Une étude de la Chambre de commerce arabo-brésilienne affirme que plusieurs marchandises exportées par le Brésil pourraient être redirigées vers les pays arabes, dont le Maroc, après l'entrée en vigueur d'une surtaxe de 50 % décidée par l'administration de Donald Trump. Dans une enquête élaborée par le département d'intelligence de marché de la chambre, rendue publique mercredi 6 août, les auteurs estiment que les marchés arabes représentent une alternative crédible aux Etats-Unis pour de nombreuses marchandises brésiliennes. «Ces seront des marchés fidélisés, car les Arabes sont plus loyaux, plus conservateurs», a souligné le président de la chambre, William Adib Dib Junior, avant d'ajouter : «Je crois que toute porte qui s'ouvre dans cette période difficile restera ouverte, même si les tarifs venaient à changer». L'étude ne tient compte que des marchandises touchées par les surtaxes, à l'exclusion des produits exemptés par une liste d'exceptions ultérieure — tels que le jus d'orange, le pétrole brut ou les avions de petite taille. Elle vise à ouvrir des «voies nouvelles» pour les exportations brésiliennes vers les pays arabes. À cet égard, M. Dib affirme : «Le potentiel le plus significatif réside non dans de nouveaux produits, mais dans l'augmentation des volumes de ceux déjà commercialisés». Le Maroc mentionné parmi les débouchés clés En examinant les données du ministère brésilien du développement et du commerce extérieur (MDIC) et des Nations unies, l'étude observe qu'en 2024, le Brésil a exporté pour 40,4 milliards de dollars vers les Etats-Unis, tandis que ses importations en provenance de ce pays ont atteint 40,7 milliards de dollars, générant un déficit commercial de 300 millions de dollars. À l'inverse, les échanges avec les pays arabes se traduisent par un excédent croissant, passé de 2,68 milliards de dollars en 2022 à 13,4 milliards en 2024. Partant de cette évolution, le rapport identifie des opportunités dans plusieurs Etats arabes pour absorber les produits concernés par les hausses tarifaires américaines. Il indique par exemple que «l'Egypte, les Emirats arabes unis et le Maroc présentent un potentiel élevé pour les alliages semi-manufacturés en acier». De même, l'Arabie saoudite, l'Algérie et l'Egypte sont désignées comme marchés porteurs pour le café brut, tandis que les hydrocarbures raffinés et la viande bovine surgelée pourraient être proposés à l'Arabie saoudite, à l'Egypte et aux Emirats. L'étude détaille également les droits de douane moyens en vigueur dans les pays arabes sur ces produits, précisant par exemple que «le café est exempté de tout droit de douane», que les droits sur la viande varient de 0 à 6 %, ceux sur le sucre de 0 à 20 %, et ceux sur les demi-produits sidérurgiques de 0 à 12 % selon les pays. Un triptyque stratégique pour accéder aux marchés arabes Le document recommande une stratégie articulée autour de trois axes. En premier lieu, «sensibiliser les acteurs économiques aux nouvelles routes du commerce international». En second lieu, «encourager les échanges à travers des missions commerciales et l'attraction d'investissements». Enfin, «faciliter les flux commerciaux en éliminant les obstacles, en accélérant l'octroi de visas d'affaires et en finalisant les accords en cours de négociation entre les pays arabes et le Mercosur». Selon ses auteurs, ces mesures visent à institutionnaliser les redéploiements commerciaux. «Même les produits qui ne figuraient pas jusque-là dans les échanges avec le monde arabe, comme certains sous-produits métallurgiques, pourraient y trouver place», précise l'étude. Brasília prépare des discussions avec les diplomates arabes D'après M. Dib, la chambre prévoit de réunir dans les prochains jours des représentants du gouvernement, du Parlement brésilien et des diplomates arabes afin d'examiner les conclusions du rapport. «Ces pays ont des habitudes commerciales différentes, et c'est précisément là que la chambre peut jouer un rôle de trait d'union — à la fois pour les entreprises et pour l'Etat», a-t-il expliqué. Il a ensuite conclu : «Nous avons plusieurs outils pour leur offrir des garanties et des facilités. Qu'il s'agisse de conseils, de rencontres ciblées entre acheteurs et vendeurs ou de présentations d'entreprises, nous pouvons épauler les petites et moyennes structures à la recherche de débouchés pour leurs marchandises».