LE COURS DE BEAUCOUP DE VALEURS BAISSE. MAIS CELUI D'ADDOHA ATTIRE PLUS L'ATTENTION POUR TOUT CE QUE LE GROUPE REPRÉSENTE. ANAS SEFRIOUI S'EXPLIQUE. PLUS D'UN MILLIARD DE DH DE CHIFFRE D'AFFAIRES ISSU DE FADESA MAROC ET 120 MILLIONS DE DH DE RÉSULTAT NET PROVENANT DE BILADI N'ONT PAS ÉTÉ COMPTABILISÉS DANS LES RÉSULTATS D'ADDOHA. ILS SERONT INTÉGRÉS DANS LES COMPTES AU DEUXIÈME SEMESTRE 2008. La confiance des partenaires et des actionnaires reviendra rapidement. Ils savent que je suis là et que je travaille nuit et jour pour garder cette confiance». C'est sur les ondes d'une radio qu'Anas Sefrioui, président du groupe Douja Promotion, s'est exprimé en ces termes, histoirede rassurer les plus paniqués à propos de la chute du cours en bourse d'Addoha et des résultats dupremier semestre 2008. Cette semaine d'ailleurs, le président devait réunir les analystes pour faire le point sur les performances du groupe, sur les risques de retards… Addoha a prévu de réaliser un résultat net de près de 2 milliards de DH en 2008. Durant les 6 premiers mois, elle n'en a réalisé que 319 millions. «Il n'est question ni de perte ni de résultat, ni de chiffre d'affaires», nous explique Sefrioui, «il est seulement question de décalage. C'est un problème de planning, de réalisations et de livraisons. Ce n'est pas un problème de commercialisation. D'ailleurs, tout est vendu jusqu'en 2010. Nous sommes à l'opposé des étrangers qui eux, par contre, n'arrivent pas à vendre leurs biens». Est-ce à dire que le groupe Addoha rattrapera ce retard et qu'au cours de ce deuxième semestre, il pourra réussir à atteindre les objectifs fixés de 2 milliards de DH? A ce sujet, Sefrioui préfère nous répondre : «nous sommes en train de faire le point. Et il faut savoir que nous avons, entre autres, plus d'un milliard de chiffre d'affaires émanant de Fadesa Maroc qui n'a pas été encore comptabilisé dans les résultats consolidés. De même pour le groupe Biladi où 120 millions de dirhams de résultat net ne sont pas encore comptabilisés ». Il n'y a donc pas lieu de paniquer. En évoquant Fadesa Maroc, notons quand même que les commissaires aux comptes du groupe Addoha, à savoir les cabinets Deloitte Audit et A. Saaïdi et associés, ont émis principalement des remarques -dans leur attestation publique relative aux résultats consolidés du premier semestre 2008- sur cette entité-là. A partir de l'examen des comptes issu d'entretiens avec le personnel de la société et des vérifications analytiques (ce ne sont donc pas les résultats d'un audit), il a été constaté, entre autres, des écarts d'acquisition en actif pour 793 millions de DH, amortis sur 20 ans. En d'autres termes, cette somme provient de l'opération de rachat d'une entreprise. Il pourrait s'agir en grande partie de Fadesa Maroc. Ces écarts proviennent de la différence entre la valeur comptable et la valeur réelle. L'écart d'acquisition est tout ce qui n'est donc pas affectable d'un point de vue comptable: avantages que procure la prise de contrôle de l'entreprise, disparition d'un concurrent, acquisition d'un savoir faire technologique… «La valeur payée par l'entreprise initiatrice de l'offre étant le plus souvent supérieure à la valeur comptable de l'entreprise», souligne un expert-comptable. Selon la définition même de cet écart d'acquisition, il peut être amorti, pour éviter trop de déficit, sur une période de plusieurs années. Ce qui permet à l'entreprise de limiter les conséquences fiscales d'une prise de contrôle. Un expert-comptable estime la durée d'amortissement (20 ans) trop longue. Pour le management du groupe Addoha, cette opération est des plus normales. La durée de 20 ans d'amortissement est légitime, sachant que globalement, la durée de ce genre d'amortissement, selon l'expert-comptable, varie entre 10 et 20 ans. Les CAC du groupe, eux, préfèrent ne pas se prononcer sur cette durée. «En l'absence de justification documentée du plan d'amortissement, qui doit refléter les hypothèses retenues et les objectifs fixés par l'acquisition, nous ne sommes pas en mesure de nous prononcer sur cette durée». La date-butoir de décembre 2009 Le groupe Addoha a jusqu'au 31 décembre 2009 pour procéder aux analyses et expertises en vue de l'évaluation définitive des écarts d'acquisition et d'évaluation. Par ailleurs, Deloitte et le cabinet Saaïdi portent également des remarques sur une transaction de vente de titres, réalisée par l'une des entités consolidées du groupe Fadesa Maroc, qui n'aurait pas été préalablement autorisée par la personne habilitée. Elle a dégagé une moins value de 37 millions de DH. Le groupe a décidé de provisionner alors 38 millions de DH pour couvrir d'autres risques éventuels. «Nous ne sommes pas en mesure d'estimer l'impact éventuel de cette situation sur les comptes du groupe si cette transaction venait à être remise en cause», confient les commissaires aux comptes. Il est à noter également que ces mêmes experts n'ont pu obtenir les procès verbaux des conseils d'administration et assemblées générales arrêtant les comptes au 31 décembre 2007de certaines sociétés consolidées du groupe Fadesa Maroc. Les CAC attirent également l'attention sur le fait qu'une entité consolidée du groupe Fadesa Maroc est sous contrôle fiscal depuis juillet 2008. Le groupe Addoha devra donc supporter et assumer toutes les opérations antérieures de Fadesa Maroc, puisqu'il en détient aujourd'hui la moitié. Une consolation cependant. Addoha a obtenu une garantie d'actif et de passif sur les titres de participation qu'elle détient sur le groupe Fadesa Maroc. «C'est une garantie qui nous permet de nous sécuriser», avance Anas Sefrioui. Malgré tout ce qui a été colporté, le groupe Addoha se veut rassurant. Ses fondamentaux ne sont pas affectés. Ils n'ont pas changé, «bien au contraire, ils se sont renforcés avec de nouveaux projets», dixit Anas Sefrioui. Le promoteur immobilier est engagé sur une soixantaine de projets dans une dizaine de villes. Ceci est équivalent à plus de 20 millions de m2 couverts qui sont en chantier. «Nous dépassons de loin le premier promoteur français dont les chantiers varient entre 12 et 15 millions de m2», a annoncé fièrement Sefrioui sur les ondes d'une radio. ◆