Le Maroc a connu en 2024 son année la plus chaude depuis le début des relevés, a annoncé vendredi 20 juin la Direction générale de la météorologie (DGM), soulignant une tendance désormais bien ancrée de dérèglements thermiques, en écho au réchauffement mondial. L'anomalie thermique annuelle moyenne s'est élevée à +1,49 degré Celsius par rapport à la période de référence 1991-2020, a précisé l'organisme public dans son rapport annuel. «L'année 2024 se distingue comme la plus chaude jamais mesurée au Maroc», affirme-t-il, précisant que seuls les mois de juin et septembre ont échappé à cette surchauffe constante. Une série ininterrompue de sécheresses et de chaleurs extrêmes Ce constat prolonge une succession de sept années de sécheresse, aggravée par des précipitations inférieures de 24,7 % à la moyenne annuelle, selon la DGM. À cela s'ajoute une recrudescence des extrêmes thermiques durant l'automne et l'hiver, saisons désormais soumises à des écarts de température de plus en plus accusés. En juillet 2024, plusieurs villes ont franchi des seuils journaliers historiques : 47,6 °C à Marrakech, 47,7 °C à Béni Mellal. Le record absolu reste toutefois celui d'août 2023, lorsque la ville d'Agadir a atteint 50,4 °C. En dépit des pluies torrentielles de septembre 2024 – responsables de crues ayant coûté la vie à 18 personnes – l'assèchement global des sols n'a pas été corrigé. «Ces événements, par leur violence et leur brièveté, accentuent les contrastes climatiques plutôt qu'ils ne les apaisent», observe le rapport. Une vulnérabilité structurelle accrue, selon un climatologue marocain Le professeur Mohammed-Saïd Karrouk, climatologue et président du Comité national marocain pour la planète future (CNPF), attribue cette dérive à la combinaison d'un relief contrasté et de l'influence croissante des océans tropicaux sur l'Afrique du Nord. «Le réchauffement ne connaît plus de saison. En automne, la persistance de la chaleur estivale favorise les pluies diluviennes. En hiver, c'est la température anormalement élevée des mers tropicales qui modèle le climat du Maghreb», précise-t-il. Ancien membre du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), il signale également un renforcement du flux de mousson ouest-africaine, dont la remontée vers le nord serait liée aux inondations meurtrières de 2024. Pour faire face à ces aléas, il recommande la construction d'abris adaptés pour les populations exposées, ainsi que de nouveaux barrages afin de capter une ressource en eau de plus en plus précieuse. Des répercussions graves sur l'agriculture et l'économie L'agriculture, qui mobilise près du tiers de la population active et génère environ 12 % du produit intérieur brut, souffre lourdement de ces conditions extrêmes. Les vagues de chaleur, devenues plus fréquentes, plus longues et plus violentes, en affectent la productivité et fragilisent les équilibres sociaux. À l'échelle planétaire, l'année 2024 a été confirmée comme la plus chaude jamais observée, et les premières projections laissent entrevoir un classement tout aussi préoccupant pour 2025. «Nous assistons à une accélération des bouleversements climatiques, dont les effets les plus sévères se manifestent désormais en Afrique du Nord», conclut la DGM.