L'Espagne et le Portugal ont réitéré leur requête à la Commission européenne et au gouvernement français afin qu'ils œuvrent à l'achèvement des connexions électriques entre la péninsule ibérique et le reste du continent, jugeant cette démarche conforme à l'esprit communautaire et aux exigences de résilience énergétique. Interrogée à Bruxelles en marge d'une cérémonie marquant le quarantième anniversaire de la Fédération du Parti socialiste ouvrier espagnol en Europe, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Teresa Ribera, a estimé que cette demande conjointe était «pleinement congruente avec l'idéal européen, le sentiment d'appartenance à une communauté solidaire et la nécessité de disposer d'un réseau énergétique plus fiable.» Interpellée à propos de l'intention affichée par Lisbonne de se tourner vers le Maroc pour développer une interconnexion méridionale en cas d'inertie française, Mme Ribera a relativisé la portée de cette option, évoquée par la presse. «Une liaison avec le Maroc ? Bien entendu. Mais cela ne saurait être envisagé comme une solution de substitution», a-t-elle précisé. Et d'ajouter : «Il s'agit de compléter les flux, non de s'y soustraire. La capacité exportatrice marocaine demeure modeste et son appareil de production est avant tout destiné à la satisfaction des besoins domestiques.» Dans deux lettres distinctes adressées le 21 mai à la Commission européenne et au gouvernement français, remises en main propre par la ministre portugaise de l'environnement et de l'énergie, Maria da Graça Carvalho, à l'eurocommissaire à l'énergie, Dan Jørgensen, Madrid et Lisbonne dénoncent la persistance d'un isolement électrique inacceptable. La péninsule ibérique dispose en effet de la capacité d'interconnexion la plus faible de l'Union européenne (UE), bien en deçà du seuil minimal de 15 % fixé pour l'année 2020, échéance déjà échue, a rappelé Mme Ribera, par ailleurs ministre espagnole de la Transition écologique en congé de ses fonctions. «L'Espagne et le Portugal plaident de longue date pour que la France honore ses engagements en matière de connexions transfrontalières. Il ne saurait être toléré qu'un enjeu d'intérêt général européen soit tributaire de la seule volonté d'un Etat membre», a-t-elle déclaré. Le rappel à l'ordre intervient quelques semaines après une coupure électrique sans précédent ayant affecté plusieurs zones de la péninsule ibérique le 28 avril, mettant en lumière la vulnérabilité des systèmes isolés. La Commission européenne, par la voix de Mme Ribera, s'est dite pleinement consciente de la nécessité d'édifier une Europe «où les infrastructures énergétiques garantissent à la population et aux entreprises un accès à une électricité plus stable, moins onéreuse et moins émissive.» L'interconnexion maroco-espagnole actuelle, mise en service en 1997 et doublée en 2006, est encadrée par l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) et Red Eléctrica de España (REE), avec un projet en cours d'une troisième liaison de 700 mégawatts. Les discussions sur la poursuite du maillage euro-méditerranéen seront évoquées lors des prochaines réunions ministérielles de l'Union pour la Méditerranée (UpM) et dans le cadre du Plan REPowerEU.