Un vaste plan directeur d'aménagement intégré des ressources en eau, conçu pour le bassin hydraulique du Sebou, engagera des investissements estimés à 85,5 milliards de dirhams (MMDH) d'ici à 2050, a fait savoir vendredi 30 mai un responsable de l'Agence du bassin hydraulique du Sebou (ABHS). Présenté à l'occasion d'un colloque organisé par le conseil de l'arrondissement de Saïss à Fès, ce plan repose sur une architecture en sept volets : garantie de l'alimentation en eau potable, pérennité de l'agriculture irriguée, maîtrise des ressources souterraines, entretien du patrimoine hydraulique, lutte contre les crues, organisation de la réponse aux périodes de sécheresse, et sauvegarde de la qualité des eaux. Nourredine Serghini, chef du service communication et partenariat au sein de l'ABHS, a précisé que l'agence envisage la construction de dix nouveaux barrages majeurs, ce qui porterait la capacité globale de stockage du bassin à neuf milliards de mètres cubes. Il a estimé que ce projet permettra d'affronter les déséquilibres croissants entre ressources disponibles et besoins projetés, dans un territoire où la population pourrait atteindre 9,2 millions d'habitants à l'échéance 2050. «Nous nous attendons à une baisse des précipitations de l'ordre de 10 %, ce qui pourrait entraîner une réduction de 20 à 40 % des apports hydriques. Le déficit annuel des nappes phréatiques avoisine déjà 268 millions de mètres cubes», a-t-il averti. Parmi les mesures prévues figurent notamment la mobilisation des ressources dites non conventionnelles, la récupération des eaux pluviales, l'amélioration des rendements dans la distribution, l'irrigation localisée à grande échelle, ainsi que des campagnes d'information sur les ajustements nécessaires face aux altérations climatiques. Le programme accorde par ailleurs une place centrale à l'action pédagogique. Des campagnes sont menées à destination des citoyens, des agriculteurs et des structures représentatives — associations d'usagers, organisations environnementales, chambres professionnelles — afin de susciter une vigilance partagée. Le chercheur Mohamed Zhimi, spécialiste des eaux souterraines, a souligné «l'urgence d'un changement dans les usages», évoquant «l'obligation morale de préserver l'eau pour les générations à venir». Il a enjoint les pouvoirs publics à mener «des campagnes d'ampleur auprès des jeunes publics, notamment dans les établissements scolaires». Loubna Ben Abdellah, vice-présidente du conseil de l'arrondissement de Saïss, a rappelé «le rôle vital de l'eau dans l'équilibre des sociétés et des milieux naturels», en appelant à «une prise de conscience collective et à une vigilance continue». Ce colloque s'est tenu dans le cadre d'une semaine de sensibilisation à l'eau et à l'environnement, organisée du 25 au 31 mai, en collaboration avec l'ABHS et plusieurs associations locales engagées dans la défense du bien commun.