Voici un « acteur international non étatique » qui a vu le jour depuis plus d'un siècle et demi (en 1873), dans un contexte mondial dominé par la logique coloniale, et qui a été témoin de plusieurs conflits armés dévastateurs. Malgré les grands « orages et tempêtes », l'Institut de Droit International (IDI) a survécu. Et, aujourd'hui, plus que jamais, le « droit international », cet acquis de l'humanité qui a permis aux Etats d'apprendre à construire des relations autres que celles basées sur la puissance, la force et la domination, doit faire face à de nouvelles menaces beaucoup plus destructrices que celles qu'a déjà connues notre planète. En pleine période estivale, Rabat a accueilli la 82ème session de l'IDI. Et ce n'est surtout pas pour profiter du soleil. C'est plutôt pour dire que les graves menaces, pesant actuellement sur le monde, ne devraient pas permettre aux humains de vivre dans l'indifférence. Le message du Souverain, lu par le président de l'IDI, Mohamed Bennouna, ancien doyen de la faculté de droit à Rabat, excellent diplomate marocain, bien connu pour ses contributions et ses positions en matière de défense de la paix et de la justice internationale, souligne bien l'importance de cette 82ème session qui a lieu dans un pays africain, pour la 2ème fois, après la session organisée au Caire, en 1987. « Depuis sa création en 1873, l'Institut de Droit International n'a pas été que le témoin des soubresauts du monde. Il a été un observateur avisé, un analyste pertinent, un initiateur de normes et une voix forte de la conscience juridique universelle et vous vous acquittez de cette mission avec une persévérance qui force juste l'admiration. Votre consécration par le Prix Nobel de la Paix, en 1904, est la reconnaissance d'une œuvre magistrale au service du droit international » (Extrait du message du Souverain). Lire aussi | SM le Roi adresse un Message aux participants au Sommet « L'Afrique pour l'Océan » (Texte intégral) Et le contexte mondial actuel est caractérisé par un besoin urgent de réhabilitation et de consolidation des acquis du droit international, et d'innovation pratique des processus et des mécanismes pacifiques de règlement des différends. En effet, « Cette session de Rabat se tient à un moment où le droit international se trouve fortement secoué par les assauts de vents contraires violents. Le monde change à vue d'œil, les certitudes s'érodent, les repères se rouillent, les alliances se questionnent et le Droit international – interpellé dans sa capacité même à ordonner les relations internationales- se voit trop souvent malmené » (extrait du message du Souverain) ». Et c'est face à ces défis que l'IDI est appelé à réagir pour redonner à la diplomatie sa vraie richesse, en tant que « langage universel » permettant à tous les Etats de communiquer, de comprendre la réalité internationale, de s'entendre, de se respecter mutuellement et d'œuvrer en commun pour le maintien de la paix. L'un des principaux thèmes prévus lors de cette 82ème session est relatif aux pandémies dont la dernière, celle due au COVID-19, a été révélatrice de la fragilité du système de gouvernance mondiale édifié après la 2ème guerre mondiale. « A travers les tensions entre souveraineté nationale et coopération internationale, entre impératifs sécuritaires et exigences de solidarité, une crise systémique ne se contente pas de troubler l'ordre établi; elle en révèle les failles et en accélère les mutations. Il vous revient aujourd'hui de cerner ces transformations, non seulement pour comprendre le passé récent, mais pour esquisser les contours d'un droit international plus résilient et à la hauteur des défis de demain ». (Extrait du message du Souverain). De par sa position géographique et son histoire, le Royaume du Maroc a toujours été fortement présent dans les relations internationales. Cette présence s'est constamment manifestée dans la volonté de contribuer à l'enrichissement des règles du droit international. « Il n'y a pas d'ordre viable sans règles, et c'est dans cette conviction que s'ancre la diplomatie marocaine ». A cet égard, le Maroc peut être une « source d'inspiration », à l'instar de l'IDI qui a toujours été un « fervent défenseur du règlement pacifique des différends, rivé aux principes de la Charte des Nations Unies ». Lire aussi | Le Maroc abrite le premier bureau Afrique de la Conférence de La Haye de droit international privé Cette force de l'IDI, puisée dans sa longue existence, réside aussi dans sa capacité d'écoute dans le monde, son ouverture à la diversité et l'intégration des voix de toutes les cultures et de toutes les sensibilités. « Que cette session se tienne au Maroc, sous la présidence d'un Marocain, fervent défenseur du droit international, en est, à nos yeux, la meilleure preuve » conclut le message du Souverain. Ainsi, face aux risques actuels de régressions en matière de sécurité et de paix au niveau international, les travaux du 82ème congrès de l'IDI peuvent contribuer à remettre « le droit international à la place qui est la sienne : non pas à la place d'une utopie désenchantée, mais à la place d'un phare dans la brume ». Autrement dit, contribuer à la réduction des incertitudes, à une meilleure visibilité et compréhension des vraies menaces, et à l'émergence de solutions pratiques et durables.