Alors que le Maroc s'apprête à accueillir en juin plus de dix matchs officiels dans le cadre des compétitions africaines, le Royaume confirme sa position de plaque tournante du football continental. Bien au-delà du sport, ce calendrier dense illustre une stratégie diplomatique subtile, où le ballon rond devient un puissant levier d'influence et de rapprochement avec les nations africaines. Le Maroc se prépare à accueillir plus d'une dizaine de matchs amicaux entre sélections africaines au cours du mois de juin 2025. En plus des rencontres des Lions de l'Atlas, cette dynamique confirme le rôle du Royaume comme base arrière privilégiée pour de nombreuses équipes du continent, qui y disputent leurs matchs « à domicile ». Une situation rendue possible grâce aux accords de coopération tissés entre la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) et plusieurs fédérations africaines. Plusieurs confrontations sont prévues à Berrechid, Mohammédia et Casablanca dans le cadre de cette série de matchs. Parmi les sélections attendues figurent le Burundi, la Guinée-Bissau, le Gabon, le Niger, le Soudan, la Zambie, la Mauritanie, la Centrafrique, le Burkina Faso, le Zimbabwe et la Tunisie. Par ailleurs, le Maroc s'est progressivement affirmé comme une destination de choix pour les sélections nationales africaines, consolidant son rôle de "base arrière" du football continental. Cette position s'explique par une stratégie globale mêlant diplomatie sportive, investissements massifs dans les infrastructures et offre de services adaptés aux besoins des équipes africaines. La FRMF tisse des liens solides avec l'Afrique Depuis 2015-2016, la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) mène une politique active de coopération et d'échange avec les fédérations africaines. Une dynamique qui s'est intensifiée après la réintégration officielle du Maroc au sein de l'Union africaine, le 30 janvier 2017. Le retour du Maroc dans le giron africain s'est traduit par une mobilisation multisectorielle : politique, économique et bien sûr sportive. Aujourd'hui, plus de 43 partenariats lient la FRMF à ses homologues africaines. Le point de départ remonte à juin 2015, avec la signature de quatre premières conventions avec les fédérations du Burkina Faso, de la Gambie, du Rwanda et du Burundi. La vision portée par la FRMF consiste à proposer une offre de services complète aux sélections africaines : mise à disposition de centres d'entraînement pour les stages de préparation, formation des cadres techniques (arbitres et entraîneurs), accompagnement en management sportif, développement des jeunes talents à travers des stages dédiés, appui financier, sans oublier l'expertise marocaine en médecine du sport, véritable atout reconnu à l'échelle du continent. Le Maroc, hub sportif stratégique Plus qu'un simple réseau de partenariats, le Maroc mise sur des infrastructures footballistiques à la pointe, véritable levier de son ambition continentale. Avec la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030 en ligne de mire, le Royaume a injecté près de 20 milliards de dirhams pour rénover six stades clés à Tanger, Casablanca, Rabat, Agadir, Marrakech et Fès. En parallèle, un nouveau géant du football verra bientôt le jour à Benslimane : un stade colossal de 115 000 places, appelé à devenir le plus grand au monde et théâtre potentiel de la finale. Par ailleurs, inauguré en 2019 à Casablanca, le Complexe Mohamed VI incarne pleinement l'ambition du Maroc dans le football. Etabli sur plus de 35 hectares avec un investissement de 60 millions d'euros, ce centre est, selon son directeur général le plus grand centre de formation au monde entièrement dédié au football. Ses infrastructures comprennent cinq hôtels, onze terrains, dont un couvert, ainsi qu'un centre médical ultramoderne. S'y ajoute le grand stade de Tanger, d'une capacité de 75 600 places. Ce stade emblématique a déjà fait l'objet d'une modernisation importante : suppression de la piste d'athlétisme, extension des tribunes, couverture des gradins, et aménagement des espaces VIP et d'hospitalité. Il répond désormais aux exigences de la CAF et de la FIFA pour accueillir la CAN 2025 et la Coupe du Monde 2030. Le Stade Olympique de Rabat, annexe du Complexe Moulay Abdellah, d'environ 21 000 places, sera également utilisé pour des rencontres de la CAN 2025, notamment trois matchs du groupe C, tandis que d'autres infrastructures sont en phase de rénovation. Ces investissements massifs profitent directement aux équipes africaines, qui trouvent au Maroc des installations comparables à celles des grandes nations du football mondial. La qualité et l'accessibilité de ces équipements font du Royaume une destination privilégiée pour les sélections du continent. Le choix du Maroc s'explique également par sa proximité géographique avec l'Europe, à moins de trois heures de vol de la plupart des grandes villes européennes. Cette situation facilite grandement la logistique des sélections, dont la majorité des joueurs évoluent dans des clubs européens : moins de fatigue liée au voyage, plus de temps consacré à l'entraînement, et une libération plus rapide des joueurs pour leurs clubs. Par ailleurs, le climat marocain, surtout au printemps et en début d'été, est comparable à celui de l'Europe méditerranéenne, offrant aux joueurs un environnement familier, sans les extrêmes de chaleur ou d'humidité que l'on retrouve dans d'autres régions d'Afrique à la même période. Parallèlement, le Maroc propose une simplification des formalités douanières et administratives, facilitant ainsi l'organisation des stages et des matchs. Les fédérations apprécient également la possibilité de trouver facilement des adversaires sur place, puisque de nombreuses équipes africaines choisissent le Maroc, multipliant ainsi les opportunités de rencontres amicales de qualité. Ainsi, ces initiatives illustrent comment le Maroc transforme le football en un levier diplomatique puissant, consolidant sa position de leader régional et renforçant ses liens avec les nations africaines. Elles témoignent d'une stratégie délibérée visant à faire du Maroc un pilier stratégique du football africain. Une diplomatie sportive au service de l'Afrique Le Maroc est une nation passionnée de sport, où celui-ci est profondément ancré dans la culture et l'identité nationales. Ces dernières années, le Royaume s'est affirmé comme un hôte authentique et une destination de choix pour les événements sportifs. La diplomatie sportive y occupe une place centrale dans la Vision Royale, constituant une stratégie efficace pour renforcer le positionnement du Maroc contemporain dans de multiples secteurs. Cette diplomatie s'est traduite par de nombreux acquis, tout en restant attachée à la défense des causes nationales, en particulier la protection de l'intégrité territoriale du Royaume. Ce soft power sportif vise à consolider le leadership du Maroc à l'échelle mondiale, notamment sur le continent africain. Selon des médias internationaux, le Maroc bénéficie d'une solide expérience dans l'organisation d'événements sportifs internationaux majeurs. Plusieurs nations africaines, ainsi que la CAF, ont d'ailleurs exprimé leur soutien au Royaume. Cela montre que le pays a su renouer des liens avec certains Etats du continent, convaincre les plus hésitants, et utiliser le sport comme un vecteur de mesure et d'affirmation de son influence régionale. Le Maroc utilise activement le sport et la diplomatie sportive, dans le cadre d'une approche proactive, pour promouvoir et renforcer sa position sur la question du Sahara marocain, notamment à travers l'organisation d'événements sportifs internationaux dans les provinces du sud du Royaume. Ces manifestations constituent une vitrine internationale susceptible de soutenir non seulement les ambitions sportives du Maroc, mais aussi ses objectifs économiques, politiques et sociaux.