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Taoufiq Hejira, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'espace : L'enfant terrible de l'Istiqlal
Publié dans Challenge le 26 - 07 - 2008

Taoufiq Hejira joue le jeu et nous parle de son enfance, de sa famille et du secret de son prénom. Il se rappelle de ses premiers jours comme scout, de son défunt père et de son histoire avec le retour de Mohamed V d'exil, mais il évoque aussi des sujets plus simples comme son amitié de longue date avec Hassan Lak'hal, travaillant à l'Entraide nationale ou encore la fameuse «batata faï faï» chère à bon nombre de ménages oujdis.
Qui pourrait imaginer une seconde que cet orateur inégalé doublé d'un fin politicien était un enfant timide et réservé. Tellement renfermé sur lui-même qu'il avait fini par inquiéter ses parents qui se souciaient sérieusement de la psychologie de leur cher aîné. Pour l'associer aux enfants du même âge que lui, son père décida un jour, malgré la ferme opposition du petit Taoufiq, de l'inscrire dans le mouvement de scouts de la ville, celui d'Oujda, fréquenté en masse par les enfants d'istiqlaliens. «Le premier jour où mon père m'y a emmené, j'avais cinq ans et demi. Sur le chemin qui menait au siège du scout d'Al Hassaniya, je me souviens avoir pleuré toutes les larmes de mon corps. Je lui tirais le bras pour l'empêcher d'avancer. Tout ce que je voulais à cette époque, c'était rester dans mon petit coin et ne pas avoir à affronter l'inconnu», raconte l'actuel ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme. Ce jour-là, Hejira père n'a pas quitté son enfant du regard, assis sur le banc qui donnait directement sur la pièce où les louveteaux apprenaient les premières règles que prône le mouvement, chantaient ses valeurs et en prenaient connaissance pour en partager par la suite la promesse, point nodal du mouvement de par le monde. «J'ai découvert le chant en cœur pour la première fois. Cela m'a procuré un plaisir immense et j'ai décidé d'accepter d'y revenir le lendemain et tous les jours du programme sans exiger que mon père soit dans les parages». C'est là que Taoufiq Hejira fait son entrée dans le parti de l'Istiqlal sans plus le quitter, puisqu'il allait intégrer une école tenue par les sœurs et accueillant elle aussi beaucoup de fils d'istiqlaliens de la région. «Cela fait donc 42 ans que je suis dans le parti», lance-t-il.
Le cocon familial d'Oujda
D'enfant timide, Taoufiq Hejira passe presque sans transition à l'autre extrême. Finies les séances de solitude et autres craintes de se retrouver en public. Il tisse des amitiés fortes avec des enfants du quartier, de l'école, et joue son rôle d'aîné comme il se doit. Mais tout cela sans quitter le cocon familial et sans quitter sa ville natale, Oujda. Pas éternellement car une fois bachelier, il rejoint l'une des universités du royaume, l'Oriental ne disposant pas à l'époque d'une faculté propre. Celle de Fès, la plus proche géographiquement, étant connue pour ses grèves répétitives durant la fin des années 70, son choix a fini par se fixer sur la capitale. «J'ai obtenu ma licence à 20 ans et je ne m'imaginais pas commencer une carrière professionnelle à cet âge», raconte-t-il. Un avis qu'allait conforter la possibilité qu'il avait, lui qui faisait partie des 15 premiers de sa promotion, de profiter d'une bourse de 1.500 DH lui permettant de terminer ses études à l'étranger. En contrepartie, il devait signer un contrat avec l'Etat où il s'engageait à travailler par la suite dans le service public pendant une durée minimale de 8 ans. Taoufiq Hejira y voit une belle opportunité et court conclure avec le ministère de l'Habitat, chapeauté à l'époque par Abbas El Fassi, actuel Premier ministre. «J'ai préféré signer avec lui du fait de notre appartenance au même parti», reconnaît-il. Et hop, il s'envole vers le Canada, Montréal, où il fait un parcours sans faute et décroche son doctorat de troisième cycle. Mais là encore, il n'a que 23 ans et a encore de l'énergie pour préparer un PHD. Seul hic, l'engagement avec l'Etat ne couvre pas cette étape. Armé de bonne volonté et de toute la fougue qui caractérise les jeunes, il rentre au Maroc et présente son dossier au ministre de l'Habitat. Seulement, le