Le Maroc figure parmi les nations qui, face à l'aridification croissante des terres, ont instauré des mécanismes de recharge maîtrisée des nappes phréatiques afin d'assurer la pérennité de l'approvisionnement en eau douce, selon le dernier rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Intitulé Global Drought Outlook, le document de 143 pages consulté par Barlamane.com avertit que «la superficie exposée aux sécheresses s'est accrue sous l'effet des dérèglements climatiques tandis que les répercussions humaines demeurent les plus aiguës en Afrique, où vingt-trois millions de personnes ont souffert de la faim en 2023». Le rapport insiste sur l'urgence d'une «adaptation proactive» avant que ne surviennent les phénomènes extrêmes, en rappelant que «les dommages économiques d'un épisode de sécheresse moyen sont aujourd'hui jusqu'à six fois supérieurs à ceux de l'an 2000» et que «leur coût devrait encore s'élever de 35 % à l'horizon 2035». Une recharge artificielle des aquifères à l'étude dans plusieurs régions du Maroc Dans cette perspective, l'OCDE met en avant la technique de Managed Aquifer Recharge (MAR), définie comme «la reconstitution des nappes souterraines par infiltration dirigée de l'eau excédentaire prélevée lors des périodes humides, en vue d'une mobilisation future en temps de sécheresse». Cette méthode, qui repose sur des bassins de recharge, des puits d'injection ou encore des dispositifs végétalisés favorisant l'infiltration, a été adoptée dans plusieurs Etats membres de l'OCDE, mais également par des pays du Sud, parmi lesquels le Maroc. L'organisation internationale souligne que «des pays tels que le Kenya, le Maroc, la Namibie, la Somalie et l'Afrique du Sud ont mis en œuvre des dispositifs MAR afin de renforcer la sécurité hydrique dans les régions soumises à un stress croissant sur les ressources en eau». Le rapport précise que cette démarche devient d'autant plus cruciale que «les ressources de surface s'avèrent rares ou soumises à de fortes variations saisonnières». Qualité de l'eau : un enjeu indissociable de la résilience L'OCDE rappelle que les politiques de recharge des aquifères doivent impérativement s'accompagner d'un contrôle rigoureux de la qualité des eaux, en raison de la concentration accrue de polluants induite par la raréfaction des volumes disponibles. «La mauvaise qualité de l'eau réduit la disponibilité d'eau potable et aggrave les déséquilibres en concentrant la salinité et les contaminants dans les nappes», observe le rapport, citant notamment le cas du Danemark, où «les teneurs élevées en nitrates et en polluants ont conduit à la fermeture de 30 % des forages en 2015». L'OCDE prévient que «la contamination des ressources souterraines pourrait s'amplifier de manière marquée d'ici 2050, affectant des milliers de masses d'eau» et appelle à un strict encadrement des rejets agricoles, industriels et urbains, à travers l'adoption de normes écologiques rigoureuses et le déploiement de technologies de traitement avancées. Une gouvernance hydrique intégrée au cœur des recommandations Enfin, l'organisation souligne que la résilience hydrique ne saurait découler de la seule gestion de l'eau : «elle suppose une action concertée en matière d'agriculture, d'occupation des sols, d'énergie, de transport, d'industrie, de construction et de systèmes de santé». Le rapport conclut : «le renforcement de la résilience face à la sécheresse doit devenir une priorité mondiale». Jo Tyndall, directrice de la direction de l'environnement de l'OCDE, réaffirme dans la préface l'engagement de l'organisation à «soutenir les pays dans l'élaboration de solutions prospectives et efficaces, leur permettant de se préparer et de s'adapter aux sécheresses dans un climat en pleine mutation».