à 936 tCO2e. Une étude de captation du dioxyde de carbone est en cours avec un prestataire spécialisé. Par ailleurs, Sound Energy a poursuivi son étude conjointe avec Getech, portant sur le potentiel en hydrogène naturel et en hélium au Maroc. Les premiers résultats sont attendus courant 2025. Enfin, la direction a tenu à rassurer ses actionnaires sur la stabilité du modèle d'affaires. L'émission de 117,5 millions d'actions a permis de solder les obligations convertibles héritées de 2023. À l'avenir, la priorité sera donnée à la rigueur budgétaire, à la valorisation du portefeuille subsistant, et à la recherche d'options de croissance exogène dans un environnement énergétique en mutation. «Nous restons fermement engagés à dégager des revenus pérennes tout en conservant une gouvernance exigeante et une discipline financière constante», a déclaré Graham Lyon, président exécutif du groupe.