L'Association Rif pour le théâtre amazigh à Al Hoceïma et l'Espace Magh de Bruxelles dévoilent la création artistique «Tu es mon miroir», ce vendredi dans la ville marocaine, à l'issue d'une résidence de cinq artistes marocains et bruxellois entre les deux rives. Fruit d'un projet soutenu par le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication ainsi que la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Délégation générale Wallonie-Bruxelles au Maroc, cette œuvre mèle performance scénique, poésie, rap et slam en amazigh. Elle est dévoilée au théâtre du Centre culturel Moulay Hassan. Selon les deux structures porteuses du projet, il s'agit de l'aboutissement d'un travail commencé en 2023, à la suite de rencontres d'artistes locaux et d'associations à Al Hoceïma avec l'autrice Fatiha Saïdi, psycho-pédagogue et experte en genre, Fatoum, chanteuse belgo-marocaine originaire du Rif et Abderrahim Mekkaoui, formateur et animateur culturel. L'idée a ainsi été d'«offrir l'opportunité à des personnes vivant en milieu rural de bénéficier d'une culture métissée, avec le souci constant de toucher les femmes qui vivent, encore plus fortement, par l'absence ou la rareté de lieux culturels, la difficulté de s'investir dans des projets artistiques ou des espaces de parole», font-ils savoir auprès de Yabiladi. En outre, il s'agit de dynamiser la création commune, dans une démarche «participative et bienveillante». Le projet entend bien avoir son impact, notamment en renforçant le pont culturel entre les opérateurs artistiques de Bruxelles et d'Al Hoceïma, de manière à favoriser l'échange des bonnes pratiques. Il s'agit également de «faire mieux connaître les artistes locaux et de rompre l'isolement culturel qu'ils vivent encore, malgré les efforts consentis depuis quelques années». L'objectif a été aussi de «croiser les créations artistiques des artistes en leur permettant de 'donner de la voix' au son de l'adjoun (bendir, ndlr)», dans une logique de transmission musicale d'antan. Sur scène, le questionnement personnel sur l'identité et l'universalité devient une question collective. «Dans la pièce s'inviteront aussi les menaces qui planent sur les identités devenant parfois meurtrières pour paraphraser Amin Maalouf», avec des artistes qui invitent à «leur écriture identitaire partie d'une page blanche et en évolution autour de plusieurs supports artistiques». Ce processus a permis de sceller les liens entre les membres d'une troupe interculturelle et intergénérationnelle, composée notamment de la comédienne rifaine Dounia Lahmidi (Noomedia), ou encore le chanteur et musicien rifain Abdelaziz Benhaddou, fondateurs de la formation Twattun, précurseur de la chanson amazighe dans le Rif. Le groupe inclut également le chercheur universitaire et poète Saïd Abbouti, le rappeur et slammeur Mathieu D'Angelo (Maky), l'enseignant de la pratique du masque neutre Chaib Massaoudi, la poétesse et photographe Yasmine Messaoudi, ainsi que le graffeur et rappeur Djamel Oulkadi.