Malgré des décennies de régulation dans les pays industrialisés, les peintures contenant du plomb — connues pour provoquer une intoxication grave, notamment chez les enfants — demeurent largement en circulation dans de nombreuses régions du monde. Le chromate de plomb, pigment responsable des teintes vives de ces peintures, en est l'un des principaux vecteurs. Face à cette situation, le Maroc, le Cameroun et la Suisse ont présenté une proposition conjointe en vue d'inclure les chromates de plomb à la convention de Rotterdam relative à la procédure de consentement préalable en connaissance de cause (PIC), qui régit le commerce international de substances chimiques dangereuses. Cette mesure aurait pour effet d'imposer que tout pays destinataire soit dûment informé des propriétés toxiques du produit, et qu'aucune exportation ne puisse être effectuée sans son consentement formel. Dans un rapport publié par la Réseau international pour l'élimination des polluants (IPEN), bien que l'Union européenne ait interdit l'usage de ces composés sur son propre territoire, plusieurs de ses Etats membres continuent à les exporter vers des dizaines de pays. Cette pratique, qualifiée de double standard, expose les populations — en particulier les enfants et les ouvriers — à des substances dont la dangerosité est reconnue. Le rapport d'IPEN, intitulé Lead in Solvent-Based Paints for Home Use in Cameroon, documente en détail la présence de concentrations extrêmement élevées de plomb dans des peintures vendues localement. Dans certains cas, les niveaux de contamination excèdent de plusieurs centaines de fois les limites recommandées par l'Organisation mondiale de la santé. Ce constat est présenté comme emblématique d'une problématique plus vaste touchant de nombreux pays du Sud. L'inscription des chromates de plomb à la procédure PIC, soutenue par le Maroc, vise à établir un contrôle international renforcé sur leur commerce. Elle permettrait, selon IPEN, de consolider les interdictions nationales, d'accroître la transparence des échanges et de mieux protéger les populations vulnérables exposées à ces substances hautement toxiques. Le débat sera porté devant les instances de la Convention lors de sa prochaine réunion qui se tiendra bientôt.