La baisse des exportations des machines et des équipements accentue les perturbations des chaînes mondiales dans les secteurs manufacturiers. Sortir de la crise est aujourd'hui une grande priorité pour les exportateurs. Comment ? Dans ce sillage, l'ASMEX a organisé un webinaire le lundi 11 mai en partenariat avec l'International Trade Center, l'APEX-CI et le cabinet Zafrixcs. Présidée par Hassan Sentissi El Idrissi, président de l'Association Marocaine des Exportateurs (ASMEX), cette visioconférence a réuni une pléiade d'intervenants pour ne citer que Lilia Hachem Naas, Chef du Bureau des Etats arabes au Centre de Commerce International, Mondher Mimouni, Chef de la division Country & Market intelligence au Centre de Commerce International ; M. Guy Mbengue, Président de l'APEX-CI (Association pour la promotion des exportations de Côte d'Ivoire) et du réseau des OPC de l'UEMOA, Mohammed Fikrat, Vice-Président de l'ASMEX et Président Directeur Général de Cosumar. L'impact du COVID-19 sur le commerce et la croissance au niveau international est sans appel. La croissance mondiale 2019 est ralentie à 2,9% alors qu'elle devait se situer à 3,5%. Les changements drastiques de l'offre et la demande des biens et services ainsi que les perturbations des liens commerciaux et des règles commerciales imposés par la pandémie du Covid-19 ont un impact direct sur la croissance et sur le commerce international. Animés tous par cette volonté de sortir des sentiers battus de la crise, ils ont d'abord essayé de comprendre les menaces actuelles. Le leitmotiv est d'identifier les nouvelles opportunités à saisir par les exportateurs marocains au lendemain de la crise afin de mieux se positionner sur l'échiquier international et régional. Ils sont conscients qu'il y aura un avant et un après Covid tellement cette crise sanitaire a remis en question plusieurs schémas et a bousculé les flux commerciaux liés à la mondialisation. Ils sont même conscients que la crise se propage avec une rapidité exceptionnelle et dont les conséquences prendront du temps à être assimilées et corrigées. Les recommandations « A cet effet, les différents scénarii qui se profilent à l'horizon pour la reprise économique mondiale comportent certes beaucoup de challenges et de difficultés mais aussi des opportunités dont le Maroc et les pays de l'Afrique Subsaharienne peuvent tirer profit », annonce l'ASMEX. C'est pour dire que la restructuration de l'ordre économique mondial impose ainsi une révision du fonctionnement des chaînes de valeur et une réduction de la dépendance à travers le renforcement de l'industrie nationale et la diversification de l'économie. Les experts présents lors de cette rencontre ont ainsi insisté sur l'importance d'une plus grande intégration régionale pour réussir une relance saine et durable. L'accent a été particulièrement mis sur le « nearshoring » pour renforcer les liens avec les fournisseurs de la même région. Une certaine forme de solidarité africaine doit se faire et se refléter, notamment via la ZLECAF pour un échange régional consolidé et un développement économique sans concurrence. A ce titre, le président de l'ASMEX H. Sentissi, a proposé la création d'une Association Africaine des Exportateurs, en coordination avec l'APEX-CI et le cabinet Zafrixcs, fondé par Mme Zahra Maafiri, ex DG de Maroc Export et Ex Directrice Générale du Commerce. Cette Association aura pour rôle le suivi et la promotion des exportations africaines à travers le monde et de fédérer les exportateurs africains autour de projets régionaux d'envergures (ZLECAF, Maghreb Arabe...). L'accent a été par ailleurs mis sur l'urgence de la lutte contre l'informel et le développement nécessaire de la R&D, de la digitalisation des entreprises exportatrices et du e-commerce pour sortir le secteur de la crise. « C'est grâce aux nouvelles technologies de l'information et au commerce électronique que plusieurs opérateurs ont pu survivre et maintenir leurs commandes. L'après Covid-19 marquera très certainement un nouveau tournant dans le e-commerce au Maroc et dans le monde », ont-ils constaté. Des prévisions inquiétantes Selon l'OMC, la chute du commerce mondial de marchandises devrait afficher un recul de 13 à 32% en 2020 du fait de la pandémie, la reprise des échanges attendue en 2021 dépendra de la durée de l'épidémie et de l'efficacité des mesures adoptées pour y faire face. Presque toutes les régions enregistreront des baisses à deux chiffres du volume des échanges en 2020. Il est probable que le commerce chute plus brutalement dans les secteurs ayant des chaînes de valeur complexes, notamment l'électronique et les produits automobiles. Le commerce des services pourrait être plus directement touché en raison des restrictions visant les transports et les voyages. Selon le FMI, une baisse du PIB mondial de 3% est prévue en 2020 avec une reprise en 2021 si la pandémie s'estompe au second semestre 2020. Pour sa part, la CNUCED prévoit que l'IDE connaîtra une chute de 30 à 40 %. En Afrique, la baisse de la croissance devrait se situer entre -1,7% et -2,6%, sans parler des perturbations majeures des chaînes d'approvisionnement attendues à ce niveau sur fond d'un recul de 51% des exportations et de 53% des importations. Les exportations de machines et équipements vers l'Afrique devraient baisser de 29% en glissement annuel à fin mars 2020, ce qui risque d'amplifier les perturbations des chaînes d'approvisionnement dans les secteurs manufacturiers. Il est à noter que les plus fortes baisses des exportations mondiales vers l'Afrique concernent les véhicules (-21%) ; les machines et équipements électroniques (-19%) et les vêtements et produits textiles (-18%). Dans ce contexte tendu et face aux défis que les exportateurs marocains doivent relever pour réussir l'après Covid-19, l'ASMEX appelle à une forte mobilisation des exportateurs afin de permettre au secteur de jouer pleinement son rôle de levier de croissance et de relance économique nationale.