Derrière les projecteurs des démonstrations et des compétitions, le Salon du cheval d'El Jadida révèle aussi des récits de passion et de complicité entre les cavaliers et leurs montures, illustrant le profond lien qui unit l'Homme et l'animal. Avec plus de 1.000 chevaux rassemblés, la 16e édition du Salon offre une vitrine exceptionnelle de la richesse du patrimoine équin marocain, mais aussi des relations intimes tissées au fil du temps entre les hommes et leurs chevaux. C'est le cas de Jaafar, qui parle de son cheval « Jadank », un Arabe-Barbe de neuf ans, avec une rare affection. « Je l'ai acquis lorsqu'il n'avait que deux ans. Depuis, il m'est devenu impossible de m'en détacher, c'est comme avoir un enfant à la maison », confie-t-il à la MAP. Chaque jour, le cheval bénéficie d'un entraînement régulier, d'une douche et, surtout, de toute l'attention de Jaafar. Après le travail, il se rend systématiquement auprès de lui pour le nourrir, le cajoler et s'assurer qu'il se porte bien, parfois en pleine nuit, raconte-t-il. Avec le temps, le cheval reconnait la voix, la présence et même les gestes de son propriétaire, se montrant d'ailleurs peu à l'aise avec les autres, refusant souvent de se laisser guider par quiconque, relève ce natif de la ville de Guercif. Pour Jaafar, cette relation dépasse la passion de l'élevage ou de la compétition, garder Jadank est devenu une évidence, presque une nécessité. « Je veux l'avoir et en prendre soin. Si je le donnais, ce serait comme si je donnais ma foi », se livre-t-il. Cette affection mutuelle illustre une vérité universelle, la relation entre l'homme et le cheval repose avant tout sur la compréhension et la confiance, estime Jean-Louis Gouraud, écrivain, historien équestre et grand connaisseur du monde du cheval, qui participe au Salon du cheval dans le cadre du programme des conférences de cette édition. « Les chevaux méritent bien que l'on se préoccupe de leur bien-être en échange du bonheur qu'ils nous procurent », affirme-t-il à l'occasion d'une rencontre organisée dans le cadre de cette grand-messe équestre. C'est dans cet esprit que s'inscrit l'équitation éthologique, une méthode d'éducation fondée sur l'observation du comportement naturel du cheval. Loin de la domination, elle privilégie le dialogue et la douceur, en reconnaissant la nature du cheval comme un être sensible, attentif à la cohérence et à la sérénité de son cavalier, explique l'expert. À la carrière (B) du Salon du cheval d'El Jadida, alors que le concours des chevaux Aabes-Barbes bat son plein, le nom de Jadank retentit dans les haut-parleurs, annonçant que le cheval s'est adjugé la troisième place de la « Coupe des champions » dans la catégorie « Senior Male ». Sous les applaudissements du public, le prestigieux équidé avance avec prestance, sa robe lumineuse captant les regards, accompagné de son fidèle compagnon, Jaafar, dont le sourire discret traduit une fierté évidente. En quittant la carrière, les félicitations affluent et les visiteurs s'approchent pour immortaliser le moment, multipliant photos et selfies avec le cheval primé, qui pose calmement, tête haute, incarnant la grâce et la beauté du cheval Arabe-Barbe, fleuron du patrimoine équestre marocain.