gouvernement avait changé et Abbas El Fassi avait laissé sa place à Mfeddel Lahlou, un non-istiqlalien. «Ma demande a essuyé un refus catégorique et je me suis retrouvé dans l'obligation de me contenter de mon diplôme et d'intégrer le ministère». Aujourd'hui encore et après plus de 20 ans, Taoufiq Hejira parle toujours de cet épisode avec beaucoup d'amertume, que même le sourire qu'il arbore n'arrive pas à dissimuler. Cela s'est passé au début des années 80. Affecté de suite au département de l'Habitat, son bureau est au sous-sol, juste à côté du bureau d'ordre et des archives. C'est dire qu'il a commencé au bas de l'échelle. «Cela me sert beaucoup dans ma vie professionnelle parce que je connais bien le ministère où je travaille». Un point à mettre à son actif, lui qui compte des qualités managériales dont parlent avec fierté ses collaborateurs. Car Taoufiq Hejira, que plusieurs cadres de son département appellent tout simplement Taoufiq ou Si Taoufiq, n'a pas pris la grosse tête une fois nommé ministre. C'est même le pote parfois. «Fidèle à lui-même, il n'a pas changé d'une once», témoigne un vieux routier du ministère. «Pourquoi changerais-je ?», s'interroge-t-il en guise de réponse. Et de poursuivre, «certes, aujourd'hui, je suis ministre, mais je ne le serai pas éternellement et même si cela avait été le cas, je ne vois pas pour quelle raison j'aurais snobé les gens. Au contraire, c'est maintenant qu'il faut montrer ses vraies valeurs». Il faut dire qu'il tient cela de son père, enseignant de profession mais par ailleurs grand opposant et militant des droits de l'Homme. «Durant mon enfance, il a été emprisonné plusieurs fois pour ses positions politiques. Les ambitions d'ordre matériel ne l'intéressaient guère et le fait que la famille passe parfois par des crises financières ne l'inquiétait pas outre mesure. Il était simple et nous a éduqué de la même manière», ainsi rend-il hommage à son défunt papa, décédé il y a six ans de cela. De son vivant, il a toujours manifesté un amour particulier pour son fils. A ses yeux, il incarnait le miracle. Et quel miracle !
Flash-back. Nous sommes au milieu des années 50 et le Maroc est sous protectorat français. En farouche opposant, Hejira père est incarcéré pour la énième fois par le colon. Il fait partie d'un groupe de 11 personnes condamnées à mort et qui croupissent dans la prison de Kenitra en attendant le jour fatidique. La veille de l'exécution, un fkih du groupe s'adresse à lui et pose une question que le reste de la bande considéra alors comme une simple plaisanterie. «Supposons que le destin veuille que tu échappes à cette condamnation, que feras-tu une fois libre ?», lui demanda-t-il. Et le père de répondre, «je me marierai en espérant avoir des enfants». Le fkih poursuivit alors : «et si c'est un fils, quel nom lui donneras-tu ?». «Ahmed, comme mon père». Et c'est là que le monsieur lui conseilla de l'appeler Taoufiq comme le veut la sourate, dont le sens général fait référence à la réussite (Taoufiq) grâce à Dieu. Un avion traverse aussitôt le ciel de Kenitra. Ils le voient de la cour où il se trouvaient à cette heure-ci mais ne lui accordèrent pas beaucoup d'importance. Seulement, ils apprendront quelques heures plus tard que l'engin transportait Mohamed V, de retour d'exil. Et le miracle se produisit, désamorçant la bombe quelques heures avant qu'elle n'explose. «Les jugements prononcés tombèrent à l'eau et mon père sortit de prison quelques mois plus tard, se maria et fit un premier enfant qu'il appela Ahmed Taoufiq», raconte le ministre. Et depuis, c'est une grande histoire d'amour qui lie le père à son fils aîné, même s'il a eu sept autres enfants.
Bio express
* 1959 : naissance à Oujda
* 1980 : licence en économie à la faculté de droit de Rabat
* 1983 : doctorat en Urbanisme de l'Université de Montréal. La même année, il intègre le ministère de l'Habitat.
* 2000 à 2002 : inspecteur régional de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme, de l'habitat et de l'environnement de la région de Fès Boulemane
* Depuis 2002 : ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, puis depuis 2007, il chapeaute aussi le département de l'Aménagement de l'espace


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