Le secrétaire général de la Confédération nationale du pétrole et du gaz et président du Front national pour le sauvetage de la raffinerie marocaine de pétrole, Elhoussine Elyamani, a vivement critiqué, dans une nouvelle sortie, les niveaux actuels des prix du gazole et de l'essence au Maroc, les qualifiant de «porteurs de profits excessifs au bénéfice des opérateurs». Dans une déclaration publique, Elhoussine Elyamani affirme que le prix à la pompe appliqué au cours de la première quinzaine de juillet aurait dû, s'il avait été établi selon le mécanisme antérieur à la libéralisation tarifaire, plafonner à «9,77 dirhams pour le litre de gazole et 10,90 dirhams pour celui d'essence». Des bénéfices doublés ou triplés pour les distributeurs Selon lui, tout tarif excédant ces seuils correspond à une marge qu'il qualifie «d'indue», constituée au fil des années depuis l'abandon du système de fixation étatique en 2015. Il avance que les gains réalisés par les acteurs de la filière auraient, durant la période 2015-2024, «dépassé les 80 milliards de dirhams». Evoquant les fluctuations récentes du marché international, M. Elyamani rappelle que le prix de la tonne de gazole avait bondi à plus de 784 dollars le 19 juin, sous l'effet des tensions provoquées par «la guerre israélo-américano-iranienne», avant de redescendre «sous les 663 dollars à la fin du mois». Il estime que «les seuls véritables bénéficiaires de cette libéralisation demeurent les distributeurs dont les bénéfices ont été multipliés par deux pour le gazole et par trois pour l'essence», sans que ne soient pris en compte, selon lui, «les opportunités commerciales offertes par les cargaisons russes, alors même que le Maroc exporte désormais du gazole vers l'Espagne et l'Europe». Une même logique appliquée à d'autres produits essentiels Pour M. Elyamani, le système actuel «procède d'une même matrice doctrinale», dont l'objectif serait «d'étendre la libéralisation aux prix de l'électricité, du sucre, de la farine et du gaz». Il y voit «le prolongement d'un désengagement méthodique de l'Etat dans la garantie des services publics fondamentaux, qu'il s'agisse de la santé, de l'éducation ou de l'administration». Loin d'un simple diagnostic économique, ses propos s'inscrivent dans une dénonciation plus large d'un modèle qu'il juge défavorable aux citoyens et marqué par «le recul constant de la puissance publique dans la régulation des biens essentiels».