La Syrie a récemment dépêché une délégation technique à Rabat afin d'inspecter les locaux de son ambassade fermée depuis 2012, a confié à la chaîne israélienne i24NEWS une source syrienne proche du dossier, alors que s'esquisse une timide normalisation entre les deux capitales. Le Maroc avait, en mai, annoncé sa décision de rouvrir son ambassade à Damas, après plus d'une décennie de gel diplomatique consécutif à la guerre civile syrienne et à la marginalisation progressive de l'ancien président Bachar Al-Assad. Cette ouverture diplomatique fait suite à la prise de pouvoir du président syrien Ahmed Al-Charra, dont le nom a été évoqué dans une récente démarche adressée aux autorités marocaines. «Le président Al-Charra a exprimé le souhait d'effectuer une visite officielle au Maroc», a indiqué la source, précisant que Rabat n'a, pour l'heure, pas donné suite à cette demande. Rabat exige une reconnaissance pleine et entière du Sahara D'après la même source, les autorités marocaines conditionnent tout engagement bilatéral de haut niveau à une reconnaissance formelle par Damas de la souveraineté marocaine sur le Sahara, cause nationale soutenue par une large partie du monde arabe, mais historiquement combattue par le régime syrien sous la houlette de l'Algérie. «Les responsables marocains observent les développements en Syrie avec prudence et attendent un geste diplomatique explicite concernant la marocanité du Sahara», a précisé le responsable syrien. Fermeture des bureaux du Polisario à Damas Fait notable : lors de cette mission diplomatique en terre marocaine, les autorités syriennes ont fait savoir qu'elles avaient ordonné la fermeture des bureaux du Front Polisario à Damas. Soutenu par l'Algérie, ce mouvement séparatiste revendique l'indépendance du Sahara occidental et entretenait depuis plusieurs décennies des relations étroites avec le régime de Bachar Al-Assad. «Il s'agit d'un signal clair envoyé à Rabat», a noté la même source, en évoquant une volonté manifeste du nouveau pouvoir syrien de tourner la page des anciennes allégeances régionales. Si cette évolution se confirme, elle pourrait marquer un tournant dans les rapports entre les deux pays, longtemps distendus par des antagonismes géopolitiques et idéologiques profonds. Le Maroc, qui a entrepris une réaffirmation diplomatique vigoureuse de ses positions au Maghreb et au Moyen-Orient, attend désormais un alignement clair de la Syrie sur ce dossier cardinal.