Depuis quelques mois, l'Office des Changes a autorisé les institutionnels à effectuer des placements en devises jusqu'à 10% de leur actif. Une opportunité que Finacess, le spécialiste de l'information financière marocaine, devenu depuis peu filiale de Fininfo-Telekurs Financial, compte bien mettre à profit. Challenge Hebdo : pourquoi menez-vous campagne précisément aujourd'hui, alors que vous êtes présent sur le marché marocain depuis plusieurs années? Luc Lacroûte : le Maroc est un marché émergent, et en tant que tel, il va connaître une véritable explosion. Le Maroc se trouve dans les années 90 de la finance, et va avoir vingt ans à rattraper en accéléré pour passer de 1990 à 2008. Et c'est en cela que le Maroc est intéressant pour nous. Le Maroc bougera d'autant plus lorsque les institutionnels ne seront plus limités à 10%, lorsque les clauses sauteront, mais aussi à l'intérieur du pays, lorsqu'on se retrouvera avec les produits internationaux sur le marché marocain. Pour répondre à votre question, ce ne sont pas les 10% qui nous font venir aujourd'hui, mais plutôt le pas vers l'international qui a été effectué. Et nous sommes tout naturellement sur les starting-blocks pour accompagner nos clients. C. H. : justement, quels sont aujourd'hui les besoins exprimés par les entreprises marocaines? L. L. : en réalité, il y a trois types de populations qui vont êtres touchés dans la pratique. En entreprise, c'est d'abord le trésorier: il a besoin de savoir ce qu'on lui propose aujourd'hui au Maroc, mais aussi ce qu'on lui proposera dans d'autres pays. Il a donc, en toute logique, besoin de comparaisons. Il a également besoin de suivre les ratios prudentiels qui doivent répondre aux normes, qui, aujourd'hui, interdisent de traiter avec des sociétés qui sont notées en dessous d'une cote AA pour Fitch, AA- pour Standards & Poors… Car il faut garder à l'esprit que le trésorier n'a pas le droit de perdre de l'argent. Pour ce qui est de la population des gérants (OPCVM et actions), ils vont courir à la performance, car le but est d'attirer le client de la banque de détail et de lui offrir des produits plus performants. Les gérants cherchent donc la bonne performance et la bonne activité: ils auront besoin des derniers cours… Le tout en temps réel. La dernière catégorie concernée est le back office. Car que ce soit le trésorier ou le gérant, ces opérations doivent être traitées par le back office :il doit déboucler l'opération, d'abord parce qu'il y a un échange de cash contre des titres, et ensuite l'enregistrer pour qu'elle soit valorisée par la comptabilité. Lui aussi a besoin du cours dernier, mais avec les OST (NDLR : opérations sur titre) qui permettent de voir si le titre n'a pas été modifié sur la durée. C'est donc au niveau de ces trois fonctions que va se situer la demande de nos clients. C. H. : quelle est aujourd'hui la valeur ajoutée de Finacess Fininfo? L. L. : l'avantage des outils Fininfo est qu'ils peuvent suivre tous les marchés financiers. Fininfo, ce sont des bases de données de plus de 4 millions d'instruments en provenance entre autres de 220 Bourses décodées en temps réel, et une présence dans 23 pays qui permet de couvrir le monde…. Le second point, c'est qu'il va y avoir avec cette ouverture une modélisation de reporting à effectuer. Or aucun logiciel au monde ne peut se permettre de dire qu'il répond à toutes les demandes. Il est tout simplement impossible de penser ce que le marché fera demain, de savoir ce dont le client aura besoin demain. Aujourd'hui, la seule solution est de mettre à disposition des données sous forme d'historique, de variables dans des tableaux Excel (pour ne pas les citer) ou autre, afin que le client puisse y piocher, et régler sa partie reporting ou suivi des risques. C. H. : qu'en est-il de vos concurrents, Bloomberg et Reuters ? L. L. : ils commencent à venir également. Cependant, nous avons un certain avantage, car nous suivons nos clients depuis un certain temps, et nous commençons à être connus au Maroc. Nos deux concurrents ont un avantage d'un autre genre sur nous, parce que nous venons de passer «international», que la reprise des activités d'informations financières de Fininfo par Telekurs a eu lieu en octobre 2007, et que nous sommes ainsi devenus le troisième plus grand fournisseur d'informations financières en Europe. Alors que Bloomberg et Reuters sont déjà internationaux, par le nom, j'entends, et non par la base de données.