Le Maroc entend consacrer 6,2 milliards de dirhams à un programme de redressement du cheptel national, fortement amoindri après six années de sécheresse ininterrompue, a déclaré mercredi 21 mai le ministre de l'agriculture Ahmed El Bouari. Une déperdition historique du cheptel Selon les dernières données fournies, la taille globale des troupeaux bovins et ovins a connu une contraction de 38 % par rapport au recensement réalisé neuf ans plus tôt. Ce recul brutal, conséquence directe de conditions climatiques extrêmes et de dérives budgétaires et politiques, a également engendré des pertes d'emplois considérables dans le secteur agricole, déjà fragilisé. Pour l'exercice 2025, une enveloppe de trois milliards de dirhams sera affectée à des mesures de redressement, tandis que 3,2 milliards supplémentaires seront déployés en 2026. Ces sommes serviront notamment à l'allègement et à la révision des dettes contractées par les éleveurs, à des subventions sur les aliments pour bétail, ainsi qu'à des actions ciblées de soutien aux exploitants conservant des femelles reproductrices. Le programme comprend également des campagnes vétérinaires élargies, un effort accru en matière de sélection génétique et le recours à l'insémination artificielle, a précisé le ministre. Exigence de rigueur et de transparence La mise à disposition d'un tel volume budgétaire appelle une vigilance accrue des autorités de tutelle. Dans un pays où les précédents de dilapidation des fonds publics n'ont pas été rares dans le secteur rural, les observateurs insistent sur la nécessité d'un mécanisme rigoureux de traçabilité des décaissements, assorti de contrôles indépendants. «Il ne saurait être question que ces ressources exceptionnelles s'égarent dans les interstices de la bureaucratie ou les circuits clientélistes», estime une source proche du dossier interrogée par Barlamane.com. En février, les autorités ont exhorté la population à renoncer exceptionnellement à l'abattage rituel des ovins à l'occasion de l'Aïd Al-Adha, dans l'espoir de préserver les effectifs ovins restants et d'accélérer leur régénération avant la fin de 2025.