La Banque mondiale accorde son aide à l'agriculture au Maroc à travers son soutien au plan Maroc vert qu'elle estime être un plan visionnaire. Les potentialités du pays lui permettent de conclure des accords à forte valeur ajoutée. L'agriculture est considérée comme une opportunité d'investissement au Maroc. Tour d'horizon avec Eavan O'Halloran, chargé de programme senior au sein du département des pays du Maghreb à la Banque mondiale. * Finances News Hebdo : Croyez-vous que le Maroc aurait intérêt à être autonome concernant son agriculture, ou qu'il gagnerait à signer des protocoles d'accord avec différents pays ? * Eavan O'Halloran : Il faut avouer que pour le Maroc, la vraie croissance est dans l'exportation, le pays ne peut pas se contenter du marché local. Ainsi, il faudrait que le Maroc signe des accords de libre-échange avec différents pays, que ce soit les Etats-Unis, l'Europe ou autres. C'est incontournable. D'autre part, vu les potentialités du pays il pourrait négocier de très bons accords avec une valeur ajoutée importante. * F. N. H. : Pourquoi la Banque mondiale s'intéresse-t-elle au secteur de l'agriculture au Maroc ? Croyez-vous qu'il présente une bonne opportunité d'investissement ? * E. O'H. : Bien évidemment. Il faut rappeler que l'agriculture est un pilier important de l'économie marocaine et c'est aussi une source d'emplois et de revenus pour la population (au moins la moitié de la population). Donc, c'est un secteur où il faut absolument investir. La Banque mondiale estime qu'il existe plusieurs raisons pour investir dans l'agriculture: d'abord pour cibler la réduction de la pauvreté, réduire les inégalités entre les zones rurales et urbaines, et enfin c'est une vraie source de croissance où le Maroc détient un réel avantage compétitif sur le marché international, notamment pour les agrumes, les fruits et légumes. A mon avis, toutes ces raisons font qu'il faudrait investir dans ce secteur au Maroc. D'ailleurs, un investissement pareil est en adéquation avec la stratégie et le programme mis en place par la Banque mondiale pour le Maroc et qui œuvre à dynamiser l'emploi et à réduire les inégalités sociales, mais aussi à développer la croissance globale de l'économie. * F. N. H. : Comment la Banque mondiale peut-elle aider le Maroc à développer son agriculture réellement ? * E. O'H. : Pour le sectuer agricole, la Banque mondiale soutient amplement le plan Maroc Vert mis en place par le pays lui-même et nous estimons que c'est une stratégie visionnaire pour le secteur qui rassemble tous les acteurs tant du secteur public que celui du privé. Nous soutenons le plan sur plusieurs niveaux : financièrement, en assistance technique, au niveau des réformes, analyse, etc… Le programme de la Banque mondiale offre un accompagnement complet à tous les niveaux. Il faut toutefois souligner qu'elle n'intervient qu'à la demande du pays et qu'on est là aussi pour catalyser les partenariats public/privé. * F. N. H. : Quelles seraient les propositions de la Banque mondiale pour que le Maroc puisse profiter pleinement de son agriculture ? * E. O'H. : Pour que le Maroc puisse profiter au maximum de son potentiel agricole, il faut inclure les petits agriculteurs dans la chaîne de valeur. En les introduisant dans cette chaîne, ils participeront sûrement à la croissance du Maroc. Ceci augmentera les revenus et réduira les inégalités dans le monde rural. Et pour permettre au Maroc de moderniser le secteur agricole, ses services et sa promotion, il est impératif de passer par un partenariat public-privé. Représentant 15 % du PIB du Maroc et 23 % des exportations du pays, et employant près de la moitie de la population active, le secteur agricole et agroalimentaire (avec la sylviculture et la pêche) est l'un des piliers de l'économie marocaine. En zone rurale, il représente la principale source d'emplois et de revenus pour environ 80 % de la population active. Bien que la pauvreté rurale soit passée de 25 % en 2001 à 14 % en 2007, principalement en raison de l'effet combiné de l'augmentation de la valeur de la production agricole, la diversification de l'économie rurale et l'augmentation des transferts de fonds de Marocains résidant à l'étranger, la contribution à l'inégalité globale et à l'écart entre les conditions de vie dans les régions rurales et urbaines au Maroc est l'une des plus élevées de tous les pays de la région d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (MENA). D'où le besoin de faire plus… Malgré quelques progrès réalisés dans certains secteurs, le potentiel de croissance du secteur agricole et agro-alimentaire reste limité par le dualisme qui caractérise l'agriculture au Maroc. La grande majorité des 1,5 million d'exploitations agricoles sont des exploitations de semi-subsistance à faible productivité et qui se caractérisent par des produits de qualité inférieure et une intégration aux marchés limitée. Dossier réalisé par W. Mellouk & S. Zeroual