Messieurs les Directeurs de la publication, Louis DREYFUS & Jérôme FENOGLIO Monsieur Christophe AYAD, journaliste [email protected] – [email protected] Lettre ouverte, au journal français «Le Monde», rédigée en mon nom, Dr Jean-Marie HEYDT, écrivain franco-suisse, observateur des politiques publiques et connaisseur du Maroc, et au nom du Professeur de médecine, E. MOUHSINE, fondateur de l'Alliance Suisse-Maroc ; Messieurs les Directeurs, Monsieur le journaliste, Nous avons pris connaissance avec attention de la parution, dans votre édition du 24 août 2025, de l'article intitulé «Au Maroc, une atmosphère de fin de règne pour Mohammed VI». En tant qu'observateur et connaisseur du Maroc de longue date, et le Prof. Mouhsine, fondateur de l'Alliance Suisse-Maroc, regroupant des citoyens suisses et marocains œuvrant pour renforcer les liens bilatéraux, nous tenons à exprimer notre profonde préoccupation quant au contenu de cette analyse, que nous jugeons empreinte d'une vision partielle, voire déformée, de la réalité marocaine. Notre propos est fondé pour l'essentiel sur les points suivants : 1. Sur la représentation du Roi du Maroc, Mohammed VI Votre chronique dépeint successivement un souverain affaibli, peu actif, évoquant une «atmosphère de fin de règne» alimentée par quelques images suggestives : prise au cours de l'Aïd el-Adha, avec un visage marqué par la fatigue, suivie d'extraits en jet-ski, censés contredire cette impression. Nous estimons que ce traitement manque pour le moins de nuance : Ces quelques instantanés ne sauraient suffire à juger l'état de santé ni la vitalité d'un roi engagé de façon très active dans ses responsabilités et ce sans discontinuité depuis 1999. Le Maroc, sous la conduite de Mohammed VI, continue de concrétiser des réformes — dans les domaines de l'éducation, de l'égalité, du développement durable — ce qui, pour le moins, témoigne d'une détermination intacte. 2. Une omission regrettable : les réalisations concrètes À l'heure où le monde observe le Maroc à l'aune de ses dynamiques sociales et économiques, votre article fait abstraction des progrès significatifs accomplis : Réformes socio-économiques : modernisation de la fiscalité, soutien au secteur privé, investissements dans les infrastructures et adhésion très soutenue de nombreux pays et investisseurs. Transitions énergétique et environnementale : projets solaires (comme Noor) et développement des énergies renouvelables, essor exemplaire de techniques novatrices face à la crise hydrique qui menace de nombreux pays. Engagement régional et international : le Maroc maintient un rôle actif de stabilisation et d'accompagnement auprès de nombreux pays en Afrique tout en renforçant ses partenariats en Europe — notamment via son statut avancé auprès de l'UE et du Conseil de l'Europe. Et nous pourrions allonger cette liste, sans la moindre difficulté, en évoquant les nombreux développements majeurs, que ce soit en interne ou en externe... Il est regrettable que ces avancées ne soient pas mentionnées pour accompagner votre analyse d'une succession ou de l'état de santé royal. Le Monarque dirige pleinement cet Etat avec une volonté affichée où l'humain doit pouvoir y occuper pleinement toute sa place. 3. La question de la succession et des dynamiques internes Vous soulignez les «luttes d'influence» autour de la succession. Or : L'examen prudent de la succession ne reflète pas forcément un affaiblissement, mais témoigne plutôt d'une volonté de stabilité politique et institutionnelle. Le Prince héritier poursuit ses études universitaires et bénéficie d'un accompagnement de haut niveau afin de maîtriser tous les aspects liés à sa charge, tout en acquérant les connaissances qui lui permettront de mettre à profit l'œuvre de son père et de la faire fructifier... le moment venu... comme le ferait tout responsable d'Etat qui se préoccupe du devenir d'un royaume. En multipliant les conjectures sur les scénarios possibles, sans citer de sources internes fiables, l'article peut laisser croire à un climat de crise institutionnelle qui n'est pas confirmé par les faits actuels. Le Maroc est l'une des deux plus anciennes dynasties au monde. Comment imaginer qu'elle ait pu gérer ces siècles à la légère ? Les rumeurs que vous évoquez ne semblent vraiment pas être étayées par un argumentaire factuel. 4. Un appel à une couverture équilibrée et étayée C'est pourquoi, nous invitons vivement votre journal de renom à : 1. Aller au-delà des images symboliques et intégrer un panorama plus complet du Maroc : ses réformes, sa stabilité et ses enjeux sociaux réels. 2. S'appuyer sur des sources variées, notamment des analystes marocains, des acteurs économiques et des représentants civils, afin d'éviter une perspective trop extérieure et parfois alarmiste. 3. Révéler la temporalité des observations : en illustrant, le cas échéant, si les certitudes évoquées relèvent de réels développements ou simplement d'interprétations ponctuelles — par exemple, comparer la situation actuelle avec des périodes passées pour mieux situer les enjeux. En conclusion Le Maroc est un acteur régional clé, engagé dans une trajectoire de transformation et d'ouverture. L'Alliance Suisse-Maroc aspire à renforcer les ponts entre nos sociétés. Dans cet esprit, nous regrettons une présentation qui peut alimenter un regard biaisé sur un pays en dynamique persistante. Nous espérons que cette lettre ouverte contribuera à ouvrir un dialogue plus nuancé et constructif avec vos lecteurs. Veuillez agréer, Messieurs les Directeurs, Monsieur le journaliste, l'expression de nos salutations distinguées. Dr Jean-Marie Heydt HEYDT Prof. E. MOUHSINE