Le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari, a détaillé les mesures gouvernementales destinées à reconstituer le cheptel national, en application des hautes instructions royales. Lors du point de presse hebdomadaire du porte-parole du gouvernement, tenu à l'issue du Conseil de gouvernement, Ahmed El Bouari, a présenté les grandes lignes du programme national de reconstitution du cheptel. Ce dispositif découle des orientations du Roi Mohammed VI, exprimées lors du Conseil des ministres du 12 mai 2025. L'objectif est d'exploiter les effets positifs des dernières précipitations pour relancer durablement l'élevage national, dans un cadre structuré et suivi. Le programme s'articule autour de cinq axes et sera mis en œuvre sous la supervision des autorités locales, avec une circulaire conjointe définissant le rôle de chaque intervenant. Sa mise en œuvre mobilisera environ 3 milliards de dirhams d'ici fin 2025, auxquels s'ajouteront 3,2 milliards de dirhams en 2026 sous forme de soutien direct aux éleveurs ayant conservé les femelles du cheptel. Cinq axes pour reconstituer le cheptel national Le premier axe concerne la restructuration des dettes des éleveurs. Environ 50.000 d'entre eux seront concernés, pour un coût estimé à 700 millions de dirhams pris en charge par l'État. Il est prévu l'annulation de 50 % du capital et des intérêts pour les dettes inférieures à 100.000 dirhams, ce qui concerne 75 % des bénéficiaires, explique le ministre. Les dettes comprises entre 100.000 et 200.000 dirhams bénéficieront d'une annulation de 25 %, tandis que celles supérieures à 200.000 dirhams feront l'objet d'un rééchelonnement accompagné d'une exonération des intérêts de retard, fait savoir El Bouari. Le deuxième axe prévoit la subvention de l'alimentation animale. L'État interviendra sur les prix de sept millions de quintaux d'orge, ramenant le prix du kilo à 1,5 dirham, et sur les aliments composés pour ovins et caprins, fixés à 2 dirhams le kilo. Ce soutien nécessitera un budget d'environ 2,5 milliards de dirhams, souligne le responsable gouvernemental. Le troisième axe porte sur la protection des femelles ovines et caprines, via une opération de marquage et d'interdiction d'abattage, avec un objectif de plus de 8 millions de femelles conservées d'ici mai 2026. Une aide directe de 400 dirhams sera versée par femelle identifiée et non abattue, indique le ministre. Le quatrième axe concerne la santé animale. Une campagne préventive sera lancée pour protéger environ 17 millions de têtes contre les maladies liées à la sécheresse, avec une enveloppe de 150 millions de dirhams. Enfin, le cinquième axe prévoit un encadrement technique des éleveurs pour améliorer la productivité. Il inclut la création de plateformes d'insémination artificielle et un accompagnement ciblé, pour un montant de 50 millions de dirhams. Par ailleurs, et en rapport avec le dernier rapport du Conseil économique, social et environnemental, le ministre a rappelé que 54 % de la population rurale vit de l'agriculture familiale (petite et moyenne) , soit environ 7 millions de personnes. Cette catégorie a bénéficié de 55 % des financements publics alloués au Plan Maroc Vert, soit près de 55 milliards de dirhams sur un total de 194,5 milliards, a-t-il fait savoir. De même, M. El Bouari a souligné que les défis auxquels font face ces exploitations sont bien identifiés et partagés, et que la vision actuelle met le petit agriculteur au centre des priorités. La coordination avec le ministère de l'Intérieur et la mobilisation des autorités locales visent à garantir que le soutien atteigne effectivement les éleveurs concernés, notamment dans les zones reculées, a-t-il conclu.