L'année 2024 aura été marquée par une recrudescence inquiétante des attaques de chiens errants au Maroc. Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a indiqué que plus de 100.000 cas de morsures et de griffures ont été enregistrés au cours de l'année, provoquant 33 décès dus à la rage. Dans le même contexte sanitaire, les autorités ont recensé 432 cas d'hydatidose et 64 cas de leishmaniose viscérale, des maladies liées à la présence et à la prolifération d'animaux non contrôlés. Cette révélation intervient dans une réponse écrite adressée au conseiller parlementaire Khalid Setti, représentant l'Union nationale du travail au Maroc (UNTM), concernant la problématique des chiens errants à Salé. Laftit y détaille les mesures engagées pour contenir ce phénomène, notamment la mise en place d'un réseau d'infrastructures spécialement dédiées. Ainsi, plus de 20 centres de collecte et d'accueil des animaux errants ont été programmés à l'échelle nationale à la fin du mois d'août 2024. Selon le ministre, ce dispositif comprend un centre régional déjà opérationnel dans la commune d'Amr, tandis que cinq fourrières situées à Casablanca, Tanger, Marrakech, Agadir et Oujda ont atteint un taux d'avancement de 95 %. Les réalisations progressent également à 30 % à Ifrane et Sidi Slimane, et dix autres fourrières ont reçu une approbation de financement dans les villes de Kénitra, Errachidia, Khémisset, Nouaceur, M'diq-Fnideq, Dakhla, Larache, Tinghir et Sidi Kacem. Par ailleurs, six projets supplémentaires sont en phase d'étude à Fès, Chichaoua, Fahs-Anjra, Tan-Tan et Taroudant. Laftit mentionne également le lancement d'une expérience pilote à Kénitra, à travers la mise en œuvre d'un complexe vétérinaire mobile destiné au traitement et au suivi des animaux errants, en particulier chiens et chats. Ce dispositif, conçu pour être déployé rapidement dans les zones qui en ont besoin, offre des services complets allant de la vaccination à la stérilisation, en passant par les soins médicaux et l'hébergement temporaire. Sa vocation est de répondre aux besoins urgents des localités dépourvues d'infrastructures permanentes, avec pour ambition une évaluation en vue d'une extension nationale. Dans la même dynamique, le ministre rappelle la création du centre régional de Bled "Dandoun", dans la commune d'Amr, premier établissement du genre au niveau national. Érigé sur une superficie d'un hectare, ce centre dispose d'une capacité d'accueil de 600 chiens. Il assure l'hébergement, la stérilisation et le traitement des animaux errants, sous la supervision d'un vétérinaire. Sa gestion est confiée à l'Association marocaine de protection des animaux et de l'environnement, encadrée par des spécialistes qualifiés, et ses services sont mis à la disposition des communes de Rabat, Salé et Témara. Pour renforcer cette stratégie, le ministère a adressé plusieurs circulaires aux communes, les appelant à créer et équiper leurs propres centres d'accueil des animaux errants dans un esprit de coopération intercommunale et conformément aux normes techniques en vigueur. Ces directives insistent sur la nécessité de mener une collecte continue des chiens errants par des équipes formées, dotées de moyens adéquats, tout en veillant à ne pas capturer les animaux stérilisés et identifiés. Elles insistent également sur le respect du bien-être animal et sur l'implication des associations spécialisées dans le traitement de cette problématique. Sur le volet législatif, Abdelouafi Laftit cite le projet de loi n°19.25, qui vise à protéger les animaux errants et à prévenir les risques qu'ils représentent. Ce texte ambitionne de concilier droit à la vie et protection sanitaire, en clarifiant les responsabilités des intervenants et en renforçant la sécurité des citoyens. Enfin, le ministre rappelle que la question des animaux errants occupe une place centrale dans le plan d'action 2019-2025 du ministère de l'Intérieur, qui prévoit la création de 130 bureaux communaux d'hygiène intercommunaux. Ces structures, destinées à combler le déficit existant dans plusieurs communes, seront dotées d'un important personnel médical et paramédical, dont 130 vétérinaires chargés de gérer les centres de collecte et d'accueil des animaux errants.