L'Office des Nations unies contre le terrorisme (UNOCT) a établi à Rabat un «pôle continental d'excellence pédagogique» dédié à la sécurité et à la justice. Ce dispositif, détaillé dans un document diffusé jeudi 14 août, rend effectif le Bureau du programme de formation spécialisée en matière de lutte antiterroriste et d'application des lois en Afrique, également basé dans la capitale marocaine. Conjointement préparé avec le royaume du Maroc, ce programme «structure des enseignements accrédités fondés sur l'expertise territoriale et internationale», tout en servant de centre régional de formation antiterroriste. Il couvrira l'Afrique du Nord et de l'Ouest jusqu'en 2026. Deux failles structurelles ciblées Le dispositif pallie deux carences critiques : «l'indisponibilité chronique de formations certifiées» en matière antiterroriste, de contrôle frontalier et d'application des lois pénales ; parallèlement, il remédie à la «défaillance systémique dans l'échange probatoire» entre juridictions. Ces objectifs recouvrent les enquêtes terroristes (CT), la maîtrise des frontières (BSM) et l'administration pénitentiaire, domaines intégrés aux programmes mondiaux de l'UNOCT. Une coordination étroite avec les initiatives des Nations unies et des autres acteurs régionaux est prévue, afin d'éviter doublons et chevauchements. Sept axes méthodologiques fondent l'entreprise : constitution d'un «vivier de formateurs nationaux et régionaux», élaboration de référentiels pédagogiques homologués intégrant normes pénales et pénitentiaires, déploiement de «cadres d'apprentissage sécurisés», dotation des personnels en «instruments spécialisés» pour neutraliser les menaces, ancrage de «l'intégrité et des droits fondamentaux» dans les pratiques, instauration de «canaux fiables de transmission des preuves» entre autorités, et élaboration de matériels pédagogiques adaptés aux réalités régionales pour les personnels pénitentiaires et les programmes post-libération. Chaque Etat membre bénéficiera d'une mission d'évaluation débouchant sur un plan d'action sur mesure. Le bureau entend élever le niveau des compétences nationales en matière de police antiterroriste, de gestion frontalière et de régimes pénitentiaires, y compris les volets de prévention, de déradicalisation et de réinsertion. Il développera des cursus nationaux assortis de normes d'apprentissage et de qualifications reconnues, tout en diffusant les bonnes pratiques au sein d'environnements d'apprentissage sécurisés. L'objectif est de doter les Etats de la capacité d'enquêter sur des affaires complexes, de déjouer des projets terroristes et d'assurer l'intégrité des poursuites fondées sur des preuves. Garanties et financement Le projet intègre systématiquement «des modules consacrés aux libertés fondamentales», assortis d'un mécanisme de «vérification continue du respect des standards internationaux». Les activités de formation intégreront des modules spécifiquement axés sur les droits humains et la procédure régulière, conformément aux orientations onusiennes à venir sur la diligence raisonnable en matière de droits humains pour les enquêtes antiterroristes. Concernant la parité, des «mesures correctives promeuvent la représentation féminine» dans les fonctions décisionnelles, tandis que les dimensions genrées sont «incorporées aux contenus didactiques», avec attention particulière à «l'incidence des réglementations sur les organisations féminines». Dans les pays où les déséquilibres sont marqués, des actions spécifiques encourageront la participation des femmes, tant comme bénéficiaires que comme formatrices. Doté d'un budget de 1,4 million de dollars (environ 14,2 millions de dirhams), le projet bénéficie des contributions financières du rMaroc et de la Hongrie. Le Comité contre le terrorisme (CTED), l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et la Police de l'ONU (UNPOL) en sont les partenaires techniques.