«Honoré d'avoir reçu le très francophile président du gouvernement provisoire kabyle Ferhat Mehenni au Sénat. Des échanges intéressants et une réelle amitié. Je soutiens le droit à l'autodétermination du pacifique peuple kabyle face à l'oppression du régime algérien.» C'est par ce message, publié le 3 juin sur le réseau social X, que le sénateur Stéphane Ravier (RN) a salué la présence au palais du Luxembourg d'une délégation du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK). Honoré d'avoir reçu le très francophile président du gouvernement provisoire kabyle @FerhatMhenni au Sénat. Des échanges intéressants et une réelle amitié. Je soutiens le droit à l'autodétermination du pacifique peuple kabyle face à l'oppression du régime algérien. pic.twitter.com/EREZripv1W — Stéphane Ravier (@Stephane_Ravier) June 3, 2025 Le Conseil de la nation a réagi avec virulence. Dans un communiqué rageux signé par son bureau, présidé par Azouz Nasri, l'institution a exprimé sa «profonde désapprobation», accusant «certaines parties du Sénat français» de multiplier «les dérapages et les scandales» en accueillant périodiquement «des éléments d'une entité désignée comme terroriste», sans égard pour les conséquences que de tels agissements pourraient entraîner sur les relations entre les deux Etats. Plus encore, le Conseil affirme que «les défenseurs et sympathisants de l'extrême-droite dans la France officielle et leurs semblables, qui se prétendent chefs de file de la liberté», œuvrent à «s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Algérie», en s'efforçant de «manipuler les sensibilités liées à l'unité nationale». Une rhétorique disqualifiante au service du pouvoir La propagande officielle algérienne recourt de manière systématique à la disqualification idéologique pour évacuer toute critique de sa politique. Toute personnalité étrangère dénonçant la répression, les détentions arbitraires ou les atteintes aux droits fondamentaux est aussitôt étiquetée «d'extrême droite», y compris lorsque ses propos relèvent de principes universels. Cette rhétorique, dont la fonction est de soustraire le régime à toute responsabilité, exclut toute forme de débat loyal et réduit le champ diplomatique à une série de condamnations convenues. Poursuivant sur un ton doctrinaire, le Conseil déclare que «l'Algérie indépendante n'a jamais succombé aux tentatives d'ingérence dans ses affaires intérieures, sous quelque prétexte que ce soit», avant de vanter «la cohésion du peuple et des institutions autour du président de la République, Abdelmadjid Tebboune», qu'il présente comme l'artisan d'un «Etat de droit et de justice, fondé sur la démocratie participative.» Dans une formule menaçante, l'organe législatif prévient que «l'Algérie, dont les maillons forment une chaîne unique et unie, n'acceptera aucune ingérence malveillante ou indulgente, même si elle se dissimule sous le couvert des droits de l'homme, de la justice et des libertés». Le Conseil conclut en désignant expressément «ces mêmes parties» comme responsables de toute détérioration ultérieure des relations algéro-françaises. Depuis la suspension unilatérale des relations entre les deux chambres, survenue le 26 février après la visite dans les provinces du sud marocain d'une délégation sénatoriale conduite par Gérard Larcher, la rhétorique officielle algérienne s'est durcie. L'outrance lexicale remplace l'analyse et certains titres de presse français cèdent sans distance à la propagande des médias du régime, relayant sans discernement des assertions dont la répétition vaut vérité aux yeux des plus complaisants.