Il s'agit d'une histoire d'accidents fictifs qui ont eu lieu entre 1998 et 2006. L'affaire implique une famille et ses proches, mais pourrait s'étendre également à des avocats, médecins, voire des agents de police. Le présumé cerveau de la bande totalise une incapacité permanente partielle de travail de 400% !!! C'est une affaire cocasse qui vient d'atterrir devant la Justice. Une affaire d'escroquerie portant sur un montant de 7 MDH. Certes, les esprits braillards ne manqueront pas de relever que les 7 MDH escroqués sont dérisoires par rapport aux sommes colossales que brassent les compagnies d'assurance. Mais constater les faits et ne rien faire, c'est comme autoriser implicitement l'escroquerie. Cette affaire implique donc toute une famille, des avocats, des médecins, voire même des agents de police… Bref, un réseau bien organisé qui a mis à profit son «intelligence» pour obtenir des raccourcis afin de s'enrichir sur le dos de certaines compagnies d'assurance marocaines et étrangères, dont quelques-unes ont saisi la Justice, après avoir remarqué qu'entre 1998 et 2006, pas moins de 13 accidents de la circulation ont impliqué la même famille et son entourage. Dans la plainte adressée au procureur du Roi, un nom revient souvent : celui de M. B., qualifié de «chef de la bande» et qui a réussi à entraîner toute sa famille dans cette grosse escroquerie. Tout autant, une certaine famille «M.» figure sur tous les procès-verbaux établis. Il faut dire que les différents protagonistes avaient un mode opératoire bien rôdé. La plupart des soi-disant accidents survenaient le soir et impliquaient les mêmes personnes, dont notamment M. B. qui était, selon les cas, soit conducteur, soit un simple passager. Un homme qui a de la suite dans les idées, puisqu'au gré de ses humeurs, il devenait aide avocat, employé ou encore fellah. Les autres personnes, dont certaines sont établies en France où elles travaillent toutes dans la même structure, étaient soit des membres de la famille (enfants, femme, sœurs, cousins), soit des personnes avec qui il entretenait des relations professionnelles. Les voitures impliquées dans ces accidents fictifs appartiennent donc toutes à la même bande et c'est le même agent verbalisateur, sinon la même équipe, qui dressait à chaque fois le constat. Avec, toujours, les mêmes médecins (parfois le médecin traitant) qui délivraient les attestations médicales, assorties d'incapacité permanente partielle de travail (IPP) allant de 2 à 33%. Et le plus cocasse dans cette affaire est que le sieur M. B. présumé cerveau de la bande, et qui présentait tantôt B. S. comme sa femme, tantôt une Française du nom de S. L. (alors que sa femme en question s'appelle F.M.), a totalisé en fin de compte une IPP de 400%. Tout cela tend à prouver que «les accidents sont faits de manière étudiée et préméditée, eu égard aux relations étroites qui existent entre les différents membres du réseaux», note-t-on dans la plainte. «Ces gens se sont enrichis aux dépens des assurances car des indemnités leur ont été versées en se basant sur des documents falsifiés et sur des certificats d'invalidité excessive fournis par des experts», confie une source proche du dossier. Mais cette affaire risque bien d'aller au-delà de la simple escroquerie. M. B. risque, en effet, d'être poursuivi pour faux et usage de faux, de même que d'autres personnes. Car, il semble que les experts qui se sont chargé de l'enquête ont pu établir qu'il a une double identité : il se fait appeler aussi M. B. (mêmes initiales, mais nom de famille différent). Deux noms différents, avec le même numéro de CIN. «Des attestations ont été faites sous les deux noms, donc d'autres personnes l'ont aidé à falsifier son identité», relève notre source. En tout cas, aujourd'hui, l'affaire attend d'être vidée par la Justice. Une enquête a d'ores et déjà été ordonnée par le procureur général du Roi et est en train d'être menée par la police judiciaire. Pas moins de treize personnes sont concernées. n